Les vacances se terminent.
Certains ont eu un avant-goût de ce que pourraient être les jours heureux en
s’offrant quelques jours de liberté, loin du travail, des chefs et du patron.
Bien d’autres, faute d’argent, n’ont pas eu la possibilité de partir et de se
changer les idées. Mais la parenthèse se referme pour tous, car prolétaire on
est, prolétaire on reste, et maintenant, il faut reprendre le chemin du
travail. Et on le fait avec beaucoup d’inquiétude.
Ce sont les craintes face à
cette épidémie qui n’en finit pas. Craintes pour les enfants qui vont reprendre
le chemin de l’école où les gestes barrières seront difficilement respectés.
Craintes d’être contaminés dans les transports et les entreprises d’où partent de
nombreux clusters, même si le gouvernement préfère ne pas trop en parler.
Craintes encore, pour les plus anciens, particulièrement vulnérables face au
virus.
Mais au-delà de la crise
sanitaire, il y a aussi la crise économique. Il y a ces menaces de fond qui
pèsent sur le secteur de l’automobile, de l’aéronautique, de l’habillement, des
spectacles et de l’hôtellerie. Il y a ces entreprises qui tournent au ralenti
et ces commerces qui n’ont pas redémarré.
Alors oui, il y a de
l’inquiétude. Mais l’inquiétude de la bourgeoisie, des grands actionnaires ou
des spéculateurs n’a rien à voir avec celle du monde du travail. Lorsque les
premiers s’inquiètent pour leurs placements, leurs dividendes et l’évolution de
leurs fortunes, les salariés, eux, s’inquiètent pour leur emploi et leur
salaire.
Pour la bourgeoisie, la crise
n’est d’ailleurs pas qu’un motif d’angoisse, elle est aussi source
d’opportunités, de rachats de concurrents, de rationalisation et de nouveaux
profits. L’avenir ne se présente pas du tout de la même façon selon que l’on
s’appelle Peugeot, Mulliez, Drahi ou Arnault et que l’on est assis sur un tas
d’or, ou que l’on est salarié à la merci d’un patron et d’un plan de
licenciement. Les intérêts des uns sont à l’opposé de ceux des autres. Quand la
bourgeoisie profite des licenciements pour accroître l’exploitation et ses
profits, les travailleurs perdent ce qui les fait vivre.
Alors, il faut que les salariés
se mettent en ordre de marche pour défendre leurs intérêts. Il faut qu’ils
discutent, s’organisent, et qu’ils se dotent de leur propre plan d’action dont
l’objectif doit être la préservation de l’emploi, des salaires et des
conditions de travail. Si la charge de travail a diminué, il faut répartir le
travail entre tous sans baisse de salaire.
Confronté à cette crise, le grand
patronat se battra bec et ongles pour récupérer sur le dos des travailleurs ce
que la crise lui fait perdre. Le renvoi des intérimaires, la fin de mission
pour nombre de sous-traitants et d’auto-entrepreneurs, la disparition des
petits boulots comme la garde d’enfants ou les travaux ménagers, ont déjà été
dévastateurs pour le monde du travail.
Ce n’est là que le début des
attaques pour le monde du travail. Les plans de licenciements à Airbus, Air
France, Nokia, les annonces de fermetures d’usines à Renault, Smart, et les
redressements judiciaires d’enseignes comme André ne sont que la partie émergée
de l’iceberg.
Les salariés qui conservent leur
emploi et sont dans un secteur qui échappe à la crise sont aussi concernés. À
l’image de Sanofi, qui supprime 1000 emplois en France malgré un avenir qui
s’annonce radieux, toutes les grandes firmes vont en profiter pour resserrer
les mailles de l’exploitation. Difficultés ou pas, il sera partout question de
restructurations et d’accords de performance pour ne pas augmenter les salaires
ou les baisser, pour reprendre des jours de congés et augmenter la charge de
travail.
Il serait vain de se demander
pour qui sonne le glas. Il sonnera pour tous les travailleurs et pour la
société dans son ensemble. Car la menace qui nous guette va au-delà des bas
salaires et du chômage de masse. En attisant les rivalités entre grandes puissances,
la rapacité capitaliste nous condamne à un monde d’affrontements, de tensions
militaires et de guerres.
C’est la domination de l’ensemble
de la bourgeoisie, son système capitaliste, sa course criminelle au profit,
qu’il faut attaquer. Si on ne veut pas que le monde du travail soit sacrifié,
il faut que la grande bourgeoisie paye. Alors, il faut avoir la volonté de nous
battre, nous aussi, bec et ongles.
Il faut aller chercher l’argent
dans les caisses de la grande bourgeoisie, dans les fortunes accumulées par les
grands actionnaires depuis des décennies. Plus que jamais, l’alternative est
entre leurs profits ou nos emplois, leurs dividendes ou nos salaires, leur
richesse ou nos vies