Jaune,
rouge ou noire, la colère est toujours là !
Avec la nouvelle année, le
gouvernement espérait tourner la page des gilets jaunes. C’est raté !
Malgré les quelques concessions de Macron et la trêve des confiseurs, 50 000
gilets jaunes ont encore manifesté leur colère samedi dernier. Dimanche,
quelques centaines de femmes gilets jaunes ont pris le relais dans une ambiance
festive. Même affaibli, le mouvement multiplie les initiatives, et c’est tant
mieux parce que cette contestation est légitime et salutaire.
Après avoir utilisé la carotte
avec, entre autres, l’organisation d’un grand débat national censé déboucher
sur des solutions, le gouvernement a opté pour le bâton. Depuis une semaine, il
multiplie les provocations et fait monter la tension. Il a systématiquement
utilisé la force pour faire évacuer les ronds-points. Il a redoublé
d’invectives vis-à-vis des gilets jaunes. Aujourd'hui, il instrumentalise les
affrontements qui ont émaillé les manifestations et l’attaque au Manitou contre
le ministère de Griveaux, pour caricaturer un mouvement qui exprime surtout un
mécontentement profond.
Quel que soit le devenir du
mouvement des gilets jaunes, le mécontentement ne peut que grandir. Parce qu’on
est en crise, parce qu’il y a plus de six millions de chômeurs, parce que le
grand capital est de plus en plus rapace et les inégalités et les injustices de
plus en plus révoltantes.
Aujourd'hui, des
multimilliardaires réservent un billet pour faire le tour de la Lune en 2023.
Des entreprises investissent des dizaines, des centaines de milliards, pour
répondre à ce genre de caprices de riches ou, pire encore, alimentent la
spéculation. Et le gouvernement dit qu’il n’y a pas d’argent pour les urgences
hospitalières saturées, les Ehpad ou l’habitat insalubre !
Toute la société est bloquée
parce que les capitaux se concentrent dans les mains d’une toute petite
minorité et sont intouchables, inutilisables pour la collectivité. Au nom de la
propriété privée, il est interdit de contrôler l’usage fait de ces capitaux. Il
est interdit de les réquisitionner quand bien même la société en aurait un
besoin urgent pour investir dans le logement, les transports, la santé ou
l’éducation. Ces richesses, pourtant créées par le travail collectif de
dizaines de milliers de travailleurs, échappent à la société. C’est ce qu’il
faut changer.
Le mouvement des gilets jaunes a
exprimé la volonté de mieux contrôler ce que font l’État et les élus de
l’argent de nos impôts. C’est légitime. Mais contrôler ce que fait la classe
capitaliste des richesses créées par l’ensemble du monde du travail l’est tout
autant.
C’est dans les mains de cette
minorité capitaliste que réside le véritable pouvoir. C’est le pouvoir de Ford
ou de PSA de fermer une usine, celui de Sanofi ou Renault de gaver leurs
actionnaires et de bloquer les salaires. C’est le pouvoir de Vinci de
transformer les autoroutes en caisses enregistreuses, ou encore celui des
banques de transformer leurs bureaux en salles de casino.
Une infime minorité décide seule
de choix engageant toute la société. La véritable démocratie et le
« pouvoir du peuple » n’auront de sens qu’une fois cette minorité
détrônée, quand toute la population pourra donner son avis et surtout
participer aux décisions sur la façon de gérer collectivement les grandes
entreprises qui dominent l’économie.
C’est une nécessité non seulement
pour les travailleurs mais pour toute la population, car on le voit, la loi du
profit et de la concurrence écrase non seulement les ouvriers et employés, mais
aussi nombre de petits patrons, commerçants et artisans qui, tout en
travaillant d’arrache-pied, ne vivent pas mieux que la moyenne des salariés.
Il s’agit même du sort et de
l’avenir de la société. Un monde qui ne permet pas de vivre dignement à ceux
qui ne possèdent pas de capitaux ne peut être qu’un monde de plus en plus
barbare. Et le nôtre le devient de plus en plus avec la tentation du repli sur
soi et du nationalisme, avec la résurgence du racisme et du rejet de l’autre.
Il ne suffit pas d’en appeler à
une meilleure répartition des richesses. Car il ne peut pas y en avoir de juste
tant que le pouvoir appartient à la minorité qui contrôle ces richesses. Il faut
prendre collectivement la main sur les capitaux des grands groupes capitalistes
en expropriant la bourgeoisie.
Exproprier le grand capital,
collectiviser les moyens de production, est le seul moyen pour réorganiser de
fond en comble la production et faire en sorte qu’elle ne réponde pas à la
demande de profits d’une minorité, mais aux besoins réels de toute la
population.
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