vendredi 17 avril 2020

1848 et la force politique du monde du travail : l’expérience des journées de juin 1848


« Vivre libre en travaillant ou mourir en combattant »

 
Les journées de Juin 1848 (merci Wikipédia)

En France, dès le début des années 1830, la révolte des ouvriers de la soie de Lyon, Les Canuts, fit une démonstration de l’affrontement fondamental de l’ère capitaliste, celui entre le Capital et le Travail. Le cri de guerre des révoltés lyonnais n’a pas été oublié : « Vivre libre en travaillant ou mourir en combattant ».
         Moins de 20 ans plus tard, cet affrontement prit une dimension d’une tout autre ampleur, lors des évènements des révolutions de 1848. Des révolutions car en l’espace de quatre mois, deux évènements liés mais de caractère social distinct eurent lieu.
         Fin février, ce fut d’abord le renversement de la monarchie mise en place en 1830 qui avait porté au pouvoir la grande bourgeoisie d’affaire et installé Louis-Philippe. Si, le monde du travail des quartiers de Paris furent les forces militantes de ce renversement, ses enjeux concernaient bien davantage, derrière l’affrontement entre la monarchie et la république, différentes fractions des classes dominantes, de la bourgeoisie et de l’aristocratie toujours bien vivante.
         Pour les travailleurs de Paris mobilisés depuis février, seule une « République sociale » soucieuse véritablement des intérêts des prolétaires pouvait régler la question du chômage et de la misère. Les travailleurs la réclamèrent dans la rue durant les mois qui suivirent.
         Pour la bourgeoisie, une telle situation où les travailleurs sont mobilisés et armés (à cette époque il existe une garde nationale armée qui recrute y compris dans les quartiers ouvriers) n’est pas tenable. L’un des deux camps doit l’emporter en écrasant l’autre.
         Cette situation se dénoua, cette fois, au profit de la bourgeoisie.        Acculés, les quartiers ouvriers de Paris s’insurgèrent en juin, érigèrent et tinrent leurs barricades pendant quatre jours, du 22 au 26 juin 1848.
         Ils furent vaincus par la force militaire de l’État bourgeois. Des milliers de combattants avaient été tués durant les combats, auxquels il faut ajouter environ 1500 fusillés sans jugement. Il y eut également environ 25 000 arrestations et 11 000 condamnations à la déportation.
         L’« ordre » allait certes régner pendant des années à Paris. Mais cette expérience vécue dans les larmes par le prolétariat n’allait pas être oubliée et allait féconder pendant longtemps la conscience du mouvement ouvrier. (Demain « Le toast » dit « de Londres d’Auguste Blanqui). DM

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