jeudi 12 octobre 2017

Editorial de Lutte ouvrière de ce jeudi 12 octobre 2017


Travailleurs du public et du privé, se défendre tous ensemble ! 


Face aux travailleurs de GM&S venus défendre leur emploi, Macron a une nouvelle fois affiché son mépris de classe. Il y a un mois, il s’en prenait aux « fainéants ». Aujourd’hui, il s’en prend à ceux qui manifestent et sont accusés de « foutre le bordel ». Pour ce représentant du patronat, les travailleurs devraient se laisser exploiter et licencier sans protester ! Des propos tenus loin des travailleurs, qui ont trouvé face à eux des CRS et des gaz lacrymogènes.
Mais ceux qui « foutent le bordel » dans la société, ce sont les capitalistes et tous ceux qui, comme Macron, servent leurs intérêts à l’Élysée et dans les ministères.
GM&S est un sous-traitant de Peugeot et de Renault. Ces deux constructeurs automobiles sont directement responsables des licenciements qui touchent 157 travailleurs, sur un effectif total de 277 salariés. Les profits de Peugeot et de Renault atteignent des niveaux record, plus de 5 milliards d’euros, soit l’équivalent de dizaines de milliers d’emplois. Mais les dirigeants de ces groupes veulent en faire encore plus.
Les entreprises du CAC 40, parmi les plus riches du pays, ont réalisé plus de 50 milliards de bénéfices sur les six premiers mois de l’année. Plus de 40 milliards d’euros de dividendes ont été distribués aux actionnaires, un record depuis 2006 ! Mais ces profits ne tombent pas du ciel, ils sont produits par l’exploitation des travailleurs, par la suppression de milliers d’emplois, par l’accroissement incessant des rythmes et des charges de travail et par les salaires bloqués.
Pour permettre aux riches, aux propriétaires de yachts et autres signes extérieurs de richesses, d’augmenter encore leur fortune, Macron leur a ouvert les caisses de l’État : plus de 3 milliards vont leur être donnés avec la réforme de l’ISF ! Et surtout, il a servi au patronat la réforme du Code du travail dont ils rêvaient en faisant sauter les quelques barrières légales qui garantissaient des droits collectifs aux travailleurs.
Décidées depuis le sommet de l’État et dans les conseils d’administration des entreprises, les attaques se poursuivront tant que les travailleurs ne s’y opposeront pas.
Les routiers viennent de montrer qu’il est possible de faire reculer le gouvernement. Avec les ordonnances sur le Code du travail, leurs primes, leur treizième mois et leurs frais de déplacement auraient pu être décidés au niveau des entreprises. Les routiers pouvaient craindre à juste raison des baisses de revenu pouvant atteindre 1 200 euros. En se mobilisant, ils ont imposé au patronat du secteur et au gouvernement la signature d’un accord qui garantit le maintien de leur rémunération.
Ce recul est un encouragement pour tous les travailleurs.
Le 10 octobre, les salariés de la fonction publique étaient appelés à faire grève et à manifester contre le blocage des salaires, les 120 000 suppressions de postes programmées et la dégradation de leurs conditions de travail. Les salariés du public ont raison de se défendre et l’ensemble des travailleurs ont toutes les raisons de refuser la dégradation de l’école, des hôpitaux et des services publics.
Dans des entreprises du privé, dans les transports, à la SNCF, des syndicats avaient appelé à se mobiliser le même jour que les fonctionnaires. Dans de nombreuses villes, salariés du public et du privé ont défilé ensemble. Les travailleurs sont tous attaqués et ils devront se battre tous ensemble pour mettre un coup d’arrêt à l’offensive conjointe du gouvernement et du patronat.
La CGT a appelé à une nouvelle journée d’action nationale le 19 octobre. Elle a raison, car il est indispensable que toutes les mobilisations en cours se retrouvent dans un mouvement d’ensemble. Une telle journée est indispensable pour que les travailleurs reprennent confiance dans leur force collective et leur capacité à rendre les coups.
Il faut tout faire pour que cette journée de mobilisation soit réussie.
Malgré ses rodomontades, comme bien d’autres gouvernements au service de la bourgeoisie avant lui, Macron sera contraint de reculer si les travailleurs se mobilisent dans un combat commun.


Paris : Manifestation de la fonction publique


Géant Casino Nevers, offensive patronale pour le travail du dimanche, un débrayage réussi



Une information qui intéressera particulièrement les travailleurs du Géant-Casino, de Côté Seine à Argenteuil



Non au travail du dimanche

Pour protester contre la volonté de la direction de les faire travailler le dimanche matin, plusieurs dizaines de salariés de Géant Casino – en grande majorité des femmes – ont débrayé pendant une heure mardi 10 en fin de matinée. Défilant en cortège derrière une banderole et lançant un slogan : « En famille, le dimanche », elles ont remonté toute la galerie marchande pour sortir par la porte principale sur le parking.
         Elles sont les seules encore, avec leurs collègues du Leclerc à Coulanges et Carrefour à Marzy, à ne pas encore être soumises au travail du dimanche. Déjà elles ont dû travailler certains jours fériés.
         Elles étaient heureuses de se retrouver si nombreuses et déterminées à montrer au patron ce qu’elles pensaient de sa proposition. Un tract était distribué aux clients qui arrivaient. D’autres mouvements pourraient avoir lieu si la direction ne revient pas sur sa décision !



Argenteuil, conseil municipal du 10 octobre, premiers éléments


Quelques éléments. A suivre.
 

Lorsque l'on veut justifier l'injustifiable

Dans la réponse faite par Georges Mothron à la question du Comité Jean Vilar sur le « projet Héloïse », le maire indique que la grande surface alimentaire pressentie offrira une gamme plus abordable que celle présentée par celle du Géant Casino de Côté Seine.
         Nous ne développerons pas sur les prix pratiqués par ce dernier magasin, mais si la situation évoquée est celle de la réalité, la déclaration de Georges Mothon équivaut à une mort annoncée. Et la fermeture du Géant Casino sonnerait à son tour le glas de l’ensemble de Côté Seine.
         Un centre commercial en plus pour un centre commercial en moins, c’est ce que cherche la municipalité d’Argenteuil ?
         C’est sans doute pour cela que lorsqu’elle avait annoncé la vente du terrain public Jean Vilar, jamais il n’avait été question de l’installation d’une grande surface alimentaire.  

Petite leçon de morale d’un « chef »

De la même façon, le maire d’Argenteuil émet des réflexions à l’emporte-pièce qu’il devrait garder pour lui.
         Dans la discussion sur l’état de la police municipale, il a reproché à son prédécesseur la « qualité » du chef de la police recruté par ce dernier. En avançant le raisonnement suivant (les termes ne sont pas forcément ceux prononcés, mais le fond l’est, lui, sans contestation) : « Il en est de même à l’Education nationale. Si le principal est mauvais, le travail des enseignants du collège l’est tout autant, et si dans un lycée, le proviseur n’est pas bon, il en va de même pour la qualités de professeurs de son lycée » !
         Oui, très court. Nous savons que Georges Mothron n’a pas une empathie formidable pour les enseignants, en tout cas, de l’école publique.
         Mais qu’il sache, que lorsque la qualité du « chef » n’y est pas, cela entrave certes le travail de tous, mais n’empêche ni le travail des « subordonnés » et leur réussite !

 

Aux dépens de la population

L’annonce du « tableau des effectifs », a confirmé que les effectifs des travailleurs communaux avaient bien chuté entre 2014 et aujourd’hui de plus de 300 travailleurs. Dans le même temps, le nombre de travailleurs  contractuels, lui, a atteint le seuil qui était le sien à l’issue du premier mandat du maire actuel en 2008. Le municipalité suivante avait titularisé, elle, de son côté, plus de 500 de ces travailleurs précarisés.
         Ces deux éléments sont en soi déjà tout un symbole de la régression des services offerts par la Ville.
         Mais qu’ils soient annoncés avant-hier soir en était un double, le jour où des centaines de milliers de travailleurs manifestaient en particulier pour la défense des services publics utiles et nécessaires pour la population.

 

Vous pouvez retrouver de nombreux éléments sur le conseil municipal d’Argenteuil de mardi soir sur le site « Engagés pour Argenteuil » et le compte-rendu pris sur place par Frédéric Lefebvre Naré.

Révolution russe (32) : Lenine et l’insurrection, mi-septembre 1917


Au mois d’août dernier, nous avions repris jour après jour le feuilleton paru depuis des mois dans notre hebdomadaire Lutte ouvrière sous le titre « Russie 1917 : La Révolution au fil des semaines »…Dernier article abordé : Début septembre : l’irrésistible progression des bolchéviks dans les soviets. Nous reprenons le fil de ce feuilleton. 


Mi-septembre : les lettres de Lénine sur l’insurrection

 À la mi-septembre, les bolcheviks avaient gagné une influence considérable dans les soviets. L’idée que le pouvoir devait passer aux soviets progressait parmi les masses qui prenaient conscience, à travers tout le pays, que leurs revendications vitales, au sens propre, ne pourraient être satisfaites par le gouvernement provisoire. Ce dernier avait convoqué une Conférence démocratique qui se réunit à partir du 14 septembre, pour tenter de reconstituer une autorité, la plus éloignée possible des soviets et de l’influence des bolcheviks. Durant cette période, Lénine, encore contraint à la clandestinité, envoya deux lettres au comité central du parti, pour défendre l’idée que la situation était mûre pour l’insurrection et la prise du pouvoir.
Dans sa première lettre, Les bolcheviks doivent prendre le pouvoir, écrite entre le 12 et le 14 septembre, Lénine écrivait : « Ayant obtenu la majorité aux soviets des députés ouvriers et soldats des deux capitales, les bolcheviks peuvent et doivent prendre en main le pouvoir. Ils le peuvent, car la majorité agissante des éléments révolutionnaires du peuple des deux capitales suffit pour entraîner les masses, pour vaincre la résistance de l’adversaire, pour l’anéantir, pour conquérir le pouvoir et le conserver. Car, en proposant sur-le-champ une paix démocratique, en donnant aussitôt la terre aux paysans, en rétablissant les institutions et les libertés démocratiques foulées aux pieds et anéanties par Kerenski, les bolcheviks formeront un gouvernement que personne ne renversera. La Conférence démocratique ne représente pas la majorité du peuple révolutionnaire, mais seulement les dirigeants petits-bourgeois conciliateurs. La Conférence démocratique trompe la paysannerie, car elle ne lui donne ni la paix ni la terre. »
Lénine développait cette idée dans Le marxisme et l’insurrection, qu’il fit parvenir au comité central bolchevique le 15 septembre : « Pour réussir, l’insurrection doit s’appuyer non pas sur un complot, non pas sur un parti, mais sur la classe d’avant-garde. Voilà un premier point. L’insurrection doit s’appuyer sur l’élan révolutionnaire du peuple. Voilà le second point. L’insurrection doit surgir à un tournant de l’histoire de la révolution ascendante, où l’activité de l’avant-garde du peuple est la plus forte, où les hésitations sont les plus fortes dans les rangs de l’ennemi et dans ceux des amis de la révolution faibles, indécis, pleins de contradictions. Voilà le troisième point. Telles sont les trois conditions qui font que, dans la façon de poser la question de l’insurrection, le marxisme se distingue du blanquisme.
Mais, dès lors que ces conditions se trouvent remplies, refuser de considérer l’insurrection comme un art, c’est trahir le marxisme, c’est trahir la révolution.
Pour prouver qu’en ce moment précisément le parti doit de toute nécessité reconnaître que l’insurrection est mise à l’ordre du jour par le cours objectif des événements, qu’il doit traiter l’insurrection comme un art, pour prouver cela, le mieux sera peut-être d’employer la méthode de comparaison et de mettre en parallèle les journées des 3 et 4 juillet et les journées de septembre. Les 3 et 4 juillet, (…) les conditions objectives pour la victoire de l’insurrection n’étaient pas réalisées.
1) Nous n’avions pas encore derrière nous la classe qui est l’avant-garde de la révolution. Nous n’avions pas encore la majorité parmi les ouvriers et les soldats des deux capitales. Aujourd’hui, nous l’avons dans les deux soviets. Elle a été créée uniquement par les événements des mois de juillet et d’août, par l’expérience des répressions contre les bolcheviks et par l’expérience de la rébellion de Kornilov.
2) L’enthousiasme révolutionnaire n’avait pas encore gagné la grande masse du peuple. Il l’a gagnée aujourd’hui, après la rébellion de Kornilov. C’est ce que prouvent les événements en province et la prise du pouvoir par les soviets en maints endroits.
3) Il n’y avait pas alors d’hésitations d’une amplitude politique sérieuse parmi nos ennemis et parmi la petite-bourgeoise incertaine. Aujourd’hui, ces hésitations ont une grande ampleur (…).
4) C’est pourquoi, les 3 et 4 juillet, l’insurrection aurait été une faute : nous n’aurions pu conserver le pouvoir ni physiquement ni politiquement (…).
Aujourd’hui la situation est tout autre. Nous avons avec nous la majorité de la classe qui est l’avant-garde de la révolution, l’avant-garde du peuple, capable d’entraîner les masses. »



mercredi 11 octobre 2017

Argenteuil, grève, manifestation et un conseil municipal très loin du vécu des habitants


Une bonne journée d’activité militante

J’avais évoqué hier le programme de ma journée militante. Autant en faire un bilan.

A 9 heures 30, assemblée de grévistes de l’Education nationale d’Argenteuil

Une vingtaine d’enseignants des écoles primaires, des collèges et des lycées de la Ville. Bien des problèmes à faire partager : la fermeture inadmissible d’une classe à l’école Paul Eluard 1 du Val Nord, des effectifs qui crèvent les plafonds aux collèges Camus et Eugénie Cotton, le manque d’AVS pour les élèves handicapés inclus dans les classes, et la suppression des 245 postes d’EVS, soutiens essentiels aux directions d’école, le très grand nombre d’enseignants contractuels non formés… Des situations dramatiques pour une commune très populaire telle Argenteuil.
         Des problèmes locaux à resituer dans l’offensive générale contre les services publics utiles à la population et contre l’ensemble du monde du travail, du privé comme du public.
         Une première rencontre. D’autres suivront. 

Une très belle manifestation
















A 14 heures, une très belle manifestation, au vu du nombre de manifestants et de l’ambiance. Des groupes de travailleurs d’entreprises privées, certes peu nombreux, mais très remarqués. Un cortège de ville important, celui d’Ivry-sur-Seine, massif, conduit par son maire et des conseillers, affirmant la nécessité de la défense des services publics. 

Un conseil municipal… très loin de la vie des habitants

Le soir, un rapide conseil municipal, sur lequel nous reviendrons dans les jours qui viennent. Sa rapidité et la très faible participation dans les tribunes sont deux signes que l’activité de la municipalité (en tout cas ce qui se discute lors de ces conseils) est bien loin des problèmes et des préoccupations de la population. Ainsi, le maire s’est auto-satisfait de la rentrée scolaire à Argenteuil, d’autant que, selon lui, le directeur de l’académie,  venu à Argenteuil le jour de la rentrée, l’était aussi… Ce que nous disions plus haut sur notre matinée montre ce qu’il en est dans la réalité. Ce conseil municipal a confirmé une nouvelle fois le décalage entre le quotidien vécu par les Argenteuillais, et le train de train de notables installés dans leur bulle.  

Ces moments ont été entrecoupés par deux temps de rencontre avec les habitants pour faire signer la « pétition pour la défense de Jean Vilar », l’occasion de riches discussions et de rencontrer la vraie vie.

Nathalie ARTHAUD dans la manifestation des fonctionnaires à Paris, interview sur BFM-TV

Argenteuil Semperit : vive la lutte des travailleurs


Vive les travailleurs de Semperit




La grève et l’occupation sont terminées chez Semperit. Les salariés ont voté ce lundi, à la majorité, la dernière proposition de leur direction A l’issue de la fermeture de l’usine prévue d’ici à la fin de l’année, les 64 salariés partiront avec une indemnité de licenciement allant de 20 000 à 50 000€ selon l’ancienneté et une période de « reclassement » de douze mois maxi durant lesquels ils toucheront 80 % de leur salaire brut.
         Les travailleurs de Semperit, depuis juin dernier, se sont mobilisés comme ils l’ont pu contre la fermeture de leur usine. Ils obtiennent une indemnité de départ bien supérieur au minimum, il est vrai totalement dérisoire, prévu par la loi, mais sans rapport avec ce que la multinationale Semperit devrait payer pour « atteinte à l’avenir des travailleurs licenciés et de leurs familles ».
         Pendant ces trois mois, nous les avons rencontrés, nous avons été à leur côté. Certains de ces travailleurs ne sont pas loin du départ à la retraite. D’autres, nous les croiserons dans les luttes futures pour imposer l’interdiction des licenciements, les embauches massives partout tellement nécessaires, bref pour que le Capital arrête de faire sa loi, sur le dos des prolétaires.