La course
au profit, un virus mortel
11 Mars 2020
Il n’aura pas fallu longtemps
pour que Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, se précipite au chevet des
entreprises confrontées aux conséquences économiques du coronavirus.
Lundi 9 mars, il a rendu public
un plan d’action applicable sans délai. Parmi les mesures spectaculaires, le
gouvernement autorise toutes les entreprises qui s’estiment mises en difficulté
par la crise à demander un report de leurs charges sociales et fiscales, « par
simple mail ou un coup de téléphone » a précisé le ministre. Le soir
même, Agnès Pannier-Runacher, la secrétaire d’État au Commerce précisait sur
RTL que la suppression définitive de ces impôts ou de ces cotisations reportées
n’était pas exclue.
Sans délai et sans la moindre
vérification, toutes les entreprises, les petites comme les grosses, vont
profiter de ces facilités de trésorerie.
Au personnel des hôpitaux, aux
salariés des transports publics, à tous ceux qui continuent à faire marcher la
société malgré l’épidémie, le gouvernement demande du dévouement et du civisme.
Les salariés peuvent être sommés par leurs patrons de poser des jours de
congés. Ils sont placés en chômage partiel ou carrément licenciés s’ils
travaillent en intérim ou en contrat précaire. Un travailleur qui perd son
emploi, à cause du coronavirus ou pour n’importe quelle autre raison, doit
continuer à payer son loyer ou ses crédits sans délai ni souplesse. Ni en le
demandant par mail, ni après de nombreuses démarches administratives, l’État
n’annulera sa dette. Et pourtant, combien de travailleurs, dans l’incapacité de
payer un logement, se sont retrouvés à la rue après un licenciement ? Les
nouvelles mesures concernant l’indemnisation du chômage, qui doivent entrer en
application le 1er avril, s’ajouteront à tout ce contexte pour jeter dans
la misère des milliers de chômeurs.
Vis-à-vis du patronat, le
gouvernement n’envisage pas d’appel au civisme ni à l’esprit de sacrifice. Les
patrons ont droit sans formalités à des exonérations, à des crédits à taux
quasiment nuls de la BPI, la Banque publique d’investissement, à une
augmentation de l’indemnité horaire destinée à compenser le chômage partiel.
Ainsi, celle-ci passera de 7,74 à 8,04 euros.
Autrement dit, l’État paiera à la
place des patrons le salaire des travailleurs au smic.
Et ce n’est qu’un début. S’il se
confirme que le coronavirus déclenche une récession, voire une crise du système
financier comme lors de la crise des subprimes en 2008, les États et les
banques centrales sont prêts à voler au secours des capitalistes sans aucune
assurance que cette crise ne plonge pas les travailleurs du monde entier dans
une misère noire et une série de catastrophes, comme après celle de 2008. Pour
l’heure, la tentative de sauvetage a commencé. Le 3 mars, la Fed, la banque
fédérale américaine, a baissé en urgence ses taux d’intérêts. Christine
Lagarde, nouvelle présidente de la Banque centrale européenne, après avoir été
celle du FMI, devait annoncer jeudi 12 mars une série de mesures « pour
encourager les banques à prêter de l’argent aux PME ». Cela annonce en
fait que les banques seront arrosées sans limite par le biais d’émissions de
monnaie qui viendront alimenter la spéculation.
Comme en 2008, Le Maire, Lagarde,
Macron et leurs homologues du monde entier présenteront ensuite la note aux
classes populaires auxquelles ils demanderont de rembourser leur dette.
Avant même de déclencher une nouvelle crise économique, l’épidémie révèle l’égoïsme sans frein de la classe possédante, sa voracité et les risques qu’elle fait courir à toute la société. Même si l’épidémie actuelle ne suffisait pas à déclencher une crise catastrophique, elle montre à quel point la menace pèse sur la société. Car elle ne tient pas au virus mais au capitalisme même, à son organisation sociale absurde et criminelle.
Avant même de déclencher une nouvelle crise économique, l’épidémie révèle l’égoïsme sans frein de la classe possédante, sa voracité et les risques qu’elle fait courir à toute la société. Même si l’épidémie actuelle ne suffisait pas à déclencher une crise catastrophique, elle montre à quel point la menace pèse sur la société. Car elle ne tient pas au virus mais au capitalisme même, à son organisation sociale absurde et criminelle.
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