samedi 17 avril 2021

150 ans après, l’actualité de la Commune de Paris de 1871. Un exposé du Cercle Léon Trotsky (25). L’œuvre de la Commune, Égalité et éducation pour tous !

Comme vous le savez, nous n’avons pas pu tenir le Cercle Léon Trotsky qui devait aborder le 150ème anniversaire de la Commune de Paris. Le texte de cet exposé intitulé « 150 ans après, l’actualité de la Commune de Paris de 1871 » est néanmoins disponible sur notre site lutte-ouvrière.org. Nous vous le proposerons jour après jour en « feuilleton » le présent blog « lo argenteuil »

L’œuvre de la Commune

Égalité et éducation pour tous!

L’égalité tient à cœur aux communards, qui considèrent que ce doit être l’un des principes fondamentaux de la République.

Même s’ils n’ont pas tous des idées avancées concernant l’égalité entre hommes et femmes, ils vont néanmoins tout de suite bien plus loin que la bourgeoisie dans ce domaine. À l’encontre de la morale bien-pensante, la Commune considère notamment que les couples non mariés ne sont pas moins légitimes que les autres. Les épouses des gardes nationaux recevaient un complément de solde, la Commune accorde la même indemnité aux femmes «illégitimes». Elle décrète aussi pour la première fois l’égalité des salaires pour les instituteurs et les institutrices, considérant «que les exigences de la vie sont nombreuses et impérieuses pour la femme autant que pour l’homme; et quen fait d’éducation, le travail de la femme est égal à celui de lhomme».

Les communards veulent un avenir meilleur pour leurs enfants. Les mesures de la Commune dans le domaine de l’éducation sont particulièrement révélatrices de ses idéaux et de son enthousiasme pour le progrès.

La loi Falloux, en 1850, avait favorisé la multiplication des écoles confessionnelles et leur nombre avait doublé en vingt ans, tandis que l’enseignement laïc était à l’abandon. Le clergé entretenait l’obscurantisme et une morale de résignation. C’est pourquoi un anticléricalisme très prononcé règne parmi les communards, en particulier chez les femmes qui ont vu leurs enfants abandonnés aux «gendarmes en soutane» (l’expression est de Lénine). La Commune décrète donc, dix ans avant la bourgeoisie, l’instruction laïque, gratuite et obligatoire.

On récupère le métal précieux des crucifix, madones et autres dans les églises pour les envoyer à la Monnaie, afin que le métal soit fondu et réutilisé. Nombre d’églises sont d’ailleurs occupées par des clubs pour les réunions, le soir, décorées de drapeaux rouges.

Vaillant, le délégué à l’Enseignement, transforme un établissement de jésuites du centre de Paris en centre laïc d’enseignement technique. La Commune développe en effet l’idée qu’une éducation complète doit comporter une double formation, intellectuelle et professionnelle.

Enfin un décret publié au Journal officiel du 12 mai dit: «La somme des connaissances humaines est un fonds commun dans lequel chaque génération a le droit de puiser, sous la seule réserve d’accroître le capital scientifique accumulé par les âges précédents au bénéfice des générations à venir. L’instruction est donc le droit absolu pour l’enfant, et sa répartition un devoir impérieux pour la famille ou, à défaut, pour la société.» Il dit aussi «Apprendre à l’enfant à aimer et à respecter ses semblables; lui inspirer l’amour de la justice; lui enseigner également quil doit sinstruire en vue de lintérêt de tous: tels sont les principes de morale sur lesquels reposera, désormais, l’éducation publique communale.»

On peut comparer à cet idéal l’esprit étriqué d’un Flaubert, écrivain bourgeois qui hait la Commune et milite contre le suffrage universel et l’éducation populaire : «L’instruction gratuite obligatoire ne fera rien qu’augmenter le nombre des imbéciles… Le plus pressé est d’instruire les riches qui, en somme, sont les plus forts.» Tout tient dans ces quelques mots: la bourgeoisie dun côté, prête à tout pour préserver son ordre social, à maintenir les exploités dans la misère et lignorance, et à les massacrer sans pitié quand ils relèvent la tête; le prolétariat de lautre, nayant que ses chaînes à perdre, luttant pour l’émancipation du genre humain en même temps quil lutte pour se débarrasser de ses chaînes.

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Édouard Vaillant

 (Demain, La Commune : L’œuvre de la Commune, La Banque de France et le respect de la légalité)

Le texte de cet exposé du Cercle Léon Trotsky « 150 ans après, l’actualité de la Commune de Paris de 1871 » vient de paraître en brochure. 2 euros. Nous pouvons vous la transmettre. DM

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