Le Journal de Mouloud Ferraoun a été réédité au Seuil, la maison
d’édition qui assura dans les années 1950 la promotion méritée de cet écrivain
kabyle de langue française (l’auteur du « fils du pauvre »). Ce
journal vaut un détour de bonne lecture propice à la réflexion. Comme Camus,
Roblès, écrivains auxquels il fut lié, Mouloud Ferraoun vécut comme un
déchirement l’éloignement implacable ces deux rives méditerranéennes, deux
rives s’éloignant irrémédiablement l’une de l’autre durant ces huit années de
cette sale guerre. S’il est sans concession vis-à-vis de la colonisation et de
la répression qui frappa le peuple algérien, il ne cache pas ses interrogations
sur la terreur du FLN à l’égard de ce peuple lui-même, une terreur qui allait
anticipa sur la dictature qui s’installa en juillet 1962 dans l’Algérie indépendante
et qui dure encore.
Entre les liens qu’il
voudrait voir conserver avec la
France de sa formation intellectuelle et d’une promotion
personnelle rare à l’époque, et le peuple algérien opprimé de 130 ans de
présence coloniale, Mouloud Ferraoun vit cette situation comme une plaie
ouverte. D’autant qu’il n’y eut pas à l’époque un courant internationaliste et
ouvrier qui eût pu non seulement donner une autre voie à l’indépendance
algérienne que la dictature, et maintenir une union des deux rives entre les
classes populaires séparées par l’épaisseur d’une mer.
Mouloud Ferraoun fut
assassiné le 14 mars 1962, cinq jours avant la signature du cessez-le feu à El
Biar dans la banlieue d’Alger avec cinq autres cadres de l’Education nationale.
DM
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