Les
leçons des élections municipales
Le fait marquant de ces
municipales est une abstention record pour ce type d’élection. Elle affecte
particulièrement l’électorat populaire qui avait l’habitude de voter à gauche.
C’est donc clairement un désaveu du
gouvernement Hollande-Ayrault et de sa politique ouvertement pro-patronale et
anti-ouvrière. Il frappe principalement le PS, rendu responsable de la
politique menée. Même ses alliés écologistes s’en tirent mieux que lui.
L’autre fait marquant est la progression
significative du FN. Pour une part, cette progression vient de l’électorat
traditionnel de la droite. Un électorat réactionnaire et anti-ouvrier qui, au
fur et à mesure que le FN acquiert droit de cité dans les médias, que son
langage de haine à l’égard des immigrés et des Roms est repris par les ténors
de la droite parlementaire, voire par des ministres socialistes, n’hésite plus
à voter pour l’extrême droite.
Une partie de ces votes vient cependant
d’une fraction de l’électorat ouvrier qui, frappée par la crise et les
licenciements, par déception à l’égard de la gauche, ses reniements et ses
trahisons, a cru marquer son désaveu du gouvernement socialiste en votant pour
des listes du FN. C’est un vote contre son propre camp car le FN défend tout
autant les intérêts du grand patronat et des riches que le duo PS-UMP, en
étant, en plus, porteur d’une politique plus ouvertement réactionnaire.
Ce n’est certainement pas une mobilisation
de la gauche électorale et encore moins des désistements dits républicains
entre les grands partis déconsidérés qui pourront s’opposer à la montée
électorale du FN, mais une reprise de confiance des travailleurs en eux-mêmes
et en leur capacité à résister aux attaques du grand patronat.
Pour ce qui concerne les résultats de
Lutte Ouvrière : nous avons présenté 204 listes dans 182 villes
différentes, partout sous le sigle « Lutte Ouvrière faire entendre le
camp des travailleurs ». Cette présence est à comparer à celle de
2008 : nous étions sur 188 listes dans 168 villes différentes, dont 118
listes Lutte Ouvrière.
Un nombre plus important d’électeurs des
classes populaires ont pu, en votant pour nos listes, exprimer leur approbation
du programme de lutte que Lutte Ouvrière a avancé pendant sa campagne.
Avec des variations d’une ville à l’autre,
les votes en faveur des listes Lutte Ouvrière se maintiennent par rapport aux
élections municipales de 2008 et sont supérieurs aux élections présidentielle
et législatives de 2012.
Ces votes confirment la permanence dans ce
pays d’un courant conscient que le choix entre les différents partis qui,
au-delà de leur rivalité, défendent tous l’ordre capitaliste, est un faux
choix. Même les partis comme le PC ou le PG qui, après avoir fait élire
Hollande et cautionné ses promesses mensongères, cherchent aujourd’hui à s’en
démarquer, ne méritent pas la confiance des travailleurs.
Les négociations, les manœuvres, les
combinaisons en vue du deuxième tour battent leur plein. Pour les uns, il
s’agit de sauver leur position de maire, pour les autres, de la conquérir.
Lutte Ouvrière ne participera à aucune de ces négociations. Tout en rejetant la
droite et l’extrême droite, elle ne veut pas cautionner, même indirectement,
l’équipe Hollande-Ayrault qui se prétend socialiste mais qui gouverne en
fonction des seuls intérêts du grand patronat et des banquiers.
Au deuxième tour, nos électeurs ne
pourront plus affirmer les exigences qu’ils ont approuvées au premier tour en
votant pour les listes Lutte Ouvrière. Il leur appartient de voter selon leur
conscience, de voter blanc… ou de ne pas voter du tout.
Ce qui comptera pour l’avenir, c’est que
celles et ceux qui, en votant Lutte Ouvrière, ont approuvé les mesures
nécessaires pour défendre les conditions d’existence des travailleurs,
continuent à les défendre et à les populariser afin que les travailleurs en
fassent leurs objectifs de combat lors de leurs affrontements, inévitables,
avec le grand patronat et le gouvernement.
Les travailleurs ne peuvent attendre aucun
changement pour leur vie d’un changement électoral. Il n’y a de salut pour les
exploités que dans leur propre lutte collective, consciente, contre leurs
exploiteurs et contre les gouvernements à leur service. Ils ont la force de
défendre leurs conditions d’existence en faisant reculer le grand patronat car
l’économie ne peut pas se passer de travailleurs alors qu’elle peut se passer
d’actionnaires, de banquiers et de spéculateurs ! À la condition d’être
conscients de cette force et de s’en servir.