mardi 19 avril 2016

Mayotte : la grève pour l'égalité réelle



Quinze jours de grève générale à Mayotte

Mayotte, un département français d'outre-mer, a été paralysé durant quinze jours par un mouvement de grève générale pour revendiquer « l'égalité réelle » avec la métropole.
         Les grévistes réclament l'alignement des allocations familiales et des autres prestations sociales sur leur niveau ici, l'application du code du travail national à Mayotte, etc.
         Après avoir répondu à ces justes revendications par l'envoi de policiers contre les barrages routiers, le gouvernement a dû s'engager à satisfaire une partie des revendications.
         La lutte pour « l'égalité réelle » n'est pas finie. Mais les travailleurs de Mayotte ont montré leur force, et ils ont bien raison.

Un article du dernier numéro de Lutte ouvrière n°2489

Mayotte : grève générale pour l’égalité réelle

Depuis le 30 mars, la grève s’étend parmi les travailleurs de Mayotte. L’intersyndicale qui a lancé le mouvement réclame l’égalité réelle avec la métropole, en particulier pour les allocations familiales, des retraites décentes, l’application du Code du travail national et, concernant les fonctionnaires, l’alignement de leur salaire sur celui pratiqué à La Réunion.
         Archipel de 230 000 habitants situé dans l’océan Indien, Mayotte est devenue en 2011 un département français, normalement à l’égal de tous les autres. Mais cinq ans après, les droits des travailleurs mahorais sont toujours à la traîne. À titre d’exemple, le montant du RSA représente aujourd’hui moins de la moitié de celui versé en métropole, et le rattrapage n’est prévu que sur une très longue période.
         Par contre, « quand il s’agit de nous imposer des devoirs, l’État n’y va pas de manière progressive. Toute la population s’est soulevée récemment contre les pressions fiscales », a dénoncé le secrétaire général de la CGT à Mayotte.
         La création depuis deux mois d’un secrétariat d’État à l’Égalité réelle par Hollande et Valls ne peut sonner que comme une provocation pour ceux dont les droits sont rognés par ce même pouvoir, pour tous ceux qui n’ont pas d’emploi, en particulier les 40 % de moins de 30 ans.
         Mayotte avait déjà été le théâtre en 2011 d’importantes grèves et manifestations pour contester la vie chère, au point de bloquer la vie économique de l’île. C’est un blocage de cet ordre que les grévistes imposent à présent. Lancée en novembre dernier, la mobilisation avait été suspendue pour cause d’instauration de l’état d’urgence… à 8 000 kilomètres de Paris. Ce sont les protestations contre la loi travail qui ont à nouveau mis en mouvement les travailleurs mahorais, à l’unisson des manifestations en France le 31 mars, puis dès le 1er avril, sur leur revendication d’égalité.
         L’activité à Mamoudzou, la principale ville de l’île, qui a vu se dérouler plusieurs manifestations la première semaine de la grève, tourne au ralenti. Les grévistes ont autorisé la réouverture des magasins dimanche 10 avril pour que la population, craignant les pénuries, puisse se ravitailler. Les barrages routiers se sont généralisés le lendemain dans toute l’île. Quand la police en démantèle, ils se reforment tout de suite après.
         Face au préfet et au gouvernement qui font jusqu’à présent la sourde oreille aux revendications des grévistes, le mouvement dure et se renforce.
                                                                      
                                                           Lucien DÉTROIT


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