Tour de
France : la machine à cash
Derrière les clichés
journalistiques qui présentent le tour de France comme un spectacle offert à
tous gratuitement, il y a une énorme mécanique à faire des sous, beaucoup de
sous.
En premier lieu c’est une
entreprise privée qui rapporte gros. Pour parcourir 3 500 km en trois semaines,
les coureurs s’épuisent dans les cols, risquent de se briser les os à 40 km/h
sous une pluie battante, voire à 80 km/h dans une descente, pour grappiller
quelques secondes. Pendant ce temps-là, les organisateurs touchent le gros lot
sans faire un tour de pédale.
Dans cette grande foire commerciale,
la liste des profiteurs est longue. En première ligne, on trouve Amaury Sport
Organisation (ASO), l’organisateur de la manifestation. La moitié des recettes,
qui dépassent les 100 millions d’euros et ont décuplé en 30 ans, sont tirées
des droits de retransmission télévisée, dans 190 pays. S’y ajoute le «
sponsoring », dont chacun des « partenaires commerciaux » escompte bien un
retour sur investissement. Et, pour 10 % des recettes, le ticket est acquitté
par les villes-étapes. Düsseldorf a ainsi dû débourser 5 millions d’euros pour
accueillir le « Grand départ ». Un départ à l’étranger (Grande-Bretagne,
Pays-Bas, etc.) tient moins à l’amitié entre les peuples qu’à la recherche de
marché commercial. Les villes étapes déboursent 70 000 euros pour un départ et
110 000 euros pour une arrivée. Car accueillir une étape amène des recettes aux
hôteliers, restaurateurs et autres commerces. Quant aux dépenses, ce sont les
habitants qui les règlent !
ASO organise de nombreuses autres
courses cyclistes, ainsi que le rallye Dakar, le Tour de France à la voile, le
Marathon de Paris, l’Open de France de golf, etc. La rentabilité est supérieure
à 20 %. Et les journaux L’Équipe ou Vélo Magazine, qui
appartiennent aussi au groupe Amaury, se chargent de faire de la publicité à
ces compétitions – en toute indépendance journalistique, bien sûr…
Avec quelque 300 millions d’euros
de patrimoine, la famille Amaury était classée 230e fortune française en 2016
par le magazine Challenges. C’est dire que les efforts des cyclistes à
l’assaut des cols du Galibier ou de l’Izoard ne sont pas perdus pour tout le
monde.
Michel
BONDELET (Lutte ouvrière n°2555)
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