Contestation des rythmes
scolaires : l'arbre ne doit pas cacher la forêt
La réforme des rythmes
scolaires cristallise autour d'elle le mécontentement des parents d'élèves, du
personnel de l'Éducation nationale et des municipalités qui doivent faire face
à une hausse de leurs charges. Décidée et appliquée à la va-vite, sans les
moyens humains et financiers nécessaires pour l'accompagner, elle n'est
effectivement pas satisfaisante. Mais elle ne doit pas faire oublier que c'est
l'ensemble des conditions d'enseignement qui subit une dégradation constante,
due en grande partie aux coupes qui ont été réalisées ces dernières années dans
les effectifs.
Quatre jours, quatre jours et
demi, cinq, ou plus ? La semaine de travail des enfants varie selon l'époque et
le pays. Mais de toute façon, même pour des spécialistes de l'enfance, il n'est
guère possible de définir un rythme idéal en faisant abstraction des conditions
dans lesquelles se pratique l'enseignement. Et avant de proposer des réformes
en trompe-l'oeil, il faudrait déjà commencer par donner les moyens humains et
matériels nécessaires au meilleur des enseignements, là où se joue l'avenir des
enfants.
Or, alors qu'il y a une poussée
démographique au rythme de quelque 800 000 naissances par an, l'Éducation nationale
a vu ses effectifs fondre sous les années Sarkozy, avec la suppression de 80
000 postes en cinq ans. Peillon, l'actuel ministre de l'Éducation nationale,
s'était engagé à en recréer 10 000 à la dernière rentrée : il n'y en a eu que 7
500, dont moins de la moitié pour le primaire. Et ces créations ne
correspondent pas toutes à des enseignants supplémentaires : un certain nombre
concernent la titularisation de professeurs déjà en place ou la transformation
de postes provisoires en postes définitifs. La conséquence en est une surcharge
des classes et des locaux, surtout dans les zones populaires, ce qui contribue
à l'énervement et la fatigue de tous, enseignants, élèves, personnel de
surveillance et de cantine.
L'ensemble des syndicats
enseignants du primaire appellent à une journée nationale de grève le jeudi 14
novembre contre les nouveaux rythmes scolaires. Cette journée de mobilisation
est amplement justifiée. Mais pourquoi la limiter à la seule revendication des
rythmes scolaires ? Ce serait chasser le leurre au lieu du gibier. Si les
grévistes et les manifestants sont nombreux ce jour-là ou lors d'autres
mouvements, le ministre peut toujours faire machine arrière sur quelques
aspects de la réforme des rythmes scolaires, sans que cela mette un frein à la
dégradation générale.
Il est indispensable de
recruter tout le personnel manquant dans les écoles. La grève du 14 novembre
dans le primaire doit être une première étape dans ce sens.
Marianne LAMIRAL