mercredi 25 juillet 2012

Incendie du port de Gennevilliers :Risque « Seveso seuil haut » : que font ces sites non loin de zones urbanisées ?


Un incendie a menacé hier les dépôts pétroliers Total du port de Gennevilliers classés « Seveso seuil haut » selon un responsable.
     Ce site était sur la sellette lors du dernier Conseil municipal d’Argenteuil de fin juin. Il s’agissait de donner l’avis de la municipalité d’Argenteuil sur un « projet de Plan de Prévention des Risques Technologiques du dépôt pétrolier TOTAL RAFFINAGE MARKETING. Nous rappelons ici la prise de position des élus de Lutte Ouvrière d’Argenteuil, un avis que vient conforter l’incendie d’hier : « La loi fait obligation d’élaborer un tel plan dans le cas de sites potentiellement à risques. L’avis demandé ce soir sera joint au dossier de la prochaine enquête publique.
     On ne peut bien évidemment pas récuser un tel plan. Mais je tiens à souligner à cette occasion qu’il serait préférable d’envisager la disparition du risque lui-même.
     Il s’agit d’un simple dépôt, et non d’un site industriel où la question des emplois pourrait se poser. Ce ne serait pas la première fois qu’une entreprise aussi florissante que Total supprimerait un tel dépôt. Ce ne sont pas les espaces qui manquent, hors de proximité de zones urbaines, où l’on pourrait « limiter le nombre de personnes exposées aux risques ».
     Nous nous étions abstenus sur cette demande d’avis, d’autant plus que le texte de la délibération de la municipalité d’Argenteuil elle-même exprimait un certain nombre de réserves.

mardi 24 juillet 2012

Peugeot : stop au chantage


Après avoir annoncé 8 000 suppressions d’emplois, PSA passe à la deuxième partie de son plan : le chantage sur les pouvoirs publics et sur les salariés. Selon la direction de PSA, l’usine de Sevelnord serait « sauvée » grâce à un accord conclu avec Toyota pour faire produire de nouveaux véhicules sur ce site. Mais pour cela, PSA demande des aides publiques, et veut imposer aux ouvriers encore davantage de flexibilité, le gel des salaires, la perte de journées de congé, et la « mobilité » dans les autres usines du groupe. S’ils refusent, PSA menace de faire fabriquer le nouveau véhicule dans son usine de Vigo en Espagne.
     PSA, autrement dit la famille Peugeot, comme les autres capitalistes, veut faire régner sa loi en s’appuyant sur la crainte du chômage. Mais ces « braqueurs » oublient une chose : de Vigo à Sevelnord, les ouvriers qui produisent les profits des actionnaires ont les moyens de faire stopper le chantage en stoppant la production.

PSA : nos voisins ou d’ailleurs, ensemble, faisons reculer nos exploiteurs


430 salariés de PSA Aulnay habiteraient le 95. Sur Argenteuil, nous en connaissons un certain nombre d’entre eux.
     Ce n’est pas seulement parce qu’ils habitent parmi nous que nous devons marquer notre solidarité. Leur sort de demain nous concerne directement. Il peut être celui de bien d’autres travailleurs d’autres secteurs demain.

Olympisme ? Derrière, des espèces sonnantes et trébuchantes


20 sportifs vald’oisiens participeront aux prochains jeux olympiques contre 4 à Pékin. Leurs clubs de haut niveau ont bénéficié de 1,25 millions d’euros de subventions de la part du Conseil général du département.
     Au-delà des satisfactions personnelles des sportifs, ces grandes manifestations olympiques font partie du « plan com » des grands groupes industriels et bancaires.
     Ces 1,5 millions de subventions, à une époque où le Conseil général crie aux difficultés, pas une sorte de subvention indirecte pour eux ?

« Droit des étrangers », le « cercle du silence » donne de la voix


Cette association de Cergy qui défend le respect des conditions en France des étrangers en situation « irrégulière » a organisé un rassemblement ces jours derniers. Il dénonçait en particulier la situation à Mayotte où, selon cette association, pour la seule année 2011, 5400 enfants auraient été enfermés dans des conditions déplorables.

lundi 23 juillet 2012

Editorial des bulletins Lutte Ouvrière du 23 juillet 2012 : Tenons tête à ce patronat qui croit avoir tous les droits


Thierry Peugeot, représentant de la dynastie du même nom, s’est répandu en lamentations dans la presse. Accusé d’avoir menti, il s’insurge. Il ne faudrait pas “dépasser les limites”, a-t-il dit. Alors, quand un grand patron comme lui et son état-major décident de rayer de la carte toute une usine en Seine-Saint-Denis et de supprimer 8 000 emplois d’un coup, sans compter les emplois induits, sans compter tous ceux qui, commerçants, médecins etc…, vivent de la clientèle ouvrière, ce serait dans les “limites”. Mais contester une telle décision ne le serait pas ! Traiter de menteurs des gens qui pendant des mois, voire des années, ont nié vouloir fermer leur usine d’Aulnay-sous-Bois, ce serait, à les entendre et à entendre ces experts, ces politiciens qui se précipitent à leur secours, un crime de lèse-majesté et même un mauvais coup contre “notre” économie.
     En dépit de leurs dénégations, répétons-le, ces gens-là sont de grossiers menteurs. Ils mentent à leurs ouvriers, à toute l’opinion, mais aussi aux autorités fiscales françaises, par ailleurs guère curieuses à leur égard, en camouflant leur magot sur des comptes secrets, dans les paradis fiscaux. Pour ne prendre qu’un exemple qui avait défrayé la chronique il y a deux ans, un rejeton de la famille, Robert Peugeot, s’était fait dérober 500 000 euros en lingots d’or qu’il détenait dans un coffre. On avait appris alors que ces lingots n’avaient été déclarés qu’au tiers de leur valeur.
     Mais ils sont pires que des menteurs, ce sont des affameurs. Comment qualifier autrement leur décision qui va priver des dizaines de milliers de familles de leur seul revenu, un salaire qui les fait vivre ? Cette famille Peugeot n’est pas la seule à sévir. Le catalogue de ces patrons malfaiteurs, licencieurs, se remplit. On y trouve Air-France, Sanofi, le volailler Doux, pour ne prendre que les entreprises les plus connues. Mais des milliers d’autres suppressions d’emplois sont annoncées, auxquelles vont s’ajouter celles qui sont encore dans les cartons.
     C’est que la crise continue de plus belle. Et le patronat, partout en France, a un projet simple et clair : faire payer les conséquences de cette crise aux travailleurs et aux classes populaires. Quand ses affaires sont florissantes, il se garde bien de partager les fruits de la prospérité avec les salariés. Mais quand elles sont un peu moins bonnes, loin de réduire son appétit, c’est aux salariés qu’il veut serrer la ceinture, avec la complicité de toute une cohorte de prétendus experts, de journalistes et de politiciens de droite, mais aussi de gauche, qui expliquent qu’il n’y a pas d’autres choix possibles et que l’heure est à l’union de tous.
     Mais bien sûr qu’il y a un autre choix ! Peut-être pas pour mettre un terme à cette crise, mais au moins pour empêcher que ce soient les classes populaires, qui n’ont eu aucune responsabilité dans son déclenchement, qui en fassent les frais.
     Aux calculs du patronat, épaulé par le gouvernement, il faut que le monde du travail oppose son propre plan de lutte, qui peut se résumer en quelques lignes.
     En premier lieu, il faut imposer l’interdiction des licenciements, la répartition du travail entre tous sans réduction de salaire. Il faut que les travailleurs et leurs organisations puissent disposer du total libre accès à tous les comptes des patrons et de leurs gros actionnaires afin qu’on puisse vérifier leurs déclarations et du même coup détecter tous leurs mensonges. Ce qui se passe en ce moment avec PSA illustre l’actualité et l’urgence de ces exigences.
     Le gouvernement socialiste qui dispose pourtant de tous les pouvoirs pour légiférer ne fait rien dans ce sens, se contentant de recevoir à la queue-leu-leu les membres de l’état-major de Peugeot pour, dit-il, s’informer sur la situation réelle de l’entreprise. Comme s’il l’ignorait !
     Mais ce que le gouvernement se refuse de faire, les travailleurs peuvent l’imposer par la lutte.
     Certes, en cette fin juillet, la période des congés n’est pas la plus favorable pour organiser les luttes. Mais on peut mettre à profit ce répit qu’impose à tous les travailleurs la période des congés pour préparer la façon dont, à la rentrée, on pourra mettre collectivement un coup d’arrêt à l’offensive dévastatrice du patronat.

 

16 et 17 juillet 1942 : la rafle du Vel' d'Hiv : un article de l'hebdomadaire trotskyste Lutte Ouvrière


16 et 17 juillet 1942 : la rafle du Vel' d'Hiv

Les 16 et 17 juillet 1942, alors que la moitié de la France était occupée par l'armée allemande, la police française, et elle seule, raflait 13 000 Juifs à Paris, les parquait dans des conditions innommables au Vélodrome d'Hiver, le Vel'd'Hiv, situé dans le 15e arrondissement parisien, avant de les transférer à Drancy, Pithiviers et Beaune-la-Rolande, puis de les déporter vers des camps d'extermination, dont bien peu revinrent.
     Cette rafle n'était pas la première ni malheureusement la dernière.
Le rôle de la pollice française
     Celle de juillet 1942, minutieusement organisée sur ordre des troupes d'occupation, fut exécutée sans la moindre participation de policiers ou de soldats allemands, mais uniquement par la police française. Les autorités françaises firent preuve d'un zèle qui, a-t-on dit, étonna les autorités allemandes d'occupation. La rafle de juillet 1942 visait en principe uniquement les Juifs de nationalité étrangère. Les Juifs étrangers étaient nombreux, qui avaient fui les persécutions d'Allemagne et d'Europe centrale.
     Pour faire croire à l'opinion que ces arrestations étaient motivées par un besoin de main-d'œuvre en Allemagne, il avait été prévu, au départ, de ne pas arrêter les enfants de moins de 16 ans. Mais Laval, chef du gouvernement de Pétain, décida de les faire arrêter tout de même, prétextant une mesure « humanitaire » : pour qu'ils ne soient pas, a-t-on dit, « séparés de leurs parents ».
     Cette rafle avait été précédée de diverses mesures. Il y avait eu, tout d'abord, le recensement obligatoire des Juifs en octobre 1940. Les Juifs avaient dû se présenter dans les commissariats et se déclarer comme tels.
     Ne pas le faire les exposait à des sanctions « les plus sévères ». Environ 90 % d'entre eux se firent recenser et 150 000 Juifs ont ainsi été fichés en zone occupée, dont 64 000 étrangers. Au moment des rafles, la police savait donc parfaitement où aller.
     Depuis juin 1942, tous les Juifs devaient porter, cousue sur leurs vêtements, une étoile jaune avec l'inscription « Juif ».
     Les 16 et 17 juillet, les permissions dans les rangs de la police avaient été annulées. Mais les choses ne se passèrent pas toujours comme prévu. Il y eut des policiers ou des gens avertis de l'opération qui réussirent à prévenir des Juifs : « Dans deux heures, on viendra vous chercher. » Et un certain nombre échappèrent au coup de filet. Des hommes surtout car, comme jusque-là c'étaient surtout les hommes qui avaient été raflés, on croyait dans l'opinion juive que les femmes et les enfants risquaient moins.
L'opinion publique « profondément troublée »
Ce ne fut pas le cas : sur les 13 152 personnes arrêtées, il y eut 10 000 femmes et enfants. Un rapport de police de l'époque tire ce bilan : « Les mesures prises à l'encontre des Israélites ont assez profondément troublé l'opinion publique. Bien que la population française soit dans son ensemble et d'une manière générale assez antisémite, elle n'en juge pas moins sévèrement ces mesures qu'elle qualifie d'inhumaines. Les raisons de cette désapprobation reposent (...) sur les bruits (...) d'après lesquels les familles seraient disloquées (...). C'est cette séparation des enfants de leurs parents qui touche le plus les masses françaises et provoque des réactions qui se traduisent par des critiques sévères à l'égard du gouvernement et des autorités occupantes. »
     Durant cette période, 80 000 à 85 000 Juifs résidant en France ont été exterminés, soit près du quart d'entre eux. Ceux qui réussirent à échapper à leurs bourreaux le durent souvent à l'aide d'une partie de la population.
Le recyclage des responsables
     La guerre finie, cette politique barbare fut bien vite oubliée, ou plutôt occultée. Les Maurice Papon, haut fonctionnaire sous Vichy, responsable de la déportation de dizaines de Juifs dans la région de Bordeaux, les René Bousquet, secrétaire général de la police en 1942 et à ce titre organisateur en chef de la rafle du Vel' d'Hiv, poursuivirent une brillante carrière, comme la plupart des hauts fonctionnaires d'ailleurs. Le premier fut préfet de police, puis ministre de Giscard d'Estaing, le second occupa de hautes fonctions dans le monde financier, entretenant, l'opinion l'apprit sur le tard, des relations amicales avec François Mitterrand.
     La volonté des dirigeants français qui se succédèrent après la guerre était de montrer que le régime de Vichy et de Pétain ne s'inscrivait pas dans la continuité, mais constituait une rupture totale avec la tradition républicaine de la France. À l'évidence il n'en était rien, dans les hommes qui assurèrent la continuité de l'État, ou encore la continuité « industrielle et économique ». Une grande partie de ceux qui servaient sous Vichy restèrent en place sous de Gaulle, puis sous la IVe et la Ve République.
     Aujourd'hui, on évoque le devoir de mémoire. Mais il ne suffit pas de se souvenir, encore faut-il comprendre. Comprendre comment et pourquoi une société policée, cultivée, moderne a pu donner naissance à cette barbarie sans nom, dont la Seconde Guerre mondiale, le nazisme, furent le produit. Tout cela au nom de la volonté des capitalistes de maintenir leur pouvoir économique et leurs privilèges.
     Et surtout comprendre comment agir pour que cela ne se reproduise plus.

                                                                                         André VICTOR

dimanche 22 juillet 2012

Espagne :« No a los recortes » (non aux réductions des salaires, pensions, budgets sociaux)

« Mains en l’air, c’est un hold-up », hurlaient les manifestants à Madrid et dans les principales villes d’Espagne, ce jeudi 20 juillet. Ils étaient des centaines de milliers à manifester contre les nouvelles mesures d’austérité du gouvernement. Nouvelles baisses de salaires pour les fonctionnaires, réduction des indemnités de chômage, hausse de la TVA, etc. : le gouvernement voudrait économiser 65 milliards sur le dos de la population. Des économies qui lui permettraient de distribuer de nouveaux milliards aux banques espagnoles, en difficulté pour avoir spéculé, entre autres, sur l’immobilier.
     Ces manifestations d’hier ont montré que ceux qui le refusent sont de plus en plus nombreux et combatifs. Et, souhaitons-le, ce n’est qu’un début.