lundi 18 mars 2019

Elections européennes : Lutte ouvrière dans les élections européennes (4) La suite de l’article de notre revue Lutte de classe de mars-avril 2019


Lutte ouvrière dans les élections européennes (4) La suite de l’article de notre revue Lutte de classe de mars-avril 2019 sur papier ((2,5 euros) ou :

https://mensuel.lutte-ouvriere.org//2019/03/09/lutte-ouvriere-dans-les-elections-europeennes_117795.html

Bloquer l’économie, ou la faire fonctionner dans l’intérêt collectif?

Ce qui a le plus enthousiasmé les médias bourgeois dans le mouvement des gilets jaunes à ses débuts, c’est le «caractère original» des blocages de ronds-points qui ont perturbé la vie économique et ont rendu le mouvement plus visible. Mais cela en a aussi gelé les limites, étroites.
La perspective politique de la classe ouvrière n’est pas de bloquer la vie économique. Elle est de la réorganiser, de la faire fonctionner autrement. Elle est d’enlever à la grande bourgeoisie la propriété des grands moyens de production et le commandement de toute la vie économique.
De cette différence de perspective découlent les différences pour ce qui est des réponses à toutes les questions soulevées à l’intérieur du mouvement des gilets jaunes.
La question du pouvoir d’achat pour commencer. Elle a été commune à diverses catégories populaires. Les travailleurs de petites entreprises, les retraités, les chômeurs – la couche la plus dispersée, la plus écrasée de la classe ouvrière – en constituaient la majorité.
Pour la classe ouvrière, derrière la question du pouvoir d’achat, il y a pour, paraphraser Trotsky (le Programme de Transition), les «deux maux économiques fondamentaux dans lesquels se résume l’absurdité du système capitaliste, à savoir le chômage et la cherté de la vie».
La transformation d’un nombre croissant de travailleurs en chômeurs réduits à la charité publique est une catastrophe pour l’ensemble de la société. Aujourd’hui comme au temps de Trotsky, le seul objectif qui vaille face à cette catastrophe est la répartition du travail existant entre tous les travailleurs, sans diminution de salaire. La durée de la semaine de travail doit être déterminée en fonction de cette répartition.
Pour défendre le pouvoir d’achat des salariés et des retraités contre le renchérissement de la vie dû aux hausses des prix aggravées par les prélèvements étatiques, le seul objectif qui vaille est l’augmentation des salaires et des retraites et leur indexation automatique sur les prix.
En exprimant la volonté légitime de mieux contrôler ce que l’État fait de l’argent de nos impôts, le mouvement des gilets jaunes a également soulevé, quoique de façon limitée, extrêmement confuse et ambiguë, la question du monopole des décisions par les prétendues élites. Pour l’essentiel, la réponse sur laquelle s’est retrouvée la quasi-totalité du mouvement a été: «Macron démission!» Sy est ajouté par la suite le référendum dinitiative citoyenne.
Les élites du pouvoir étatique, si bien incarnées en la personne de Macron et son mépris de classe, ne sont cependant pas suspendues en l’air. Même les hommes d’État qui ne sont pas issus de la grande bourgeoisie ont été formés, dressés, pour servir ceux qui monopolisent les capitaux, le véritable pouvoir dans la société. S’en prendre à la classe capitaliste n’était pas dans les objectifs du mouvement des gilets jaunes, si ce n’est sous la forme innocente de dénoncer l’injustice de certaines mesures symboliques comme la suppression de l’ISF.
La transparence sur le comment et le pourquoi des décisions est une préoccupation légitime que seuls les travailleurs peuvent pousser jusqu’au bout, en la traduisant en fonction de leurs intérêts de classe.Le remplacement du chef de l’État en place par un autre, ou un référendum, fût-il «citoyen» ou «populaire», offrent une fausse solution à un vrai problème. La question de fond, confusément posée par les gilets jaunes, est: qui contrôle et dans lintérêt de qui?
La réponse ne peut pas se limiter à la transparence du fonctionnement de l’État. Elle doit viser, autant et plus, les entreprises capitalistes sur lesquelles repose le fonctionnement de l’économie et de la société.
La transparence dans la gestion des entreprises ne peut être réalisée que par la suppression du secret industriel et commercial et par le contrôle ouvrier sur les entreprises.
La classe ouvrière dans son ensemble et dans toute sa diversité est la seule à pouvoir réaliser le contrôle de la vie économique.
Même la classe capitaliste ne contrôle, n'encadre et ne maîtrise l’économie que par l’intermédiaire de salariés. Dans les entreprises, pour en assurer le fonctionnement, dans les banques et les compagnies d’assurances, et jusque dans les officines spéculatives, la grande bourgeoisie passe par l’intermédiaire de toute une hiérarchie de salariés, jusqu’aux employés les plus mal payés.
Ensemble et organisés, c’est-à-dire liés entre eux, guidés par la conscience de classe et un programme, ces employés n’auraient aucun mal à exercer le contrôle; cette fois, non pas dans lintérêt dune classe de parasites, mais dans leur propre intérêt et dans lintérêt des classes laborieuses. Ensemble, ils ont les moyens de mettre le doigt non seulement sur toutes les magouilles particulières, sur tous les détournements individuels dont l’actualité est pleine, mais aussi de mettre au jour l’appropriation de l’ensemble de l’économie par le seul grand capital et le détournement des forces de production collectives au profit d’une minorité de parasites.
En agissant en tant que classe, en dépassant les intérêts locaux ou corporatifs, les travailleurs en lutte franchiront, à travers le contrôle, les premiers pas vers la réorganisation complète de l’économie, pour arracher les moyens de production à leurs propriétaires parasites, pour donner du travail à tous et le répartir équitablement. Le vieux mot d’ordre des classes laborieuses, «faire payer les riches», prendrait enfin sa signification.
(A suivre)



Demain lundi 18 mars
À 11h00
BFMTV :  Interview de Nathalie Arthaud

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