Mondial
de l'Auto : les profits vont bien, avec la peau des salariés
Le Mondial de l’Auto se tient ces
jours-ci, et les constructeurs ont droit à de la publicité gratuite de la part
des médias. On saura tout sur les bienfaits de la voiture électrique et sur
l’avenir radieux de la voiture autonome, voire de la voiture volante.
Les grands constructeurs répètent
en chœur que ça va mieux. On veut bien les croire. Les ventes augmentent et de
nombreuses entreprises s’attendent à battre des records.
Il y a quatre ans, une
entreprise comme PSA Peugeot-Citroën se disait au bord de la faillite. Ses
dirigeants expliquaient alors, le visage grave, qu’il leur fallait fermer
l’usine d’Aulnay-sous-Bois. Le ministre Montebourg avait estimé cette fermeture
« inévitable », dans le département le plus pauvre de France. Et
pendant que 3000 salariés étaient ainsi poussés dehors, Montebourg avait prêté
7 milliards d’euros à PSA, avec l’argent du contribuable. Aujourd'hui, PSA se
vante de bénéfices énormes, 1,2 milliard au premier semestre de 2016 : les
actionnaires toucheront le jackpot.
Toutes les entreprises
automobiles annoncent des bénéfices en hausse. Il n’est qu’à voir les revenus
mirobolants de leurs PDG. Chez PSA, Carlos Tavares a gagné 5,24 millions
d’euros en 2015. Carlos Ghosn, chez Renault-Nissan, cumule 16,5 millions, soit
45 000 euros par jour, samedis, dimanches et fêtes compris. Et encore les
PDG ne sont-ils que les serviteurs des capitalistes, grassement payés pour la
guerre qu’ils mènent aux salariés ! Quant aux actionnaires, ils ont touché
des dividendes record pour 2015, et 2016 promet d’être encore plus faste.
En quoi les salariés
profitent-ils de cette santé insolente ? En rien. Beaucoup ont perdu leur
emploi. Leur salaire n’augmente pas. Tous subissent une charge de travail
accrue au quotidien.
Ainsi, chez PSA, la direction a
mis au point une « Garantie journalière de production » : la
moindre panne sur les chaînes de montages se solde par un rattrapage. Une panne
de 10 minutes, c’est une pause repas réduite d’autant ; une panne d’une
demi-heure, c’est une journée de travail prolongée. Quant aux cadences sur les
chaînes, elles ont encore augmenté. Le prix à payer ? Plus de fatigue aujourd'hui,
plus de troubles musculo-squelettiques et de handicaps demain. Pour PSA, les
dividendes des actionnaires valent bien cela.
En accroissant ainsi la
productivité de ses salariés, PSA a supprimé 17 000 emplois en quatre ans,
tout en augmentant sa production ! Mais ce n’est qu’un exemple. Toutes les
entreprises automobiles réduisent leur masse salariale. Et toutes maintiennent
ou augmentent leur production, non pas en investissant, mais en rognant sur les
pauses et en accélérant les cadences. Autrement dit, en augmentant
l’exploitation. Dans une usine de Maubeuge, filiale de Renault, le directeur se
vantait récemment qu’un ouvrier produisait 100 voitures par an, contre 60 en
moyenne dans les autres usines. À l’usine Smart de Hambach en Moselle, les
salariés travaillent désormais 39 heures payées 37 : ce vol de salaire a
été imposé par un scandaleux chantage à la fermeture de l’usine. Partout, les
entreprises ont multiplié le recours aux intérimaires. À Renault-Flins, ils
sont 2100 ; à Renault-Cléon, 1600 ; à Renault-Sandouville, ils
représentent 60 % de l’effectif ! Et les politiciens verseront
ensuite des larmes de crocodile sur l’augmentation de la précarité !
Les gouvernements ont chouchouté
les constructeurs. Les autorités sont peu regardantes sur les normes de
pollution diesel, qui ne sont respectées par aucune entreprise. Et le
gouvernement PS a été particulièrement généreux, comme avec le Crédit impôt
compétitivité emploi (CICE), qui a largement bénéficié à ces multinationales.
Quant aux profits dégagés par
l’industrie automobile, comme par les autres secteurs, ils ne profitent pas à
la société. Ils ne permettront pas de bâtir des hôpitaux ou de nouvelles
écoles, ni d’améliorer les transports publics, ni d’augmenter les pensions de
retraite. Ils alimentent le parasitisme des actionnaires. Et ils s’ajoutent aux
quantités colossales d’argent qui affluent vers la finance, favorisant la
spéculation.
La presse parle aujourd'hui de
nouveau du risque d’un krach financier. Huit ans après celui de 2008, un tel
effondrement n’est pas exclu, menaçant en retour toute l’économie, les emplois,
les salaires et les pensions. L’industrie automobile incarne ainsi la folie du
capitalisme. Un système fondé sur l’exploitation féroce de ses salariés et qui
transforme la création de richesses en une menace géante de destruction pour
toute l’humanité.
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