Réforme
du Code du travail : rien à négocier, tout à rejeter !
« Élaboré sans réelle
concertation », c’est un des principaux reproches que les
centrales syndicales ont fait au projet de loi El Khomri, dans la déclaration
commune rédigée lors de leur rencontre au siège de la CGT à Montreuil, le 23
février dans la soirée.
«
Les organisations syndicales ne sont pas satisfaites de ce projet, peut-on
lire, et demandent le retrait de la barémisation des indemnités prudhomales
dues en cas de licenciement abusif et des mesures qui accroissent le pouvoir
unilatéral des employeurs ». C’est uniquement sur ce point, que les
représentants des neuf syndicats dont trois organisations d’étudiants et de
lycéens sont en accord, alors que toutes les mesures contenues dans le projet
de loi sont à rejeter car elles accroissent le pouvoir absolu des patrons,
selon leurs besoins… de profits.
Deux
directions syndicales, celles de la CGT et de FO, s’expriment pour le retrait
pur et simple du projet de loi. Laurent Berger, pour la CFDT, lui, « ne crie
pas au loup sur toutes les dispositions » car, dit-il, « il n’est pas
question de s’opposer au renforcement de la négociation contenu dans ce texte ».
Mais quel « renforcement de la négociation » ? Au contraire de ce
qu’affirme le leader de la CFDT, un des aspects marquants dans l’attitude du
gouvernement, c’est justement sa volonté de marginaliser les syndicats.
Philippe Martinez de la CGT le déplore d’ailleurs : « Nous n’avons vu la
ministre que deux heures et avons pris connaissance du texte dans la presse »,
et Jean-Claude Mailly, de FO, reproche à la ministre de chercher dans le texte
à court-circuiter les syndicats, en proposant de recourir au référendum dans
l’entreprise, pour des accords maison, à l’initiative de syndicats minoritaires
et sous pression patronale.
Il
n’y a strictement rien à prendre dans le projet de loi sur la réforme du Code
du travail. Aucun rééquilibrage n’est possible. Tout est à rejeter car cette
loi, dans ses moindres détails, s’en prend aux travailleurs, avec ou sans
emploi, et aux jeunes dont la précarité est le quotidien. Elle constitue un
cadeau, un de plus, aux patrons.
Malgré
l’attente de nombreux militants qui, dans les entreprises, pourraient espérer
une riposte immédiate, les centrales se limitent pour l’instant à prévoir une
prochaine rencontre le 3 mars. Mailly, pour FO, évoque la grève, d’autres
hésitent ou ne veulent pas affronter le gouvernement, espérant que des miettes
tomberont de la table des négociations.
Pourtant,
une réponse déterminée, massive et rapide du monde du travail est une
nécessité, face à un gouvernement et à un patronat qui, eux, n’hésitent pas, et
veulent aller au bout de leur projet scélérat.
Viviane LAFONT