lundi 1 avril 2019

Education Blanquer : alors que le ton monte…


…Blanquer tente le coup de brosse à reluire


À la manifestation du 30 mars 2019

À la veille de la manifestation appelée samedi dernier pour protester contre ses projets, le ministre de l'Éducation a tenté d'amadouer les enseignants en leur envoyant une lettre dans laquelle il écrit : « Vous êtes les premiers acteurs des politiques scolaires, qui se situent à l'avant-garde du progrès social. À ce titre, tous les Français vous doivent gratitude et respect ».
Mais les enseignants estiment à juste titre que « leur » ministre, lui, ne les respecte pas. Leurs grèves dans certaines villes ces derniers dénonçaient à nouveau les réformes à la Blanquer qui vont se mettre en place, qui vont réduire entre autres choses le nombre de postes et d'heures d'enseignant par élève, la réduction du temps sans élèves pour les directeurs d'école, ou encore imposer des restrictions à la libre expression des enseignants.
La meilleure réponse à apporter à Blanquer est d'accroître les mobilisations. C’est ce qui est prévu dans un certain nombre de villes et de départements cette semaine.

Licenciements, fermetures d’usines, un scenario toujours le même


L’exemple de Doux ressemble à celui de Semperit qui ressemble à…



Il y a un an, l’abattoir Doux de Chantonnay en Vendée fermait définitivement, condamnant 169 personnes au licenciement. Un an après, seuls 77 salariés ont retrouvé un CDI (un peu plus de 45%), 39 sont en CDD ou en intérim et 40 sont en reconversion.
Triste mais prévisible bilan, loin de la déclaration de la députée LREM de Vendée Martine Laguille-Balloy : « Nous regrettons toujours la fermeture de l’abattoir, mais ce dossier a été très bien traité car tout le monde s’est mis autour de table... ».
Les groupes LDC, Al-Munajem et Terrena (repreneur de Doux) continuent a engranger des profits. Une nouvelle fois, se sont les salariés qui paient la facture de la concurrence entre les capitalistes.

Nous pourrions écrire la même histoire en changeant seulement les noms des lieux et des acteurs. En évoquant par exemple le cas de Semperit à Argenteuil. La ferraille de ce site fermé il y a un an est aujourd’hui l’objet des chalumeaux des ferrailleurs. Quant aux ex-travailleurs de cet établissement, combien parmi ceux qui ne sont pas aujourd’hui à la retraite, sont-ils eux aussi à avoir retrouvé un emploi à ce jour ?

Argenteuil, défense de Jean Vilar, sauvegarde de L’île Héloïse, des enquêtes publiques qui viennent de marquer une nouvelle étape.


Une étape positive dans notre mobilisation

Les deux enquêtes publiques concernant le « projet Héloïse » viennent de s’achever samedi. Si la municipalité n’a facilité en rien leur tenue au sein de l’hôtel de ville, en revanche elles ont suscité un intérêt beaucoup plus important que lors de l’enquête précédente. Des contributions en grand nombre ont exploré tous les aspects de l’affaire. Le parking Jean Vilar ne doit pas être exclu du domaine public. La défense de l’environnement exige qu’il soit mis un terme au projet de défiguration initié par la municipalité et le maire précédent, et entrepris en partenariat avec le promoteur Fiminco.
         Ce moment d’enquêtes publiques a permis d’élargir l’information et l’engagement d’habitants de la Ville, et d’approfondir la réflexion sur le sujet. Tout cela est porteur d'espoir.
           A travers le Comité Jean Vilar, nous avons fait ce que nous pouvions faire, et nous l’avons fait collectivement. Cela va nous aider à préparer les prochaines étapes. Nous espérons bien évidemment que des avis "défavorables" seront conclus à la suite de ces enquêtes. Nous espérons qu’ensuite, les décideurs en tireront toutes les conséquences. Mais dans tous les cas, quelles que soient les réponses, bien d’autres échéances sont devant nous. Nous serons là pour y faire face, toujours plus nombreux. En tout cas, nous pouvons être fiers, tous, d’avoir participé à ce nouveau moment de notre action. DM





dimanche 31 mars 2019

Nice, manifestante blessée : elle a bien été bousculée par un policier


Une bavure macronienne difficile à camoufler



Le procureur de Nice a finalement déclaré que la manifestante de 73 ans gravement blessée à Nice au rassemblement des gilets jaunes du samedi précèdent avait bien été bousculée par un policier. Or ce même procureur avait affirmé quelques heures après les faits que cette femme n’avait « pas été touchée par les forces de sécurité ». Et Macron s’était empressé de relayer cette version.
Devant les images télévisées de la scène, le policier a été obligé de se dédire. Une enquête judiciaire est désormais ouverte. Cette fois encore, Macron a poussé le bouchon trop loin.



Ce soir dimanche, à 20 heures sur LCI

Débat avec Nathalie Arthaud


 

Algérie : la contestation populaire met le régime en crise.


Nouvelles manifestations massives en Algérie



Un manifestant : « Toute l’Algérie refuse l’article 102. Les Algériens ne veulent pas être gouvernés par un système pourri. Nous demandons qu’il parte, nous demandons au système de partir. »

Pour le sixième vendredi consécutif, la population algérienne est de nouveau descendue dans les rues à travers tout le pays, Un million de manifestants rien qu'à Alger. Ils rejettent toujours Bouteflika, mais aussi l'ensemble du « système » au pouvoir, ce clan qui s'accapare l'essentiel des richesses du pays. Ils n'acceptent pas non plus les manœuvres du chef de l'armée, le général Ahmed Gaïd Salah qui a proposé d’appliquer l'article 102 de la Constitution qui invoque l’incapacité d’un chef de l’État pour demander, tardivement, que Boutleflika soit mis à l’écart.
      Par ailleurs Haddad, patron des patrons et profiteur notoire, se sachant haï, a démissionné. Les milieux dirigeants reculent petit à petit face à la pression populaire, sans trouver de solution à la crise, mais sans vouloir lâcher leur parcelle de pouvoir.
    Malgré ces manœuvres la mobilisation et la contestation s’élargissent, s’approfondissent.

Sur la situation en Algérie, également l’article de notre hebdomadaire daté de mercredi.

Algérie : la contestation populaire met le régime en crise

Vendredi 22 mars, malgré les intempéries qui ont touché de nombreuses régions d’Algérie, des cortèges massifs ont de nouveau parcouru toutes les villes du pays. Démarrée un mois plus tôt, le 22 février, la contestation, le hirak comme l’appellent désormais les Algériens, ne faiblit pas.
Les classes populaires rejettent en bloc le plan B du pouvoir, avec son report des élections, sa conférence nationale et sa réforme de la Constitution. La solution ne peut pas venir de ceux « qui ont volé les richesses du pays ».
Avec les vacances scolaires, les Algériens ont manifesté en famille dans la joie, mais avec toujours la même détermination. Ils exigent avec vigueur que le « système dégage ! ». C’est un préalable, la méfiance envers les politiciens est totale. Le nouveau Premier ministre, Bedoui, et son acolyte Lamamra sont conspués. « Ni Bedoui ! Ni Lamamra ! Système dégage ! » Nommé Premier ministre le 11 mars, Bedoui n’a toujours pas réussi à former un gouvernement. Il aurait contacté près de 450 personnalités, qui auraient toutes décliné la proposition d’un poste ministériel. « Si ton téléphone sonne, ne décroche surtout pas, c’est sûrement Bédoui ! », cette blague qui circule à Alger reflète l’impasse politique dans laquelle se trouve le pouvoir.
Chaque jour apporte son lot de politiciens et dirigeants qui retournent leur veste et soutiennent un mouvement populaire qu’ils condamnaient la veille. Ces ralliements et cet opportunisme sont vécus comme une marque de mépris supplémentaire et ne font qu’accroître la volonté d’en finir avec le système tout entier. Les manifestants crient : « On vous a dit Partez tous, pas Venez tous ! Dégagez ! »
Le ralliement le plus cynique et le plus spectaculaire est sans doute celui de Ouyahia, dirigeant du RND, l’ex-Premier ministre détesté des Algériens, qui agitait début mars la menace de la guerre civile et qui affirme aujourd’hui comprendre et approuver le mouvement populaire. À l’intérieur de son parti, Ouyahia fait face à une contestation de militants qui l’accusent de corruption et veulent son départ.
Au sein du FLN, de plus en plus de responsables lâchent le plan B du clan Bouteflika. Son porte-parole, Khaldoun, s’en est démarqué : « Cette conférence ne va pas régler le problème… Qui va mandater les participants ? La conférence n’est plus valable. » Rappelé à l’ordre par certains responsables, il a été suivi par d’autres, à l’image du maire FLN d’Alger-centre, Bettache, naguère partisan acharné du cinquième mandat. Ce dernier, pour justifier son ralliement, invoque ses origines populaires, affirme vivre dans un quartier populaire et se lever tous les matins pour aller travailler !
Un autre soutien illustre aussi la crise que traverse le régime, celui du PDG de la Sonatrach (Société nationale des hydrocarbures). Alors que le 10 mars la direction de la Sonatrach avait menacé de sanction les travailleurs qui s’étaient mis en grève contre le cinquième mandat, il salue aujourd’hui le mouvement populaire : « La Sonatrach ne peut rester en dehors de ce mouvement, en sa qualité d’entreprise citoyenne et de locomotive de l’économie nationale. »
Face à un puissant mouvement qu’ils sont pour l’instant incapables d’endiguer, les partis de l’Alliance présidentielle, qui ont soutenu la candidature de Bouteflika, se fissurent et s’entre-déchirent. Quant aux partis d’opposition, des islamistes aux libéraux, discrédités eux aussi, ils tentent pour l’instant sans succès de s’unir pour offrir une solution qui préserve les intérêts des classes possédantes.
Quelle sera la personnalité apte à diriger cette transition qu’ils tentent de mettre en place ? Des noms circulent, comme celui de Bouchachi, avocat, ex-porte-parole de la Ligue des droits de l’homme, que l’on voit dans les manifestations d’avocats et de magistrats. La presse évoque comme autre homme possible Liamine Zeroual, ex-officier, qui avait été élu président durant la décennie noire.
L’armée est restée discrète, jusqu’à ce que le général Gaïd Salah, ministre de la Défense, qui avait menacé les manifestants le 7 mars, salue lui aussi le mouvement populaire. Le 26 mars, il a finalement demandé la destitution de Bouteflika, tentant ainsi de mettre fin aux manifestations. Reprenant leurs mots d’ordre, il a déclaré : « Le peuple et l’armée sont frères. »
Le pouvoir n’a pour l’instant pas choisi de recourir à la répression, mais rien n’exclut qu’il puisse le faire dans l’avenir.
Les travailleurs, les classes populaires des villes et des campagnes, orgueilleux de leur mouvement, soucieux de le préserver et de le faire aller de l’avant, expriment de l’hostilité et de la méfiance vis-à-vis de tous ceux qui veulent parler en leur nom. Cette méfiance est plus que légitime. Un véritable changement de système ne pourra venir que d’eux.
Après l’annonce du 26 mars, un nouveau slogan est apparu : « Bouteflika, puisque tu t’en vas, ammène Gaïd Salah avec toi ! »

                                             Leïla Wahda (Lutte ouvrière n°2643)