vendredi 15 juin 2012

Mouloud Ferraoun : son "Journal 1955-1962" : le Seuil poche


Le Journal de Mouloud Ferraoun a été réédité au Seuil, la maison d’édition qui assura dans les années 1950 la promotion méritée de cet écrivain kabyle de langue française (l’auteur du « fils du pauvre »). Ce journal vaut un détour de bonne lecture propice à la réflexion. Comme Camus, Roblès, écrivains auxquels il fut lié, Mouloud Ferraoun vécut comme un déchirement l’éloignement implacable ces deux rives méditerranéennes, deux rives s’éloignant irrémédiablement l’une de l’autre durant ces huit années de cette sale guerre. S’il est sans concession vis-à-vis de la colonisation et de la répression qui frappa le peuple algérien, il ne cache pas ses interrogations sur la terreur du FLN à l’égard de ce peuple lui-même, une terreur qui allait anticipa sur la dictature qui s’installa en juillet 1962 dans l’Algérie indépendante et qui dure encore.
     Entre les liens qu’il voudrait voir conserver avec la France de sa formation intellectuelle et d’une promotion personnelle rare à l’époque, et le peuple algérien opprimé de 130 ans de présence coloniale, Mouloud Ferraoun vit cette situation comme une plaie ouverte. D’autant qu’il n’y eut pas à l’époque un courant internationaliste et ouvrier qui eût pu non seulement donner une autre voie à l’indépendance algérienne que la dictature, et maintenir une union des deux rives entre les classes populaires séparées par l’épaisseur d’une mer.
     Mouloud Ferraoun fut assassiné le 14 mars 1962, cinq jours avant la signature du cessez-le feu à El Biar dans la banlieue d’Alger avec cinq autres cadres de l’Education nationale.
                                                           DM


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