dimanche 11 mars 2018

Algérie : un mois de grève dans l’éducation. Un article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière


Algérie : un mois de grève dans l’éducation

En Algérie, du 31 janvier au 28 février, la grève s’est généralisée dans l’Éducation, en premier lieu dans les lycées et dans une moindre mesure les collèges et les écoles. Face à un secteur combatif et contestataire, le gouvernement a choisi d’engager un bras de fer, avec en ligne de mire le droit de grève dans tout le secteur public.
Se trouvant face à la chute des prix du pétrole, le pouvoir impose l’austérité et tente de mettre au pas tous les travailleurs, dans un contexte de contestation sociale qui touche d’autres secteurs comme celui de la santé.

Les enseignants réclament leur dû

C’est pour réclamer leur dû que les enseignants des wilayas (départements) de Bejaïa et de Blida se sont mis en grève fin 2017. De nombreux enseignants contractuels n’étaient pas payés depuis des mois, certains depuis près d’un an, et les changements d’échelon ne se traduisaient pas sur la feuille de paye. En l’absence d’une régularisation qui ne venait pas, la grève s’est généralisée à ces deux wilayas. À la mi-janvier, les responsables d’académie ont reconnu la situation et se sont engagés à la régulariser. Les enseignants avaient repris le travail, avec l’assurance que les ponctions sur salaire seraient étalées. Mais la ministre de l’Éducation, Nouria Benghabrit, a mis le feu aux poudres en imposant la ponction sur salaire en une seule fois.
Le principal syndicat du secondaire, le Cnapeste, a alors appelé le 30 janvier les enseignants de tout le pays à une grève illimitée en soutien à ceux de Blida et Bejaia ainsi qu’à leur plateforme, qui concernait toute la profession. Face au succès de la grève, la ministre l’a déclarée illégale. Une campagne de dénigrement s’est déversée contre les grévistes, accusés tour à tour d’être des privilégiés, avec des salaires deux fois supérieurs à la réalité, ou bien d’être manipulés par des islamistes, de vouloir déstabiliser le pays et de l’entraîner dans le chaos.
Malgré cette campagne de diabolisation de la grève, orchestrée par le gouvernement et relayée par tous les partis prétendument opposants démocrates mais férocement hostiles aux grévistes, la grève a connu un certain succès et s’est poursuivie les jours suivants. Si les mises en demeure envoyées aux enseignants ont amené certains d’entre eux à cesser la grève, la décision de la ministre de radier 19 000 enseignants n’a fait que l’élargir à des collègues jusque-là attentistes. C’est bien le droit de grève qui était en cause, accompagné d’une volonté de briser la combativité des enseignants et des autres travailleurs.
Dimanche 25 et lundi 26 février, dans plusieurs wilayas, des lycéens se sont mobilisés par solidarité avec leurs enseignants en grève.

La jeunesse lycéenne rejoint le mouvement

Des sit-in, des rassemblements et des manifestations spontanées, regroupant des cortèges de centaines voire de milliers de lycéens, ont eu lieu à Alger, à Boumerdès, Skikda, El-Oued, Aïn-Beida, Chlef, Oran… Des lycéens avaient préparé des banderoles, des slogans : « On veut le retour de nos enseignants licenciés ». Des rassemblements et sit-in se sont tenus devant les sièges des directions de l’éducation de wilayas ou dans les établissements scolaires. Des policiers n’ont pas hésité à frapper des lycéens ou à les embarquer au poste, mais ces tentatives d’intimidation n’ont pas semblé impressionner la jeunesse lycéenne.
Avec l’élargissement du mouvement et sa popularité grandissante auprès des travailleurs, qui comprenaient que l’enjeu était bien le droit de grève, le pouvoir a infléchi son discours. La ministre a invité le Cnapeste à négocier et à faire cesser la grève. Le Cnapeste a repris alors à son compte les menaces « de débordements dans la jeunesse » et les « risques sécuritaires » agités par la ministre. Celle-ci a annoncé que les enseignants radiés pouvaient reprendre leur poste et a renoncé à exiger des réintégrés un engagement signé à ne plus faire grève. Sauf à Blida, où 585 enseignants étaient toujours licenciés et refusaient de signer cet engagement.
Si le travail a repris, le mécontentement demeure. Les enseignants attendent les régularisations sur leur paye car, comme tous les travailleurs, ils font face à une inflation galopante. Ils restent attentifs à la manière dont les enseignants de Blida vont être réintégrés et ont le sentiment d’avoir su tenir tête à un gouvernement qui a voulu leur supprimer le droit de grève.

                                                Leïla Wahda (Lutte ouvrière n°2588)

Mai 68, rétrospective, avant 1968, 1967…


À la veille de Mai 1968, des grèves significatives

Mai 1968 n’a pas été le coup de tonnerre dans un ciel serein que beaucoup, même cinquante ans après, continuent de décrire. Si le mouvement étudiant a été le facteur déclenchant débouchant sur la grève générale, celle-ci avait été précédée, au moins depuis la fin de l’année 1966, par une série de grèves d’une autre nature que celles des années précédentes. Ces mouvements plus massifs, plus fréquents, sortant des cadres définis par les syndicats, étaient déjà le signe d’un accroissement de la combativité ouvrière.



Pendant des années, les appareils syndicaux, et d’abord le plus puissant, la CGT, qui revendiquait plus de deux millions d’adhérents et qui relayait la politique du PCF, avaient tout fait pour limiter l’expression du mécontentement ouvrier. Prenant prétexte qu’avec l’arrivée de De Gaulle il y avait un « pouvoir fort », ils avaient inventé des substituts à la grève : les grèves par secteur, divisées par atelier, par corporation. Et avec les grèves perlées, le ralentissement des cadences, supposées « faire mal au patron » et « ne pas coûter cher », ce n’était même pas la grève. Tout était fait pour que la classe ouvrière ne prenne pas conscience de sa force. Encore un peu plus isolé avec de Gaulle, le PCF voulait sortir de son ghetto en se montrant responsable de l’ordre social. Les militants staliniens du PCF et de la CGT pouvaient être combatifs, mais l’appareil leur avait appris à ne tolérer aucune voix indépendante.
Mais, en cette fin des années 1960, une génération de jeunes ouvriers entrée dans les usines tendait à échapper à l’emprise des appareils syndicaux et avait envie d’en découdre. Ces jeunes travailleurs avaient grandi dans le contexte de la guerre d’Algérie et du gaullisme, au pouvoir depuis 1958. Les partis de gauche, responsables puis complices de la répression coloniale, s’étaient considérablement déconsidérés aux yeux des plus révoltés. Puis il y avait le contexte international : la lutte des Noirs aux États-Unis et les manifestations contre la guerre du Viêt-Nam partout dans le monde. Tout cela forgeait dans une partie de la jeunesse étudiante et ouvrière un esprit contestataire rejetant les cadres de la société, l’autorité patronale et même celle des appareils syndicaux.
Le 25 février 1967, chez Rhodiaceta à Besançon, la grève éclate contre le chômage par roulement imposé par la direction. Cette grève est portée par un dirigeant de la CFDT très apprécié, Castella, qui prend de court l’appareil de la CGT. À son initiative, 3 000 ouvriers arrêtent la production et occupent leur usine, ce qui n’est pas arrivé depuis des dizaines d’années, et qui rappelle Juin 1936. Sur les murs, les grévistes écrivent : « Ici finit la liberté, ici commence l’esclavage ». Leur combativité fait tache d’huile. Le 28, la grève s’étend aux 7 200 travailleurs des sites de Lyon-Vaise. Des piquets de grève se tiennent jour et nuit. À Vaise, plus qu’à Besançon, la CGT réussit à cadrer le mouvement.
Après plus de trois semaines de grève, contre la volonté des grévistes et après avoir isolé les secteurs les plus combatifs, les syndicats signent un accord de reprise à l’échelle du groupe avec une augmentation de salaire de 3,8 %, en dessous des 5 % revendiqués. Dans plusieurs sites, les travailleurs retournent travailler la rage au cœur, en jetant leurs cartes et leurs insignes syndicaux.

Après Rhodiaceta, Berliet et les Chantiers de Saint-Nazaire

Le 14 mars, à l’usine Berliet de Vénissieux près de Lyon, une large majorité des 12 000 travailleurs se mettent en grève, inspirés par l’exemple de Rhodiaceta. Le lendemain, dans la nuit, plusieurs centaines de CRS cernent l’usine pour déloger des ouvriers qui occupent une partie de leur atelier. L’usine est lockoutée pendant douze jours, puis c’est la reprise encadrée par les appareils syndicaux. Côté patronat, la méthode du lockout, déjà utilisée lors de précédentes grèves, va se généraliser.
Ainsi, à Saint-Nazaire, depuis le 1er mars 1967, 3 200 travailleurs de la métallurgie de plusieurs usines de la région sont en grève. Les plus nombreux sont ceux des chantiers navals, où la tradition de lutte est forte et où, en plus de la CGT, le syndicat FO tenu par des militants se revendiquant de l’anarcho-syndicalisme a de l’influence. Ces « mensuels », payés au mois, sont des employés, des techniciens, des dessinateurs industriels ou des membres du petit encadrement. Ils réclament le rattrapage de leurs salaires et leur alignement sur ceux de Paris. Des manifestations ont lieu à Saint-Nazaire et à Nantes, mais ni la CGT ni FO ne cherchent à élargir la grève aux autres travailleurs, les « horaires », payés à l’heure. Au contraire, CGT, FO et CFDT laissent entendre que le fait que les horaires ne soient pas en grève empêche le patron de lockouter. Et pourtant, après trois semaines de grève des mensuels, les patrons ferment les chantiers, mettant de fait les horaires dans le mouvement. De nouvelles manifestations ont lieu, avec plus de 10 000 travailleurs. Mais la séparation entre mensuels et horaires est soigneusement maintenue par les syndicats, qui organisent des assemblées générales séparées et parfois des parcours de manifestation séparés. La grève dure deux mois. Des augmentations de salaire sont concédées, mais bien en dessous de ce pour quoi les grévistes se sont battus.
Toutes ces grèves montrent que quelque chose change dans le monde ouvrier. Le 3 avril, l’éditorial des bulletins d’entreprises Voix Ouvrière a pour titre « La classe ouvrière passe-t-elle à l’offensive ? »
La journée d’action du 17 mai est particulièrement réussie. FO y participe. Cette journée est une réponse aux pleins pouvoirs qui viennent d’être votés au gouvernement Pompidou, qui prévoit de s’attaquer à la Sécurité sociale par ordonnances. Mais elle reste sans lendemain et la simple présence d’une banderole des travailleurs de Roussel-Uclaf de Romainville, réclamant une suite, met en rage le service d’ordre de la CGT.
Il n’y a pas qu’en métropole que la contestation ouvrière s’exprime. Le 26 mai 1967, en Guadeloupe, alors que 5 000 ouvriers du bâtiment sont en grève, 2 000 d’entre eux s’affrontent aux CRS, qui tirent dans la foule, tuant plusieurs ouvriers. Après plusieurs journées d’émeutes et une chasse à l’homme, des dizaines d’ouvriers sont arrêtés.

L’influence des luttes paysannes

La colère de la petite paysannerie éclate aussi dans plusieurs villes, notamment à la fin 1967. Les manifestations des paysans s’affrontant avec les CRS contrastent avec le ronron des grandes mobilisations syndicales ouvrières. Des travailleurs, notamment dans les régions où ouvriers et paysans sont proches, vont en être influencés.
En octobre 1967, au Mans, les ouvriers de Renault s’opposent aux CRS pendant plusieurs heures. Le 23 janvier 1968, ce sont 4 800 ouvriers de la Saviem de Caen qui entament une grève pour 6 % d’augmentation. Quand le préfet envoie des CRS, des barricades sont montées pour défendre l’entrée de l’usine. Deux jours plus tard, le 26 janvier, une manifestation regroupant près de 10 000 personnes débouche sur une nuit d’émeute, où les ouvriers de la Saviem, ceux d’autres usines et aussi une centaine d’étudiants affrontent les CRS. Sur les 83 manifestants arrêtés, la moitié ont moins de 22 ans. Quelques semaines plus tard, c’est à Redon, en Bretagne, lors d’un mouvement local sur les salaires, que les jeunes ouvriers vont se battre contre les CRS.
Ces épisodes restent cependant isolés, et personne n’y voit les prémisses d’une explosion sociale généralisée. Un journaliste du Monde, Pierre Viansson-Ponté, peut même écrire le 14 mars un article intitulé « Quand la France s’ennuie… » En réalité, la contestation couve en profondeur. Un mois et demi plus tard démarre le mouvement étudiant, puis quinze jours après, la grève générale. Comme Marx l’avait écrit à propos de la révolution de 1848, « Bien creusé, vieille taupe ! »

                                           Pierre ROYAN (Lutte ouvrière n°2588)

samedi 10 mars 2018

Espagne : la grève générale au féminin


Elles montrent la voie : celle de la lutte collectivre

 
... Pour l'Egalité
Des millions de personnes se sont mobilisées en Espagne ce 8 mars, en participant massivement à une grève générale et aux manifestations à Madrid et Barcelone et dans toutes les grandes villes du pays. Il s’agissait, entre autre de protester contre les écarts de salaires, de l’ordre de 15% à poste égal, la multiplication des emplois précaires comme le harcèlement ou contre les violences faites aux femmes, contre le machisme ambiant. En donnant de la voix, ces femmes montrent la voie : celle de la lutte collective.

Argenteuil, une « Maison des femmes » en déshérence


Assez ! Il faut les effectifs nécessaires




Le 8 mars, nous sommes allés saluer les agents territoriaux de la « Maison des femmes » rue Defresne-Bast. En guise d’agents de la Ville, il y avait seulement une seule employée qui doit avoir bien du courage pour faire face, et dans la solitude.
         Cette situation est bien à l’image de ce que nous disions à propos de cette Journée internationale de lutte pour les droits des femmes ». La municipalité n’a certes pas supprimé cette structure, mais la laisse depuis des mois à l’abandon, quoiqu’en pense l’adjoint chargé du secteur. Il s’y intéresse peut-être lui-même, mais la municipalité, pas, la preuve ! Certes quelques activités hebdomadaires continuent à s’y tenir, mais ce n’est pas elles qui peuvent faire vivre un lieu qui a plus que jamais sa raison d’être mais qui a besoin d’effectifs à la hauteur des nécessités.
         A tous ceux pour qui le combat des femmes est essentiel de voir comment faire pour qu’un terme soit mis à cette situation calamiteuse.

Argenteuil, défense de Jean Vilar, « projet Héloïse »


Ses désirs pour la réalité



Selon la livraison d’hier du Parisien-95, le maire d’Argenteuil prétend que la réalisation du projet Héloïse avance : « …Les choses vont avancer. Le permis de construire va être déposée avant l’été. »
         Chacun a le droit de prendre ses désirs pour la réalité. Georges Mothron oublie-t-il déjà qu’il a demandé au promoteur des « modifications substantielles » que lui-même devra juger sur pièce avant de considérer qu’elles sont pour lui suffisantes ? Oublie-t-il qu’une enquête publique sur l’aspect « environnemental » de la question doit avoir lieu, et qu’elle est un préalable à toute étude du permis de construire ? Oublie-t-il que nous sommes en mars, et que l’été approche ?
         Oublie-t-il tout cela, emporté par la célèbre méthode Coué qui n’a jamais donné de bons résultats dans la réalité ?

Agriculteurs, retraités, Macron contre eux dans les moindres détails


Au service des riches jusqu’au bout

 
Leur champ... de préoccupations : les riches

Le gouvernement cherche à empêcher le vote au Sénat d’une mesure prise par les députés de l’ancienne majorité, qui permet aux agriculteurs retraités d’avoir une pension de 85 % du smic agricole au lieu de 75 % actuellement. Cela coûterait 400 millions, une dépense que le gouvernement veut repousser au mieux jusqu’en 2020, voire indéfiniment.
Une fois de plus, toute dépense qui n’est pas à destination des plus riches n’est pas concevable pour lui.

Mayotte, Comores, sur fond de misère, ne pas se diviser. Un article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière de cette semaine.


Mayotte : la misère et ses conséquences

Lundi 5 mars, Mayotte est entrée dans sa troisième semaine de grève générale contre l’insécurité, et de nouveaux barrages routiers ont été érigés aux points clés de l’île.
À l’origine de ce mouvement, il y a les agressions qui ont eu lieu dans plusieurs lycées, où des jeunes sont entrés armés de bâtons et de machettes. Au lycée de Kahani, le personnel n’a toujours pas repris le travail et, comme dans les autres établissements, les enseignants et les agents protestent contre la dégradation de leurs conditions de travail, qui n’est pas seulement due aux violences. Ils demandent des moyens supplémentaires, notamment en personnel, pour faire face à la hausse du nombre d’élèves qui est de 80 % sur dix ans.
Le 20 février, à l’initiative des syndicats des enseignants et des agents de l’Éducation nationale, un peu plus d’un millier de personnes ont défilé dans les rues de la capitale. Dans la manifestation, il y avait aussi des chauffeurs de bus, en droit de retrait depuis près d’un mois, et un collectif d’associations de Mayotte. On entendait des slogans comme : « Y en a ras le bol de ces guignols qui laissent la violence rentrer dans les écoles ». Le 23, les chauffeurs de bus ont durci leur action en menant des opérations escargot depuis 3 heures du matin au nord, au centre et au sud de l’île, paralysant la circulation et bloquant en partie l’économie jusqu’à midi.
Devant le service des étrangers, des manifestants issus du collectif d’associations s’en sont pris aux Comoriens, qu’ils accusent d’être les principaux auteurs de violences.
Les syndicats d’enseignants, la FSU, la CGT se sont alors désolidarisés des autres groupes, notamment du collectif des associations de Mayotte. La CGT Éduc’action a ainsi déclaré qu’elle « refuse que ce mouvement social unitaire soit l’objet d’une quelconque forme de récupération et ne souhaite, en aucun cas, s’associer à des actions stigmatisant une partie de la population ».
De son côté, le syndicat patronal, la Capeb, dit soutenir le mouvement contre l’insécurité et appelle le préfet et le gouvernement à agir, car les artisans et les petits commerçants sont concernés par des violences, comme les braquages. Mais ils ne se sont pas publiquement désolidarisés des événements anti-Comoriens.
Les maires ont décidé de fermer les portes de l’ensemble des hôtels de ville de l’île à partir du 5 mars « de manière illimitée ». Ils sont déterminés à poursuivre le mouvement tant que le président de la République, « ou à défaut le ministre de l’Intérieur », ne se déplacera pas pour rencontrer la population en colère. Ils ne se satisfont pas des propos de la ministre des Outre-mer, Annick Girardin, sur la création d’une zone de sécurité prioritaire et l’envoi d’escadrons de gendarmerie.
De son côté Laurent Wauquiez, venu prêter main-forte au candidat LR à l’élection législative partielle du 18 mars, a déversé sa bile sur les immigrés, tout en déclarant Mayotte « abandonné par le gouvernement, dans une situation qui n’est plus acceptable pour les mahorais », ajoutant : « Aucun autre département de France n’accepterait ce qui se passe ici. »
Quant à Jean-Hugues Ratenon, député de La Réunion inscrit au groupe de La France insoumise, venu soutenir un de ses candidats, il appelle à arrêter l’immigration et à renforcer les forces de répression à Mayotte.
Dans l’île, sur une population de 256 000 habitants, plus de 40 % des adultes sont de nationalité comorienne, dont la moitié en situation irrégulière. C’est l’impérialisme français qui a créé cette division entre ceux qui ont les bons papiers et les autres, en faisant de l’île de Mayotte un territoire français isolé dans l’archipel des Comores. Le reste des Comores et leur population sont laissés dans la misère. Logiquement, les Comoriens tentent donc de gagner Mayotte qui, au fond, est aussi leur pays, espérant y trouver une vie meilleure.
Le chômage touche 29 % de la population mahoraise, dont 43 % chez les jeunes, et certains individus ou des groupes organisés comme le collectif des associations de Mayotte attisent la haine. Aux classes populaires mahoraises qui peinent à trouver du travail, un logement décent et à se faire soigner correctement, ils désignent les Comoriens comme responsables de tous leurs maux. Ainsi ils détournent les travailleurs et les pauvres des véritables responsables du chômage, des bas salaires, de la vie chère, qui sont les capitalistes mahorais, français ou étrangers, qui s’enrichissent sous la protection des différents gouvernements.
Il est essentiel que les exploités ne se laissent pas diviser. Pour défendre leurs conditions de vie, pour combattre les patrons qui les exploitent, ils ont besoin au contraire d’affirmer leur solidarité, comme l’ont fait les enseignants mobilisés.

                                      Émile GRONDIN (Lutte ouvrière n°2588)