Femmes
de ménage ou pilotes d’Air France : tous des salariés exploités
Les médias et les politiciens
de tous bords ont fait du retour de Sarkozy un évènement exceptionnel. Les
reportages sur sa personne se sont succédé. On a vu Sarkozy à vélo, Sarkozy en
short, Sarkozy avec Carla, Sarkozy parlant anglais, pour finir par son
autopromotion de 40 minutes à la télévision. Avoir été pendant cinq ans le
président des riches ne lui a pas suffi, il veut remettre cela !
Deux
ans et demi avant l’élection présidentielle, la course est lancée. Dans chacune
des écuries politiciennes, les candidats se positionnent sur la ligne de
départ.
Au
Front national, Marine Le Pen trépigne d’impatience. Elle envisage même, en cas
de dissolution, de devenir Premier ministre de Hollande. C’est dire qu’elle ne
pense qu’à aller à la mangeoire ! Ce spectacle politicien a de quoi donner la
nausée avant l’heure.
Il n’y
a rien à attendre de la mascarade électorale qui se prépare. Le changement ne
viendra pas d’en haut. Il viendra des travailleurs eux-mêmes, de leur capacité
à peser sur la politique de la bourgeoisie et sur les politiciens qui ne sont
que ses paillassons.
Ce qui
sera décisif est ce qui se passera au sein du monde du travail. Aujourd’hui,
deux grèves sont révélatrices de la situation du monde du travail : celle des
pilotes de ligne d’Air France et celle des femmes de ménage des grands hôtels
du groupe Park Hyatt.
Ce sont
les deux extrémités du monde du travail. Entre les pilotes de ligne dont la
paye peut dépasser 10 000 € et les femmes de ménage qui arrivent péniblement à
1300 € en étant exploitées sans merci, il y a un gouffre. Et, pourtant, ils
sont, les uns comme les autres, en grève pour des revendications similaires.
Les
femmes de chambre se battent pour ne plus dépendre d’un sous-traitant qui les
sous-paye et s’assoit sur le droit du travail. Les pilotes sont en grève pour
ne pas devenir des pilotes low cost dans une filiale low cost où les salaires,
les conditions de travail, voire la sécurité, seront revus à la baisse.
Quand
la grève des femmes de ménage nous donne une leçon de courage, la grève des
pilotes de ligne est une leçon politique.
Que
l’on soit pilote, ingénieur ou cadre, on n’en est pas moins un salarié soumis à
la politique patronale. Et dans cette période de crise où la cupidité de la
bourgeoisie est redoublée, elle veut revenir sur tout ce qu’elle a cédé, y
compris sur ce que certaines catégories croyaient être des acquis.
Pour les travailleurs, il n’y a pas plus d’issue
catégorielle qu’il n’y a d’échappatoire individuelle. La réponse ne peut être
que collective. Alors, ne nous laissons pas opposer les uns aux autres.
La
politique patronale a toujours consisté à diviser les travailleurs : les CDI
contre les CDD, les intérimaires contre les embauchés, les ouvriers contre les
employés, les ouvriers d’origine française contre les immigrés.
Face au blocage d’Air France, le patronat accuse les pilotes
d’égoïsme et d’aveuglement, comme il l’a fait hier contre les cheminots et le
fera demain contre d’autres. Il trouvera toujours des travailleurs plus
exploités pour les monter contre les autres.
Désormais,
le Medef oppose même les travailleurs… aux chômeurs. Car, comme nous l’explique
son président, à cause des salariés qui s’accrochent aux 35 heures, aux jours
fériés et à tous les droits sociaux, les patrons ont trop de contraintes pour
embaucher. À l’entendre, ce sont les travailleurs qui seraient responsables du
chômage des autres !
Cette
stratégie de division a pour but de masquer la seule véritable opposition qui
existe dans cette société capitaliste : celle entre exploités et exploiteurs,
celle entre bourgeoisie et travailleurs.
Car il
n’y a pas de miracle, et surtout pas dans une période de crise. Les 15 %
d’augmentation des grandes fortunes et les 30 % de hausse des dividendes ont
été pris sur le monde du travail. Ils viennent de ce que tous les salariés ont
vu leurs droits et leurs conditions de travail reculer à un niveau ou à un
autre.
Si les
travailleurs ne se battent pas pour inverser le rapport de force avec la
bourgeoisie, ils reculeront encore. Et ce ne sont pas les politiciens qui sont
tous des serviteurs de la classe capitaliste qui l’empêcheront.
Alors,
contre le patronat, réaffirmons la légitimité de tous les travailleurs, des
femmes de ménage jusqu’aux pilotes de ligne, de se battre pour leurs intérêts.
Et réaffirmons la nécessité pour la classe ouvrière de se faire entendre en
tant que telle, en tant que force sociale, en tant que force politique.
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