Fillon et
Juppé, en compétition pour servir le grand patronat
La France de droite, des beaux
quartiers, des messes dominicales et des préjugés anti-ouvriers a donc voté, et
Fillon arrive en tête, suivi de Juppé. Sarkozy est éliminé et aucun travailleur
ne le regrettera.
À entendre Fillon, Sarkozy, dont
il était le Premier ministre, aurait dû mener une politique encore plus
anti-ouvrière, encore plus dévouée au grand capital. Aujourd'hui, le député du
très chic 7e arrondissement de Paris veut être un Thatcher français.
L’électorat de droite a choisi celui qui affiche le programme le plus
réactionnaire, y compris avec un catholicisme bien-pensant sur les questions de
société.
Quant à Juppé, ancien Premier
ministre de Chirac, il mena aussi une politique anti-ouvrière, attaquant la
Sécurité sociale et les retraites. Alors qu’il se vantait d’être « droit
dans ses bottes », il dut manger son chapeau et reculer devant la vague de
grèves et de manifestations massives, en 1995.
Aujourd'hui, Fillon et Juppé sont
d’accord sur la saignée à imposer aux classes populaires.
L’un et l’autre veulent augmenter
la TVA, baisser l’impôt sur les bénéfices des sociétés et supprimer l’impôt sur
la fortune, autrement dit faire financer des cadeaux aux riches par ceux qui ne
le sont pas.
85 milliards de baisses de
dépenses publiques, promet Juppé ; 110 milliards, renchérit Fillon.
300 000 suppressions de postes de fonctionnaires, annonce le
premier ; 500 000, ajoute le second. Cela veut dire moins
d’enseignants dans les écoles des quartiers populaires, moins de personnel dans
les hôpitaux, moins d’employés communaux, donc moins de services utiles à la
population.
Ils veulent passer des 35 aux 39
heures, voire, pour Fillon, jusqu’à 48 heures ! Fillon veut même supprimer un
jour férié. Ils veulent reporter l’âge de la retraite à 65 ans. Non seulement
pour ces messieurs, les ouvriers du bâtiment, les aide-soignantes des hôpitaux
ou les caissières de supermarché ne sont pas du même monde qu’eux, mais ils
sont convaincus que ce sont des fainéants.
Plutôt que de chercher à résoudre
le chômage, ces marionnettes du Medef ont des idées contre les travailleurs.
Ils veulent faciliter les licenciements et réduire les allocations des
chômeurs.
Ils veulent aussi s’en prendre
aux étrangers, en leur supprimant l’aide médicale d’urgence et en restreignant
le regroupement familial, eux qui se posent en grands défenseurs de la
famille !
Il est curieux de voir ces
chevaux de retour promettre que, demain, tout va changer. Au pouvoir entre 2002
et 2012, ils n’ont pas osé appliquer un programme aussi que réactionnaire que
celui qu’ils affichent aujourd'hui. Parce qu’ils redoutaient les réactions des
travailleurs. Mais depuis, la gauche gouvernementale leur a préparé le terrain
en attaquant la classe ouvrière. Au million de chômeurs supplémentaires de
Sarkozy, elle en a rajouté un million. Elle a fait 40 milliards d’euros de
cadeaux au patronat. Elle a remis en cause les droits des salariés. Si, demain,
nous avons un Thatcher français, nous en serons redevables à Hollande et Valls.
Le PS n’a pas encore choisi son
candidat. Mais un outsider comme Macron s’est déjà lancé. Après avoir été
banquier d’affaires chez Rothschild, il a été haut-fonctionnaire auprès de
Hollande puis ministre de l’Économie. Il y a trois mois, il défendait encore la
politique du gouvernement. Et puis, comme les rats qui quittent le navire, il
s’est découvert un destin individuel. Il trouve le Code du travail « trop
rigide » et propose d’augmenter la durée du travail pour les jeunes qui
ont un emploi. Il a certes trahi Hollande, mais pas la bourgeoisie.
Fillon ou Juppé ;
Macron ; Le Pen ; Valls ou Hollande : avec une telle profusion
de candidats à sa botte, le patronat va avoir l’embarras du choix. La plupart
de ces prétendants ont déjà pu montrer leur dévouement. Et si Le Pen n’a jamais
eu son fauteuil ministériel, c’est la seule différence réelle car, pour le
reste, elle veut également accéder au pouvoir pour servir les riches.
Face à celui qui sera élu en mai
2017, les travailleurs, s’ils veulent se défendre, ne feront pas l’économie de
puissantes luttes collectives. Mais dans l’immédiat, face à la déferlante de
propos et de programmes anti-ouvriers, ils doivent au moins saisir l’occasion
offerte par les élections pour faire entendre le camp des travailleurs. À
l’arrogance des politiciens de la bourgeoisie, ils peuvent opposer leur fierté
de travailleurs, leurs exigences et leur conscience de classe. C’est le sens de
la candidature de Nathalie Arthaud présentée par Lutte ouvrière.
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