lundi 28 mars 2016

Editorial des bulletins Lutte ouvrière d'entreprise de ce lundi 28 mars 2016


Montrons notre ras-le-bol le 31 mars et servons-nous de notre force après !

 Le projet de loi Hollande-El Khomri est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. C’est une attaque directe contre le monde du travail pour faire sauter même les quelques vagues limites légales à la liberté des patrons de licencier comme ils veulent et imposer les horaires et les salaires qu’ils veulent.

Ce projet n’est que la dernière en date des mesures anti ouvrières prises par le gouvernement socialiste arrivé au pouvoir il y a quatre ans grâce aux voix de l’électorat populaire. Hollande proclamait alors que « son ennemi était la finance ». Depuis, il gouverne dans l’intérêt de la finance et exécute servilement tout ce que lui demande le grand patronat.

Les travailleurs ont toutes les raisons d’avoir ras-le-bol d’un gouvernement qui s’est fait élire en promettant le changement et qui a repris à son compte la politique anti ouvrière des gouvernements de droite, avec plus d’arrogance encore. Il faut que ce ras-le-bol s’exprime !

Pendant des années, les confédérations syndicales sont restées dans l’attentisme face au gouvernement et, sous prétexte qu’il était socialiste, ont laissé passer une multitude de mesures anti ouvrières qui auraient mérité une réaction. Le résultat, c’est que la situation des travailleurs n’a cessé de se détériorer, les licenciements de se multiplier, les salaires de stagner et, en réalité pour beaucoup, de reculer, pendant que les grandes entreprises réalisaient des profits élevés que les actionnaires capitalistes ont empochés.

Au fil du temps, il devient évident, même pour les travailleurs qui avaient des illusions à l’égard de ce gouvernement, qu’il n’est que l’exécuteur des basses œuvres des grands groupes capitalistes.

La dégradation de la condition ouvrière ne se manifeste pas seulement par le chômage ou par la menace de licenciement qui pèse sur tout le monde, ou par le recul du pouvoir d’achat. Elle se manifeste dans tous les domaines de la vie sociale : dans la transformation en ghettos des quartiers populaires, dans la dégradation des services publics, dans le désespoir de la jeunesse.

Le ras-le-bol qui monte parmi les exploités, ceux qui ont encore du travail comme ceux qui n’en ont plus, a fini par amener une partie des confédérations syndicales à prendre des initiatives depuis la journée de manifestations du 9 mars.

La prochaine échéance est le jeudi 31 mars. Il faut se saisir de l’occasion et donner aux grèves, aux débrayages et aux manifestations une ampleur telle que personne ne puisse ignorer la profondeur du mécontentement du monde du travail.

Le seul objectif possible des manifestations, c’est le retrait pur et simple du projet de loi. Cette exigence est partagée par la grande majorité des travailleurs. Elle a été reprise à son compte par une partie de la jeunesse scolarisée qui appelle également aux manifestations du 31 mars. Et pour cause ! Les jeunes sont conscients que c’est de leur avenir qu’il s’agit.

La réussite de la mobilisation du 31 mars est la seule réponse à la hargne et au mépris du gouvernement à l’égard des travailleurs qui, même lorsqu’il prend les mesures les plus cyniquement anti ouvrières, prétend encore qu’il le fait pour combattre le chômage !

Faire ravaler au gouvernement son arrogance en l’obligeant à retirer son projet de loi, voilà l’objectif immédiat. Au-delà du projet de loi Hollande-El Khomri, il nous faut prendre conscience que la seule façon de stopper l’offensive du grand patronat contre nos conditions d’existence est de montrer la force collective des exploités.

La classe capitaliste tourne à son avantage la crise économique, dont elle est responsable, pour mener contre les travailleurs une guerre féroce afin d’augmenter ses revenus, ses dividendes, sa richesse. Cela l’incite en permanence à s’en prendre à nos salaires, à nos emplois, à nos conditions d’existence. Dans cette guerre, les gouvernements seront toujours à son service, quelle que soit leur étiquette.

Seule notre force collective peut les arrêter. Et cette force, nous l’avons. Car c’est notre travail qui fait tourner toute l’économie. C’est notre travail qui produit les profits, les dividendes extravagants des actionnaires, les revenus confortables des patrons d’entreprise, leurs retraites chapeau, jusqu’aux rémunérations de ces ministres qui se succèdent à la télévision pour nous vendre des lois qui n’ont qu’un seul objectif : rendre les riches toujours plus riches, quitte à ruiner toute la société.

Alors, ayons confiance en notre force collective ! Ayons conscience de la nécessité de nous en servir !

Argenteuil : pour certains, les bons et les mauvais migrants


 
Des migrants arrivent à Argenteuil...

 
Depuis plusieurs semaines, la fièvre n’avait cessé de grandir parmi les autorités municipales et autres, inquiètes. Des migrants allaient arriver à Argenteuil… Des migrants ? Calais ? La Jungle ? Des Roms ? Des « sans papier » ? Oh horreur !
Mais vous n’y êtes pas. Bien évidemment, certes, des migrants, puisqu’ils viennent de par-delà les lieux et les frontières, d’ici, d’ailleurs. Mais voyons, il y a migrants et migrants !
         Les migrants pèlerins bienvenus et honorés par la municipalité à Argenteuil (et nous les saluons également) ont certes franchi les lieux et pour certains les frontières. Mais eux n’ont pas eu à surmonter le risque de noyade, de coups, d’emprisonnement. Ils n’ont pas eu à payer des passeurs à moins que l’on appelle de ce nom les compagnies d’aviation ou de car. Ils n’ont eu à montrer que leur passeport ou leur carte d’identité d’un pays « Union européenne », ou un joli visa qu’ils ont obtenu en indiquant la raison de leur voyage : « pèlerinage ». Leurs avions et leurs cars n’ont pas eu d’obstacles infranchissables à franchir. Pourtant, eux aussi sont des migrants, de quelques jours peut-être, et plus favorisés sans doute, mais des migrants tout de même. Simplement à la manière des pèlerins des temps anciens qui eux ne connaissaient ni frontières ni passeports puisque ni les unes ni les autres n’existaient pas alors.
         Ces migrants-là viennent pour leur religion, quand les autres viennent expulsés par la guerre ou poussés par l’espoir d’un avenir meilleur. Les uns seront attendus par les édiles et les autorités. Ils seront accueillis et protégés, quand les autres non seulement sont largement livrés à eux-mêmes mais sont dénigrés, vilipendés, réprimés, malgré leur situation d’entre la vie et la mort, entre espoir et désespoir. Nous pensons à ces Iraniens qui s’étaient cousu la bouche puisqu’ils n’avaient pas le droit à la parole.
         Les migrants qui viendront à Argenteuil dans les jours qui viennent professent paraît-il un message : « aimez-vous les uns les autres ».
         Ah bon, les uns, les autres ! Mais apparemment, il y a de fortes limites à la maxime, comme il y a pour les hypocrites migrants et migrants.

Loi Khomri, en grève et dans la rue pour le retrait !


Loi travail : le patronat en veut toujours plus

 

Mardi 22 mars, des représentants du patronat ont tenu une conférence de presse pour dire tout le mal qu’ils pensaient de la dernière version de la loi travail.

Parmi les déclarations les plus ridicules, celle de la responsable du Medef Sophie de Menton peut prétendre à la palme d’or du cinéma patronal, parlant de désenchantement absolu à propos de la version 2 de la loi El Khomri, présentant le compte personnel d’activité comme terrifiant.

Faisant mine d’ignorer le contenu d’une loi taillée sur mesure pour le patronat, permettant à terme de faire sauter tous les règlements limitant un tant soit peu l’exploitation, les « pleureuses » du patronat ont dénoncé en chœur les renoncements du gouvernement dans son deuxième projet. C’est pourtant lors de ce remaniement que certains aspects de la loi ont même été encore aggravés pour les salariés. Ainsi, le retrait du préambule à la réécriture du Code du travail qui récapitulait certains grands principes du droit des salariés, a fait la plus grande satisfaction de Gattaz qui jugeait horrible l’article réaffirmant le droit au respect de sa dignité dans le travail pour le salarié.

Mais face à un gouvernement prêt à tout pour satisfaire le patronat, ce dernier voudrait qu’on réintroduise dans la loi les barèmes maximums d’indemnités aux Prud’hommes, les forfaits-jours obligatoires à la seule initiative du patron dans les petites PME, un moratoire sur le compte pénibilité, etc.

Les prétentions du patronat à aggraver l’exploitation n’ont de limites que celles que les travailleurs imposeront.

                                              Gilles Botti (Lutte ouvrière n’°2486)

 

Le 31 mars, la manifestation partira à 13 h 30 de la place d’Italie vers la place de la Nation.

PSA : le film "Comme des lions". Comme des lions, ces travailleurs se sont battus


Comme des lions

 
Le film « Comme des lions » vient de sortir en salle. Il raconte comment des travailleurs confrontés à la fermeture de leur entreprise -en l’occurrence l’usine d’Aulnay dans le 93- vont se battre comme des lions pour défendre leur dignité et faire payer le plus cher possible la soif de profit des actionnaires de PSA. Au-delà de la lutte menée avec détermination et courage, une belle leçon de démocratie ouvrière dont rend compte avec bonheur ce film.

         Il est dans les salles depuis mardi dernier. A Paris, il passe en particulier à l’Espace Saint-Michel, place Saint-Michel. Les séances sont aujourd’hui lundi à 13 heures 10 et 20 heures 05.
 
 

dimanche 27 mars 2016

Argenteuil : opération antiterroriste et manque de réactivité municipale



Informer, rassurer, être aux côtés des habitants, la moindre des choses

 

Si G. Mothron était vendredi sur les plateaux pour dénoncer à juste titre les déclarations de ses amis politiques sur la « ville de non droit » que serait Argenteuil, lui et la municipalité qu’il représente n’ont pas été à la hauteur, au moins une bonne partie de la nuit de jeudi à vendredi à l’égard des habitants du quartier confrontés à une évènement lourd et angoissant.

         Que les autorités en charge de l’antiterrorisme n’aient pas informé au préalable les autorités municipales, on l’imagine aisément, mais dès 22 heures 30 tout le monde était au courant de l’intervention, et pouvait imaginer l’ampleur et l’impact qu’une telle intervention pouvait prendre.

         De la même façon, à l’occasion d’une opération de déminage qui a donné lieu à une explosion et qui a eu lieu vendredi matin juste à l’heure de rentrée des élèves, rien n’a été fait pour prévenir les directions d’écoles. Un « confinement » avait été ordonné, mais l’information en tout cas n’est pas passée. (Nous y reviendrons)

Par ailleurs, le site internet de la Ville ne parle toujours pas d’un évènement qui ne peut qu’interroger tous les habitants et les émouvoir. Deux annonces de ce site concernent en revanche l’évènement religieux actuel sur la Ville, dont un consacré à une histoire de chocolat ( !), mais rien sur l’évènement de jeudi soir.

         Tout cela n’est vraiment pas très sérieux.