jeudi 10 décembre 2015

Condition des femmes : « Bourreau domestique : la justice condamne la victime ». Un article de notre hebdomadaire Lutte Ouvrière à paraître



Bourreau domestique : la justice condamne la victime

Une femme de 66 ans vient d’être condamnée en appel à dix ans de prison pour avoir tué son mari violent, en 2012. L’homme avait battu et violé pendant des années sa femme et ses filles.
         Le verdict de la cour d’assises du Loir-et-Cher, siégeant en appel, est révélateur du mépris avec lequel sont encore considérées les femmes victimes de violences conjugales.
         L’avocat général, dans son réquisitoire, a déclaré : « Aux violences de son mari, elle aurait dû répondre par un acte proportionné, immédiat et nécessaire. Face à un coup de poing qui se solde par trois jours d’ITT, elle tire trois balles. » Peu importe pour ce représentant de la justice qu’il ne s’agisse pas d’un seul coup de poing mais de vies entières, qu’une des filles ait exprimé son « soulagement » après la mort de son père, qu’une autre ait témoigné : « Il était sans pitié, c’était plus fort que lui », et la troisième : « Il m’a détruite intérieurement, je n’arrive pas à tourner la page. »
         Les violences faites aux femmes demeurent fréquentes, y compris dans le cadre conjugal où des épouses sous l’emprise de maris violents subissent leur tyrannie. Les statistiques officielles donnent comme estimation minimale 216 000 femmes ­victimes de violences physiques ou sexuelles en 2014, dont seules 16 % ont porté plainte. Presque tous les trois jours, une femme meurt sous les coups de son compagnon.
         Alors que le ­combat contre les violences conjugales est toujours à mener, ce jugement dénie aux victimes le droit à la légitime défense, même dans les situations les plus dangereuses.

                                                     Pierre MERLET

mercredi 9 décembre 2015

Nathalie Arthaud : Après le 1er tour des élections régionales

Argenteuil : mieux vaut ne jamais l'avoir à ses côtés



Mais où sont-elles passées ?

En mars 2014, la droite locale qui a conquis la municipalité lors des élections municipales obtenait 11846 voix au premier tour de scrutin et 14 876 au second. 19 mois plus tard, elle n’obtient plus que 3979 suffrages lors de ce premier tour des élections régionales, et son poulain, l’adjoint aux finances, n’est pas du tout sûr d’être élu dimanche prochain.
         Les résultats des élections départementales de mars dernier, où elle avait été battue, contre toute attente et à contre-courant de la tendance à l’échelle du pays, sonnait comme un avertissement. On ne peut que constater que l’avertissement n’a pas été entendu.
         Tombant à bras raccourci sur le personnel municipal, sur les services publics municipaux utiles à la population, et mouche noire sur son gâteau, sur les anciens, elle se retrouve aujourd’hui avec une chute abyssale de son électorat.
         Dommage que les repas des anciens aient été annulés. L’affaire aurait fait un joli sujet de moquerie, si tant est que les conséquences de la politique municipale n’aient pas les conséquences désastreuses pour la population que l’on connaît.

Des deux côtés du barrage, l’eau n’est guère différente

Quelque peu déboussolé, la seule chose que G. Mothron ait réussi à dire lors de l’annonce des résultats dimanche soir à l'Hôtel de Ville, c’est qu’il fallait « faire barrage au FN ».
         Ce n’est vraiment pas de ce côté-là de tels politiciens contribuant à la désorientation de la population que l’on risque de trouver la voie pour contrer la montée des idées réactionnaires qui ont fait le lit du FN. Le monsieur y a contribué et continue à le faire.

En tout cas, des habitants qui n’ont pas oublié

A Joliot-Curie, les habitants n’ont toujours pas oublié les avanies que le maire d’Argenteuil actuel leur a faites.
         Nous ne reviendrons pas sur l’histoire de la lutte contre la démolition de la cité. Mais on peut rappeler que le déplacement du bureau de vote, du groupe scolaire Joliot-Curie à l’école maternelle Orgemont n’est toujours pas passé.
         Sur 1096 inscrits, la liste Pécresse obtient très laborieusement… 31 voix, littéralement doublé (un peu d'humour) par la liste Lutte ouvrière qui elle obtient 36 voix.
         Moins de 3% des inscrits pour la liste des amis de la municipalité, il faut le faire.
         Cela dit, si les anciens avaient pu se déplacer, c’était la raclée du siècle assurée !

deuxième tour : Manoeuvres d'après et d'avant tour



Valls : à droite toute et silence dans les rangs !

Valls a, de façon péremptoire, appelé à voter pour les listes de droite dans trois régions (y compris dans l’Est où le candidat socialiste a, jusqu’à présent, décidé de maintenir sa liste)  pour, dit-il, de façon grandiloquente, faire barrage au FN.
Prétendre « faire barrage » au FN en soutenant la droite réactionnaire ne fera pas oublier la sanction que le PS a reçu dans les urnes pour avoir trahi les espoirs de ses électeurs. Mais c’est surtout une escroquerie particulièrement manifeste lorsqu’il s’agit, comme dans la région PACA, de soutenir Estrosi, contre Marion Marechal Le Pen, ou encore de soutenir Xavier Bertrand dans le Nord Picardie. D’ailleurs un certain nombre d’électeurs socialistes ou communistes refusent, semble-t-il, de se laisser piéger.
La seule façon de combattre l’évolution réactionnaire de notre société est de faire renaître la conscience et la lutte de classes.


Petites manœuvres en rase campagne

En retirant ses listes dans le Nord Pas de Calais, en PACA et en admonestant le tête de liste de la région Est qui refuse de le faire, les dirigeants du PS tentent de conserver quelques  autres régions. Du même coup, ils essayent de se poser comme un parti responsable face au FN, reprochant à la droite de maintenir partout ses listes. Les leaders des « Républicains » rétorquent que c'est le PS qui a fait monter le FN.
         Ce dialogue entre politiciens n’est ni nouveau, ni drôle. Car c'est bien 40 ans de gestion de la crise et du capitalisme par la gauche et par la droite qui ont fait prospérer l'extrême droite. Une extrême droite qui n'aspire qu'à prendre la place de tous ces politiciens pour accéder à son tour à la mangeoire.

Gesticulations sécuritaires et électoralistes

Quatre jours avant le premier tour des élections régionales, le gouvernement annonçait  la fermeture de la mosquée de Lagny pour  "radicalisation", après y avoir, disait-il, trouvé lors d'une perquisition les preuves de l'existence d'un foyer de terroristes potentiels.
         Deux jours après, et selon le quotidien Le Monde, on apprend que le gouvernement aurait surtout fait monter la mayonnaise : le révolver trouvé, seul de son espèce et bien rouillé, et les munitions "de guerre", dépareillées, n'auraient rien avoir avec la mosquée. Quant aux "documents sur le djihad", la préfecture refuse maintenant toute précision.
         Jouer sur la corde sécuritaire en faisant peur à la population, c’est une politique qui aggrave la haine et les préjugés. Tout cela alimente l'extrême droite.