Moyen-Orient : la
coalition contre l'« État islamique », une nouvelle guerre impérialiste !
Les dirigeants
impérialistes, États-Unis en tête, ont engagé une nouvelle guerre au
Moyen-Orient. Après le début des bombardements, le 8 août en Irak, puis le
22 septembre en Syrie, Obama est parvenu à rassembler près d'une
cinquantaine d'États dans une coalition militaire contre l'avancée des bandes
armées du prétendu « État islamique ».
Revenant sur ses
promesses de retrait d'Irak et d'Afghanistan, Obama présente maintenant les USA
comme « le leader mondial dans la lutte pour affaiblir et finalement
détruire le groupe terroriste connu sous le nom d'EI ». Pour sceller les
participants à cette nouvelle version de la croisade contre le
« terrorisme », Washington a fait voter par le Conseil de sécurité
une résolution les engageant à lutter contre l'encouragement et le financement
du « djihad ». Car les dirigeants américains savent parfaitement que
nombre d'États, en Orient comme en Occident, n'ont cessé de fournir armes et
dollars à des milices combattant un ami de leur ennemi du moment, jusqu'à ce
que celles-ci échappent à tout contrôle.
Derrière les dirigeants
des États-Unis, de la France, et de treize autres États occidentaux, dont la
Grande-Bretagne, se sont finalement regroupés ceux de six dictatures
arabes : l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, aux dires du
Pentagone, auraient bombardé des raffineries contrôlées par EI. Il s'y ajoute
Bahrein, la Jordanie, le Qatar et le Koweit qui auraient ouvert leurs bases aux
avions US ou auraient prévu de faciliter les opérations militaires américaines.
Non seulement les
puissances impérialistes ont jeté les bases explosives des conflits qui ont
dressé les uns contre les autres les peuples du Moyen-Orient, mais ils ont
encouragé, formé les groupes armés dont ils espéraient se servir dans leur jeu politique
régional. Ils sont au premier chef responsables de l'éclatement de l'Irak et de
sa désagrégation en territoires dominés par de multiples bandes armées rivales,
dont certaines ont renforcé l'EI. Les grands brigands s'appuient sur de plus
petits, comme l'Arabie saoudite et le Qatar, qui sont de notoriété publique
parmi les pourvoyeurs financiers des groupes armés « djihadistes ».
L'objectif avancé est de
lutter contre les méthodes barbares de l'EI. Mais il suffit de se rappeler la
façon dont les droits des femmes, des ouvriers immigrés, des opposants sont
bafoués par ces régimes, comment en Arabie saoudite on procède aux
décapitations publiques au sabre, pour savoir que les « djihadistes »
n'ont rien inventé.
Nouvellement ralliée à
la croisade, la Turquie s'est jointe au concert des hypocrites, après la
libération, le 20 septembre, des otages turcs détenus pendant trois mois à
Mossoul par un groupe de l'EI. Selon le président islamo-conservateur Recep
Tayyip Erdogan, la Turquie ne peut « rester en dehors de la
coalition » et ouvrira sans doute aux coalisés l'usage de sa base
militaire d'Incirlik, en échange d'une aide à la prise en charge du million et
demi de réfugiés syriens déjà établis dans le sud est du pays, et dont l'afflux
continue.
Erdogan et son
gouvernement affichent un ralliement qui couvre bien des calculs. Le pouvoir
turc a hébergé et fait transiter sur son sol nombre de candidats au
« djihad » en route vers la Syrie, où ils pouvaient déstabiliser le
régime de son rival Assad. Mais maintenant il se trouve face à un renforcement
des positions des Kurdes d'Irak et de Syrie, les seuls à affronter
militairement sur le terrain les « djihadistes » de l'EI. Son souci,
au moins autant que de combattre l'EI comme les États-Unis le lui demandent,
est d'empêcher le pouvoir kurde autonome de prendre trop de poids.
Voilà donc quelle
coalition s'est constituée autour des États-Unis. Son objectif affiché est de
combattre le pouvoir de l'EI en Irak et en Syrie, et sa barbarie. Mais ce
pouvoir de l'EI est lui-même le produit - barbarie comprise - de la politique
des grandes puissances et de leurs alliés locaux. Dans la nouvelle alliance
constituée, aucun de ceux-ci n'abandonnera son double ou son triple jeu.
L'Arabie saoudite, la Turquie, le Qatar poursuivent leurs propres objectifs
contre le pouvoir d'Assad en Syrie, contre l'Iran et contre l'Irak, tandis que
les États-Unis et leurs alliés occidentaux ne cherchent qu'à se servir d'eux
pour tenter de rétablir un équilibre permettant au moins de garantir l'exploitation
des ressources pétrolières. Si demain l'EI est vaincu, qui peut dire quel
nouveau pouvoir émergera à sa place, encouragé et financé par quelles
puissances, et avec quel degré de barbarie ?
Les peuples d'Irak, de
Syrie et de tout le Moyen-Orient n'ont pas fini de payer les conséquences du
chaos dans lequel les interventions des puissances impérialistes ont plongé la
région.
Viviane LAFONT
Vendredi 14
novembre
Salle de la Mutualité à Paris
Un cercle Léon Trotsky
Sera organisé sur la situation au Moyen-Orient
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