Macron et
Valls : les démolisseurs des droits des travailleurs
Le recours au 49.3 par le
gouvernement pour faire passer la loi Macron et la motion de censure de l’UMP
ne furent qu’un concentré de comédie et d’hypocrisie politicienne.
Les
médias l’ont rappelé : en 2006, Hollande, alors qu’il était dans
l’opposition, avait dénoncé le recours au 49.3 par le gouvernement de droite
comme « une brutalité, un déni de démocratie, une manière de freiner ou
d’empêcher le débat parlementaire ». Un des députés PS de l’époque,
Manuel Valls, en demandait même l’abrogation…
Aujourd’hui,
les rôles sont inversés, et c’est la droite qui donne des leçons de
démocratie... Jusqu’à ce qu’elle revienne au pouvoir et marche sur ses propres
boniments concernant la « représentation populaire ».
Hypocrisie
encore quant aux prétendues divergences politiques sur la loi Macron. À
commencer par les députés « frondeurs » et ceux d’Europe écologie qui
ne pouvaient pas voter cette loi du fait de désaccords trop importants. Mais,
dès que les choses sont devenues sérieuses, ils sont rentrés dans le
rang ! C’est une leçon dont il faut se souvenir car on ne peut pas
accorder sa confiance à des politiciens aussi prompts à trahir leurs
convictions pour conserver leur strapontin.
Du côté
des députés de droite, ce fut la même hypocrisie. Ils ne peuvent pas se
plaindre de ce que Macron et Valls reprennent leur politique, alors ils leur
reprochent de ne pas aller assez vite.
Quant à
Valls, ce petit jeu lui a permis de montrer que rien ne l’arrêtera dans ses
réformes pro-patronales et surtout pas les états d’âme de quelques socialistes
qu’il dénonce comme attardés.
Cette
comédie est écœurante et ne peut pas dissimuler le fond : la droite et la
gauche se succèdent pour imposer des lois toutes plus anti-ouvrières les unes
que les autres.
La loi
Macron n’est pas encore passée au Sénat que Valls lance une nouvelle loi avec
Rebsamen, le ministre du Travail. Tous deux ne s’en cachent pas, il s’agit d’adopter
les propositions du Medef sur les seuils sociaux et le « dialogue
social ».
Avec
Hollande, le patronat aura été comblé. Le Medef voulait une réforme des
retraites, il l’a eue. Il voulait une baisse du coût du travail, il l’a obtenue
avec le crédit d’impôt compétitivité. En prime, avec le pacte de solidarité, le
gouvernement lui a même servi une baisse d’impôt.
Mais il y
a une chose à laquelle le patronat rêve depuis longtemps : pouvoir
négocier « librement » de patron à salarié, de façon à profiter de sa
position de force et passer outre les limitations imposées par le code du
travail.
Et là
encore, le gouvernement s’y est engagé. La loi de juin 2013 a donné le droit
aux employeurs de déroger au code du travail s’ils parvenaient à faire signer
des accords d’entreprise. En refusant par exemple d’inscrire dans sa loi, au
nom du dialogue social, la majoration salariale pour les salariés qui
travailleront le dimanche dans les zones touristiques, Macron continue dans la
même veine.
Macron a
d’ailleurs salué les bons résultats de Renault et de Peugeot en louant le
dialogue social. « Les efforts ont payé ! », a-t-il dit.
C’est sûr, entre les suppressions d’emplois, le blocage des salaires,
l’allongement du temps de travail et l’augmentation des cadences, les ouvriers
en ont fait, des efforts. Mais ce n’est pas pour eux que ça paye, c’est pour
les actionnaires !
Contrairement
aux mensonges des perroquets du Medef que sont Macron et Valls, l’entreprise
n’est pas le lieu où patron et salariés se serrent les coudes et se partagent
les fruits de la réussite. Elle est le lieu de la lutte de classe, le lieu où
le patronat se bat pour accroître l’exploitation, et les salariés pour la faire
reculer.
Moins de
code du travail, moins de recours en justice, place aux accords d’entreprise…
tout en affaiblissant la représentation syndicale dans l’entreprise : le
gouvernement livre les salariés à la férocité patronale.
Face au
pouvoir d’un patron, un travailleur isolé est forcément perdant. Le seul moyen
de contrebalancer son pouvoir et la puissance que lui confère son argent, c’est
la force collective des travailleurs et leur organisation.
Tout au
long de décennies de rapport de force, cette force collective a arraché à la
bourgeoisie des lois sociales. Même s’il a toujours fallu se battre dans les
entreprises pour qu’elles soient appliquées, elles n’en sont pas moins un
précieux point d’appui pour les salariés. Maintenant que la bourgeoisie se sent
assez forte pour le faire, elle veut tout liquider avec la complicité du
gouvernement. Il faut s’y opposer et cette opposition ne peut venir que des
travailleurs eux-mêmes.
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