Élections régionales : les résultats de Lutte ouvrière
Le scrutin des élections
régionales, le 20 juin, a été marqué par une forte abstention. Si elle atteint
au niveau national le taux record de 67 %, ce chiffre est souvent dépassé dans
les communes ouvrières. L’abstention est par exemple de 75 % à Denain (Nord),
77 % à Aubervilliers et à La Courneuve, de 84 % à Roubaix, 87 % à Saint-Fons,
88 % à Vaulx-en-Velin et Givors (Rhône), des taux qui se retrouvent dans la
plupart des bureaux de vote de quartiers populaires.
Dans ce contexte, les listes «
Lutte ouvrière – Faire entendre le camp des travailleurs », progressent en
pourcentages. Il s’agit certes de petits chiffres (319 903 voix, soit 2,23 %),
à comparer à ceux des régionales de 2015 (320 054 voix, soit 1,50 %). Alors que
la plupart des partis voient le nombre absolu de leurs voix s’effondrer, il se
maintient pour Lutte ouvrière, et augmente en pourcentage.
C’est dans les départements et
les communes les plus populaires que Lutte ouvrière réalise ses meilleurs
scores. Dans le Pas-de-Calais, nous obtenons 4,15 % des voix, en Haute-Marne
4,01 %, dans la Somme 3,98 %. En Seine-Maritime, la liste conduite par Pascal
Le Manach n’obtient que 1,2 % des voix dans la commune aisée de
Mont-Saint-Aignan, mais des résultats en hausse dans les communes ouvrières :
4,47 % à Sotteville-lès-Rouen, 5,98 % au Petit-Quevilly, 5,84 % à
Saint-Etienne-du-Rouvray et 7,3 % à Oissel. En Ile-de-France, Lutte ouvrière
recueille 0,19 % à Neuilly-sur-Seine, 0,35 % à Paris 8e et 0,38 % à Paris 7e,
les arrondissements les plus bourgeois de la capitale, mais 4,64 % à Bobigny et
7 % à La Courneuve, deux communes pauvres de Seine-Saint-Denis. Dans les
Hauts-de-France, à Sin-le-Noble, dans le Pas-de-Calais, la liste conduite par
Eric Pecqueur obtient 6,73% ; à Wattrelos, 4,79%, à Liévin 5,96 %. Dans le 3e
arrondissement de Marseille, un des quartiers les plus pauvres de France, la
liste conduite par Isabelle Bonnet obtient 8,69 % des voix. A l’échelle de tel
ou tel bureau de vote d’une cité HLM, Lutte ouvrière atteint fréquemment 10 %
des voix.
Par ailleurs, des électeurs
sympathisant avec le PCF ont manifestement préféré voter pour des candidats se
réclamant fièrement du communisme, arborant la faucille et le marteau, que pour
des listes d’union où leur parti se rangeait derrière des écologistes comme en
PACA et en Hauts-de-France, voire derrière des politiciens du PS, présidents de
région, comme en Bretagne, en Occitanie, en Centre-Val-de-Loire, en
Bourgogne-Franche-Comté ou en Nouvelle-Aquitaine. Autrement dit, ces électeurs
ont préféré affirmer leur attachement aux idées communistes qu’aux ambitions de
strapontins brigués par les responsables du PCF dans les conseils régionaux.
Lutte ouvrière obtient ainsi 10,73 % à Port-de-Bouc, 7,02 % à Martigues, 7,63 %
à Fos-sur-Mer et 16 % à Port-Saint-Louis-du Rhône, des villes ouvrières PCF ou
ex-PCF des Bouches-du-Rhône. A Flixecourt, petite municipalité PCF de la Somme,
Lutte ouvrière obtient 11,86 % des voix.
Il ne s’agit pas de s’exagérer la
portée de ces résultats, dans un contexte qui est d’abord celui d’une forte
abstention, en particulier dans les classes populaires. Mais ils montrent au
moins que les idées de la lutte de classe, défendues de façon résolue et
militante, peuvent trouver un écho auprès d’une fraction de l’électorat
ouvrier.