Mali :
coup d’État dans un pays ravagé par l’impérialisme français
19 Août
2020
Mardi
18 août, des officiers de l’armée malienne ont fait arrêter le président
Ibrahim Boubacar Keïta (IBK). Le soir même, depuis le camp où il est retenu,
celui-ci a annoncé sa démission. L’armée française présente sur place a pour le
moins laissé faire ce coup d’État contre un régime qu’elle soutenait jusque-là,
mais qui était devenu de plus en plus impopulaire.
Dévasté
par des décennies de colonisation et de pillage de l’impérialisme français, le
Mali fait partie des pays les plus pauvres de la planète. L’incurie du
gouvernement face aux problèmes cruciaux de la population, la corruption
permanente du haut en bas de l’appareil d’État, le luxe insultant dans lequel
vit la famille du président ainsi que bien des généraux, sont des éléments
alimentant la colère de la population. Celle-ci s’était exprimée ces derniers
mois contre le gouvernement.
En
2012, l’armée malienne s’était avérée incapable de repousser les groupes
djihadistes qui avaient occupé le nord du pays et s’en étaient pris de façon
barbare à la population. Le gouvernement d’alors s’était effondré laissant la
place à un pouvoir militaire jugé trop instable et incontrôlable par
l’ex-puissance coloniale française. C’est avec le soutien des dirigeants
français qu’Ibrahim Boubacar Keïta était arrivé au pouvoir en 2013, en
promettant de mettre fin à la misère et à la corruption. Alors même que
Hollande lançait l’intervention militaire française au Mali censée éradiquer le
terrorisme dans la région.
Sept
ans plus tard, le constat est effroyable. Le sort de la population ne s’est en
rien amélioré. Et l’intervention militaire française n’a pas arrêté la montée
du terrorisme et des groupes djihadistes. Depuis toutes ces années, au
contraire, le chaos n’a fait que s’étendre à l’ensemble du Sahel. La présence
militaire française est ressentie comme de plus en plus lourde par toute une
partie de la population. Celle-ci se retrouve coincée entre la misère, les
exactions des djihadistes et celles des militaires maliens protégés par la
France.
Une
opposition politique, menée par un imam, Mahmoud Dicko, connu pour ses prêches
particulièrement réactionnaires contre les femmes, s’est fait entendre ces
dernières semaines. Elle regroupe une partie des politiciens maliens qui n’ont
rien de plus à offrir à la population que l’ex-pouvoir.
Dans ce
contexte, il n’est pas encore possible de dire quelles sont les intentions des
militaires qui viennent de prendre le pouvoir. Macron a dénoncé ce coup d’État
et le communiqué de Le Drian, son monsieur Afrique, le condamne « avec la
plus grande fermeté ». Pourtant, on ne peut que constater le silence et la
passivité de l’armée française présente au Mali.
Il
n’est pas impossible que les dirigeants français trouvent positif d’être
débarrassés de cet allié devenu trop encombrant et impopulaire. Surtout que
l’impérialisme français a une très longue expérience sur le continent dans le
maniement des coups d’État, des interventions militaires et le soutien aux
dictateurs. De toute façon, rien ne peut cacher son rôle dans la situation
catastrophique de la population malienne.
Marion AJAR (Lutte ouvrière n°2716)
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