« Vivre libre en travaillant ou mourir en combattant »
En France, dès le début des années 1830, la révolte des ouvriers de la soie de Lyon, Les Canuts, fit une démonstration de l’affrontement fondamental de l’ère capitaliste, celui entre le Capital et le Travail. Le cri de guerre des révoltés lyonnais n’a pas été oublié : « Vivre libre en travaillant ou mourir en combattant ».
Moins
de 20 ans plus tard, cet affrontement prit une dimension d’une tout autre
ampleur, lors des évènements des révolutions de 1848. Des révolutions car en
l’espace de quatre mois, deux évènements liés mais de caractère social distinct
eurent lieu.
Fin
février, ce fut d’abord le renversement de la monarchie mise en place en 1830
qui avait porté au pouvoir la grande bourgeoisie d’affaire et installé
Louis-Philippe. Si, le monde du travail des quartiers de Paris furent les
forces militantes de ce renversement, ses enjeux concernaient bien davantage,
derrière l’affrontement entre la monarchie et la république, différentes
fractions des classes dominantes, de la bourgeoisie et de l’aristocratie
toujours bien vivante.
Pour
les travailleurs de Paris mobilisés depuis février, seule une « République
sociale » soucieuse véritablement des intérêts des prolétaires pouvait
régler la question du chômage et de la misère. Les travailleurs la réclamèrent
dans la rue durant les mois qui suivirent.
Pour
la bourgeoisie, une telle situation où les travailleurs sont mobilisés et armés
(à cette époque il existe une garde nationale armée qui recrute y compris dans
les quartiers ouvriers) n’est pas tenable. L’un des deux camps doit l’emporter
en écrasant l’autre.
Cette
situation se dénoua, cette fois, au profit de la bourgeoisie. Acculés, les quartiers ouvriers de Paris
s’insurgèrent en juin, érigèrent et tinrent leurs barricades pendant quatre
jours, du 22 au 26 juin 1848.
Ils
furent vaincus par la force militaire de l’État bourgeois. Des milliers de
combattants avaient été tués durant les combats, auxquels il faut ajouter
environ 1500 fusillés sans jugement. Il y eut également environ 25 000
arrestations et 11 000 condamnations à la déportation.
L’« ordre »
allait certes régner pendant des années à Paris. Mais cette expérience vécue
dans les larmes par le prolétariat n’allait pas être oubliée et allait féconder
pendant longtemps la conscience du mouvement ouvrier. (Demain « Le toast » dit « de Londres d’Auguste Blanqui).
DM
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