20 Novembre 2019
Bien qu’il n’ait mobilisé qu’une
fraction minoritaire de la population, le mouvement des gilets jaunes a fait
apparaître au grand jour la colère des milieux populaires contre la dégradation
de leurs conditions de vie et la baisse du pouvoir d’achat.
Parti d’une protestation contre
une taxe supplémentaire sur les produits pétroliers, au nom de la lutte contre
le réchauffement climatique, il a permis à de nombreux travailleurs de se
rendre compte qu’ils n’étaient pas seuls à vivre chichement, voire à ne même
plus pouvoir payer leurs factures. Ce sujet des fins de mois difficiles a pu
être largement discuté.
Ceux qui ont participé à ce
mouvement, et c’était souvent une première fois, ceux qui l’ont soutenu se sont
politisés au fil des manifestations. Ils ont remis en cause le fonctionnement
de l’État, ils ont fait l’expérience des agissements de la police. Ils ont pris
conscience du fait que la population n’avait pas de contrôle sur le personnel
politique, ni sur les décisions prises dans ce pays qui prétend être une
démocratie. Celle-ci leur est apparue comme un paravent des exigences des
groupes financiers. Sur les ronds-points et en toute occasion, les discussions
ont largement dépassé la revendication de la démission de Macron, pour
s’orienter vers la contestation générale de l’organisation sociale.
Le mouvement des gilets jaunes a
montré qu’on pouvait relever la tête. Mais le recul de l’État n’a été que
verbal et les 17 milliards qu’il prétend avoir concédés n’ont pas écorné les
intérêts du grand patronat au profit duquel gouvernent tous les présidents.
Pour résoudre les problèmes de
fin de mois, il faudrait une augmentation générale des salaires, la réduction
du chômage par l’embauche des précaires, l’interdiction des suppressions de
postes et des licenciements dans les grands groupes et leurs sous-traitants.
Ces revendications ne peuvent être que celles des travailleurs, organisés et en
lutte pour les intérêts de l’ensemble de leur classe sociale. Or les
travailleurs qui ont participé au mouvement des gilets jaunes, ou l’ont
soutenu, l’ont fait en tant qu’individus, en dehors des entreprises.
La colère existe cependant
toujours et ne peut que s’accumuler, au rythme des attaques du gouvernement et
du grand patronat. Pour qu’elle débouche sur un véritable changement, il faudra
qu’elle se généralise à l’ensemble du monde du travail et que les travailleurs
se mobilisent là où ils sont forts, dans les entreprises, les transports, les
services. C’est là qu’ils créent les richesses, détournées par les
capitalistes. C’est là qu’ils ont les moyens de renverser le rapport de forces
et de contester l’ordre social que ces derniers leur imposent.
Inès Rabah (Lutte ouvrière n°2677)
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