mardi 24 octobre 2017

Argenteuil sport, une triste métaphore locale


Pas le pied

 
C'était sympa, ce tour dans la ville (photo Le Parisien-95)

C’est une belle métaphore du triste état de la dynamique collective locale que la municipalité donne à propos de la « grande » épreuve sportive pédestre annuelle qui aura lieu cette année, le 19 novembre prochain, au parc des Cerisiers, au Val d’Argent.
         Cette métaphore est triple.
         Le « tour pédestre » avait lieu fin septembre. Il fut remplacé par une course qui avait lieu en octobre. La nouvelle épreuve se produira en novembre. La première de ces courses était un 13 km, la seconde se réduisit à 10, la nouvelle épreuve ouverte à tous se limitera à 5 km. Les deux premières obligeaient les participants et leurs proches à se retrouver avec bonheur dans le centre de la Ville qu’ils ne fréquentent guère habituellement pour certains. Du centre, la nouvelle épreuve sportive est rejetée à la périphérie.
         Bref, pour conclure, une image du recul net, du rétrécissement, voire de la marginalisation de la vie collective et associative, au moins de la part de la municipalité. Une situation qui est heureusement contrariée par l’obstination de tous ceux qui la défendent. Mais quel courage il leur faut !

Argnteuil Bezons les habitants sont sans nouvelle


En marche ? Non, à l’arrêt, et en plus, elle se cache

Un des principes de la représentation ouvrière mis en pratique lors de la Révolution russe fut celui de la « révocabilité des mandats ». A tout moment, un député des travailleurs peut être remplacé par un autre. A l’opposé, le principe de la démocratie bourgeoise est l’inamovibilité des soi-disant « représentants du peuple ». Députés, maires et autres sont élus pour la durée de leur mandat. Aux électeurs de leur retirer celui-ci, s’ils le souhaitent, mais seulement à son terme, quatre, cinq ou six ans plus tard…
         Mais à Argenteuil, la députée élue en juin dernier apporte à cette situation un petit complément. Ses « mandants » locaux ne la voient pas, ne la lisent pas, ne l’entendent pas. Bref, elle est peut-être présente au métro Assemblée nationale, mais totalement absentéiste dans sa circonscription.
         Il est vrai, comment justifier dans cette circonscription populaire, la politique anti-ouvrière de son chef et mentor ?
 
Elle est où ? Elle réfléchit ?

Lorsque nous l’avions croisée lors d’une fête de quartier, cette députée nous avait dit qu’elle ne s’était pas encore fait son idée sur le « projet Héloïse ».
         Le temps a passé. Après plus d’un mois, elle a eu tout le temps pour réfléchir. Alors, elle en pense quoi de ce projet spéculatif qui veut priver les Argenteuillais de leur salle des fêtes publique ?

Macron à Gennevilliers, lui qui crèche parmi les riches


Chaperons rouges et loups





La semaine passée, dans le cadre de la « journée mondiale de refus de la misère », Macron est venu visiter une crèche d’entreprise du groupe « Les petits chaperons rouges » à Gennevilliers.
Les familles connaissent toutes des difficultés pour avoir une place en crèche. Il en manque plusieurs centaines de milliers dans le pays. C’est justement ce qui permet à des groupes privés comme celui des « petits chaperons rouges » de prospérer grâce aux aides de l’État. Son PDG, Jean-Emmanuel Rodocanachi, qui est en même temps président de la fédération Française des entreprises de crèche (FFEC) se situe à la 467ème place d’après le classement de Challenge des « 500 plus grandes fortunes de France en 2016 ». Son entreprise fondée en 2000, vient d’ailleurs de racheter récemment des crèches en Allemagne et en Angleterre. Le secteur des crèches privées connaîtrait ces dernières années un taux de croissance de 35%. En venant lui rendre visite Macron venait visiter un des siens. L’État ne cherche pas à répondre aux besoin de la population et laisse le secteur privé faire des affaires… grace aux nombreuses aides qu’il lui fournit.
Une centaine de manifestants étaient là pour l’accueillir et pour demander des comptes sur les aides aux entreprises pendant qu’il diminue l’APL. Ils ne se trompaient pas de cible.

Karl Marx et Friedrich Engels le film


Quand deux jeunes intellectuels s’engagent pour changer le monde

 Vous avez encore une chance pour aller voir aujourd’hui à Argenteuil le beau film de Raoul Peck, « le jeune Karl Marx ». Aujourd’hui, au Figuier blanc, à 13 heures 45.



Un film de Raoul Peck : Le jeune Karl Marx

L’histoire des révolutionnaires est très ancienne, mais il n’est pas fréquent de la voir au cinéma. C’est pourtant ce qu’a fait Raoul Peck, en montrant l’itinéraire de deux d’entre eux entre 1843 et 1848. Deux jeunes intellectuels allemands, révolutionnaires et communistes, Marx et Engels, vont faire le choix de se mettre au service des combats de la classe ouvrière européenne naissante. De ce choix naîtra le programme qui est encore aujourd’hui celui de son émancipation.
On voit ainsi le monde dans lequel Marx et Engels ont forgé leurs idées. On voit l’Angleterre industrialisée et sa classe ouvrière, où les femmes ont une place importante. À la même époque, en Allemagne, des intellectuels combattent le despotisme prussien en utilisant le langage de la philosophie dans des journaux et des pamphlets. Marx et Engels, âgés de 25 et 23 ans, sont issus de ce milieu. Devenant communistes, ils décident de combattre les conceptions philosophiques de leurs anciens camarades, rompent idéologiquement avec eux et se tournent vers les militants ouvriers de toute l’Europe. Marx expulsé de Prusse se retrouve en France, à Paris. Il participe aux réunions ouvrières et y rencontre des militants comme Proudhon et Bakounine, dont les idées sont à la base de l’anarchisme.
Marx est rejoint par Engels et leur objectif commun va alors être d’armer le mouvement ouvrier d’une conception scientifique du communisme, fondée non seulement sur l’aspiration à l’égalité, mais aussi appuyée sur une compréhension du développement historique et de la lutte des classes.
C’est dans l’enthousiasme que Marx et Engels prennent contact et adhèrent à l’une des organisations ouvrières les plus importantes de l’époque, la Ligue des justes, dont le quartier général est à Londres mais qui a des militants dans toutes les grandes villes d’Europe occidentale. Ils vont combattre les idées du principal leader de cette organisation, Weitling, révolutionnaire acharné mais aux idées imbibées de mysticisme.
Le film se termine sur la concrétisation de ce premier combat. La Ligue confie aux deux militants la rédaction d’un nouveau programme, qui sera le Manifeste du parti communiste. Elle changera de nom, deviendra la Ligue des communistes. Elle changera aussi de devise, passant de « Tous les hommes sont frères » à « Prolétaires de tous les pays unissez-vous », en se fixant comme but l’expropriation de la bourgeoisie et la collectivisation des moyens de production.
Le film ne manque pas de décrire le quotidien de Marx et de sa compagne, Jenny, leurs difficultés financières, ainsi que leur expulsion d’Allemagne puis de France. Il donne ainsi chair à ces personnages historiques qu’ont été Marx et Engels, dont les idées ont inspiré le mouvement ouvrier mondial et, espérons-le, continueront de le faire.
Le réalisateur a bien sûr mis dans le film sa propre vision des choses et de ses personnages, en racontant ce moment exceptionnel de l’histoire d’où est né le marxisme. Mais elle est toujours honnête, et Marx et Engels sont montrés comme les militants révolutionnaires qu’ils étaient.

                                             Pierre ROYAN (Lutte ouvrière n°2566)

lundi 23 octobre 2017

Editorial des bulletins Lutte ouvrière de ce lundi 23 octobre 2017


La lutte d'ensemble du monde du travail est une nécessité

 


Le budget de la Sécurité sociale est discuté à l’Assemblée nationale cette semaine et le gouvernement a annoncé qu’il allait réduire son déficit de trois milliards d’euros. Comment ? En prenant dans les poches des travailleurs, en réduisant ce à quoi ils ont droit quand ils sont accidentés, malades ou retraités.
Il augmente la CSG pour les salariés et pour les retraités. Il augmente le prix du forfait hospitalier de 18 à 20 euros par jour. Et il réduit les dépenses de l’assurance-maladie. Il dérembourse des médicaments. Il coupe dans les budgets des hôpitaux alors que les urgences et bien des services sont surchargés en permanence. Il supprime des lits d’hôpitaux « qui ne servent à rien », comme a osé le dire la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, alors que dans bien des hôpitaux les malades sont poussés dehors à peine convalescents, justement à cause du manque de lits.
Puis, la ministre de la Santé veut faire la chasse aux malades exactement comme la ministre du Travail veut faire la chasse aux chômeurs. La pression des contrôleurs de la Sécurité sociale va s’ajouter à la peur du licenciement pour pousser encore plus de travailleurs à retourner au travail alors qu’ils sont encore malades ou pas remis de leur accident.
À quoi serviront ces milliards économisés ? À alléger le peu d’impôts que les capitalistes payent au regard de leur fortune ! Vendredi dernier, la fin de l’impôt sur la fortune, l’ISF, a été votée au Parlement ainsi qu’une baisse des taxes sur les revenus du capital. Au total, c’est un cadeau de 4,5 milliards d’euros pour les plus riches. Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, a dit les choses très clairement : en parlant des mille plus grosses fortunes du pays, il a déclaré, « aujourd’hui [ils] paient 400 millions d’euros d’ISF. Nous allons leur rendre ces 400 millions d’euros ». Pour ces milliardaires ou multi-millionnaires, ce ne sera qu’une goutte d’eau dans la piscine de leur fortune, mais c’est tout un symbole.
Après les ordonnances Macron contre la législation du travail, les mesures antiouvrières du gouvernement se succèdent. Et cela continuera sauf si nous y mettons un coup d’arrêt.
Depuis le mois de septembre, il y a eu des journées d’action où le monde du travail a été appelé à faire entendre sa protestation. À chaque fois, il y a eu des grèves et des manifestations. En plus de ces journées, plusieurs catégories de travailleurs se sont mobilisées contre cette politique gouvernementale : ceux de la Fonction publique, les routiers, les dockers et d’autres encore. Le gouvernement a dû concéder aux routiers puis aux dockers que ses ordonnances ne s’appliqueront pas à eux. Leurs conventions collectives resteront la base de leurs contrats de travail.
Cela n’empêche pas le grand patronat, le gouvernement et les médias qui relaient leur point de vue de ricaner sur le fait qu’il n’y a pas eu de mobilisation ouvrière d’ampleur capable de leur faire vraiment peur. Ils peuvent rire, mais tôt ou tard, une de leurs provocations, une des plus marginales peut-être, allumera la mèche de l’explosion sociale.
Leur « ouf » de soulagement après chaque journée d’action syndicale montre qu’ils craignent la réaction ouvrière. C’est cette crainte qui est la cause, dans toutes les entreprises, des mesures répressives et vexatoires qui visent à intimider les travailleurs. Le patronat voudrait casser ceux qui relèvent la tête car il sait que l’aggravation de l’exploitation peut provoquer des révoltes sociales.
Le grand patronat et le gouvernement voudraient que la classe ouvrière soit à leurs pieds, obéissante, matée. Car ils savent que collectivement elle représente une force immense qui peut mettre en échec tous leurs projets. Pour l’instant, notre force collective ne s’est pas réellement manifestée et nos adversaires le savent. Il ne s’agit pas d’être optimiste ou pessimiste en se demandant quand viendra une réaction générale du camp des travailleurs. Ce genre de mouvement surprend tout le monde quand il surgit, à commencer par ceux qui se révoltent.
La moindre réaction collective à l’échelle d’une entreprise, les petits débrayages ou les journées d’action, toutes ces mobilisations font partie d’un combat général entre le camp des travailleurs et celui de la bourgeoisie. Quand la nécessité d’unir nos forces s’imposera, nous ferons reculer nos ennemis bien au-delà de ce qui peut apparaître possible aujourd’hui.