vendredi 2 décembre 2016

PCF : il n'y a pas de sauveur suprême, ni dieu, ni césar, ni tribun Mélanchon. Un article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière de cette semaine.



Nous aimerions discuter de ce qui suit avec nos camarades du PCF. Ils peuvent le faire en nous croisant aux points d’activité que nous mènerons demain matin samedi dans différents quartiers d’Argenteuil.




PCF : à nouveau au service d’un politicien bourgeois

Selon le PCF, sur quelque 41 000 adhérents qui ont voté du 24 au 26 novembre, 53,6 % se sont prononcés pour un ralliement à la candidature de Mélenchon à la présidentielle.

Le secrétaire national, Pierre Laurent, s’est voulu rassurant pour les militants qui n’apprécient pas le mépris dont Mélenchon fait preuve à leur égard, en annonçant que son parti allait continuer à faire entendre sa voix en préservant une « autonomie critique et constructive ». Mais, derrière les mots, il reste le ralliement du PCF à un politicien en rupture avec le PS, non pas à cause de sa politique de gestion du système capitaliste, mais pour les exigences de son propre plan de carrière. Il est vrai que le ralliement du PCF à Mélenchon n’est pas une première : c’était déjà le cas à la présidentielle de 2012, avant un ralliement sans état d’âme à Hollande au second tour.
Quant aux militants qui voulaient autre chose, le parti ne proposait que la solution d’un candidat étiqueté PCF certes, mais susceptible de se retirer devant un Montebourg ou tout autre socialiste ne valant pas mieux que Mélenchon, et pour seule perspective une alliance avec le PS pour les législatives. C’était la même impasse.
Depuis des décennies, la seule politique offerte aux militants du PCF par la direction de leur parti est un ralliement systématique à des politiciens bourgeois, de Mitterrand à Jospin. Cette fois encore, ils vont apporter leur caution à un politicien qui, pour tout radicalisme, propose de limiter les écarts de salaire dans les entreprises, sans dire un mot sur les dividendes des actionnaires, et qui fait la guerre aux journalistes au nom de la lutte contre les élites. Cette démagogie dans le rôle du tribun fort en gueule peut plaire, mais elle ne fait que masquer le vide du programme et ne sort jamais du cadre bien huilé des institutions politiques de la bourgeoisie. Quant à changer le numéro de la République, cela ne changera rien au pouvoir des capitalistes.
Mélenchon ne néglige pas non plus la veine nationaliste et xénophobe. Il l’a fait notamment au Parlement européen le 5 juillet dernier, en accusant les travailleurs détachés de « voler leur pain aux travailleurs qui se trouvent sur place » ! « Il va de soi que je ne retire rien », a-t-il confirmé dans une mise au point le 2 novembre.
À chercher un sauveur parmi les hommes politiques bourgeois se prétendant de la « vraie gauche », les militants du PCF ne se préparent que de nouvelles désillusions. Sauf à renouer avec la seule perspective qui vaille : la classe ouvrière reprenant confiance dans sa propre force collective.

                             Jean SANDAY (Lutte ouvrière n°2522)


Yvelines : des travailleurs avec Nathalie Arthaud lors du banquet de Mantes. Yvelines Première : Reportage sur le banquet de Lutte Ouvrière Yvelines

jeudi 1 décembre 2016

Argenteuil, Spie, Vinci, et les élections législatives en vue




Le stationnement, le BTP, et les législatives

Alors qu’il vient d’annoncer sa candidature pour les élections législatives de juin, le député d’Argenteuil-Bezons déclare avoir porté plainte en tant qu’habitant d’Argenteuil contre l’accord qui a été signé en 2014 par la municipalité conduite par son adversaire G. Mothron et SPIE, le gestionnaire du stationnement jusqu’en 2013. Alors qu’il était maire, P Doucet avait effectivement remis en cause cette délégation dite de « service public » et l’avait remise à l’entreprise Vinci. Cet accord transactionnel avec SPIE va conduire la Ville d’Argenteuil à lui verser sur plusieurs années 13,6 millions d’euros !
         Dans cette affaire, le député s’appuie sur un rapport de la cour régionale des comptes qui est effectivement sans ambigüité sur le sujet (voir synthèse sur internet, référence ci-dessous). Celle-ci note : « Une convention déséquilibrée dont les effets continueront de peser sur les finances de la collectivité jusqu’en 2018 ».
         Ce n’est pas par altruisme que les entreprises privées sollicitent des délégations de service public. Signées par les seuls élus, loin des habitants, elles leur rapportent une part importante de leurs profits. Mais dans ce cas particulier, que ce soit la délégation de 2006 à SPIE ou cet accord de 2014 en faveur de celle-ci, cette délégation et ses suites ont été une affaire particulièrement bonne.
         Là où l’initiative de P Doucet interpelle, c’est qu’elle vient comme un « cheveu sur la soupe », toujours loin des habitants qui sont pourtant au premier chef concernés, et surtout dans un « timing » très particulier :
         Fillon l’emporte dimanche. Son partisan local, Xavier Péricat, doit se sentir pousser des ailes et doit rêver au joli mois de juin. P Doucet annonce sa candidature, et deux jours plus tard évoque sa plainte dans une vidéo, plainte qui vise, de fait, au premier chef le susnommé, l’actuel adjoint aux finances d’Argenteuil, et qui l’était déjà en 2006 et 2014, moments cruciaux de cette affaire SPIE. Et tout cela a lieu fin novembre 2016, alors que le rapport de la cour régionale des comptes qui fait état du problème est daté, lui, de février 2016 !
         Pour résumer, les élections législatives approchent. Les entreprises du BTP font des bonnes affaires, aux dépens en particulier des habitants des villes, en l’occurrence de la population d’Argenteuil qui ne roule pas sur l’or comme chacun sait. Et les notables bourgeois s’agitent de leur côté en vue des élections.
        
http://www.ccomptes.fr/Publications/Publications/Commune-d-Argenteuil-95-Enquete-Gestion-du-stationnement-urbain

Education : « Touche pas à ma ZEP » : le mouvement prend de l’ampleur. Un article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière à paraître



« Touche pas à ma ZEP » : le mouvement prend de l’ampleur

Alors que la ministre de l’Éducation nationale tente de désamorcer le mouvement naissant au sein des lycées sortis de la zone d’éducation prioritaire (lycées ZEP), il s’étend maintenant à 88 lycées et touche 14 académies.
Lors de la troisième journée de grève, le 29 novembre, le mouvement a gagné les académies de Lille et de Lyon. Ces établissements ont décidé de se mettre en grève après avoir appris leur sortie de l’éducation prioritaire. Cette disparition des lycées de la carte ZEP, outre qu’elle modifie le salaire de l’ensemble du personnel, va supprimer à terme des moyens importants : des effectifs réduits disparaissent (30 élèves par classe de seconde générale au lieu de 35, 24 élèves au lieu de 30 dans les lycées professionnels), ainsi que des dédoublements de classes, des postes d’assistants sociaux, d’infirmiers.
Après les deux premières journées de grève, le ministère a reculé sur les primes versées aux salariés des lycées classés en zone d’éducation prioritaire et sur les facilités de mutation. Ces droits sont garantis jusqu’en 2019. Le 28 novembre, la ministre Najat Vallaud-Belkacem a annoncé la création de 450 postes pour les lycées défavorisés et le maintien des moyens dans les lycées classés ZEP pour la rentrée prochaine. Mais elle a refusé de préciser où ces postes seraient affectés. De la même manière, elle a renvoyé à un prochain (et hypothétique) gouvernement socialiste en 2017 l’élaboration d’une nouvelle carte ZEP. Elle dit donc aux salariés mobilisés : votez socialiste si vous voulez obtenir satisfaction. Mais les enseignants, les conseillers principaux d’éducation, les agents administratifs ou de ménage ne sont pas dupes de ce chantage. Ils réclament maintenant la redéfinition et l’élargissement de la carte des zones d’éducation prioritaire.
La carte précédente était complètement arbitraire, et de nombreux lycées généraux ou professionnels devraient avoir les mêmes moyens que leurs voisins classés ZEP. L’enjeu est bien l’extension de cette carte de l’éducation prioritaire à tous les lycées des banlieues populaires. De nombreux lycées envisagent de partir en grève reconductible après les vacances, dès le 3 janvier, pour durcir le mouvement. Dans tous les cas, ils ne prennent pas au sérieux les annonces de la ministre.

                             Aline URBAIN (Lutte ouvrière n°2522)

Manifestation à Paris ce 29 novembre