Jules
Moch 1948 : Valls a de qui tenir
Valls a menacé d’interdire les
manifestations à venir contre la loi travail. Comme dirigeant soi-disant
socialiste prêt à réprimer les manifestations ouvrières, il peut faire valoir
des références parmi ses prédécesseurs, à commencer par le ministre de
l’Intérieur « socialiste » Jules Moch.
Dans
les années de l’après Deuxième Guerre mondiale, tous les efforts imposés à la
classe ouvrière au nom de la reconstruction, le maintien du rationnement et
l’inflation aboutirent à une explosion du mécontentement.
L’année
1947 fut d’abord marquée par une grève massive à l’usine Renault de Billancourt
au printemps, puis par une vague de grèves spontanées durant l’été dans
plusieurs villes de province. En novembre, une grève de la métallurgie toucha
des dizaines de milliers de travailleurs dans la région de Marseille. Dans la
foulée, la CGT, dont la direction était contrôlée par le PCF, lança un appel
dans la métallurgie à l’échelle du pays. Des grèves furent aussi déclenchées
dans le bassin minier du nord de la France.
Le
PCF, qui avait été forcé de quitter le gouvernement quelques mois plus tôt,
espérait encore convaincre la bourgeoisie qu’il lui serait nécessaire pour
contenir la contestation ouvrière. Tout en accompagnant les coups de colère,
voire en étant à l’initiative de certains, le PCF et la CGT voulaient aussi
empêcher que la situation leur échappe.
Au
gouvernement, Jules Moch, dirigeant du Parti socialiste SFIO, voulait montrer
au patronat qu’il pouvait compter sur un socialiste pour maintenir l’ordre. Il
fut un des premiers ministres de l’Intérieur à utiliser les CRS dont le corps
avait été créé à la sortie de la guerre. Il en fit d’ailleurs dissoudre deux
compagnies parce qu’elles avaient fraternisé avec les émeutiers de Marseille et
il rappela une demi-classe de réservistes. Il envoya la troupe contre les
grévistes et les manifestants et les affrontements furent très violents.
L’année
suivante, en 1948, c’est le gouvernement qui chercha le bras de fer avec les
mineurs. Fin septembre, il annonça le licenciement de 10 % des travailleurs des
Charbonnages de France et l’instauration de nouvelles règles disciplinaires,
notamment le renvoi automatique en cas d’absentéisme. Face à la provocation, la
CGT appela à la grève.
Le
gouvernement, où droite et gauche cohabitaient, mena une intense propagande
anti-CGT et anticommuniste. On venait de basculer dans la guerre froide. Jules
Moch fut à nouveau à la tête de la répression. 45 000 hommes furent ramenés d’Allemagne
pour investir le Nord-Pas-de-Calais. La troupe affronta les grévistes en
batailles rangées. La reconquête du territoire par l’armée se fit maison par
maison, puits de mine par puits de mine. Il y eut au moins six morts, dans le
Nord et dans la région d’Alès près de Nîmes. 3 000 mineurs furent licenciés, et
du coup expulsés de leur logement, et au moins 1 000 furent emprisonnés.
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