vendredi 14 août 2020

Compagnies pétrolières : léger trou d’air qui égratigne… légèrement leurs profits


Mais 182 milliards de bénéfices de 2017 à 2019

 


Les « majors » du pétrole - BP, Shell, ExxonMobil, Chevron et Total - ont cumulé 53 milliards de dollars de pertes au 2e trimestre. En cause le ralentissement de l'économie mondiale et la guerre commerciale que se livrent les États-Unis, la Russie et l'Arabie saoudite, les grands pays producteurs, et qui s'est traduite par une baisse des prix de l'or noir.
Ces très grandes entreprises qui licencient - 10 000 emplois supprimés chez BP - savent pourtant qu'elles peuvent compter sur le soutien des États. Aucune d'entre elles n'envisagent un seul instant de combler leurs pertes avec les 182 milliards de dollars de bénéfice qu'elles ont réalisé de 2017 à 2019. Des milliards qu'elles ont en grande partie transférés à leurs riches actionnaires en dividendes et en rachat d'actions.
C'est dans ces poches bien remplies qu'il faut prendre pour parer à la crise qui s'abat sur le monde du travail.

Natation : un enseignement négligé


Les vacances et la canicule ont posé de façon cruciale comme chaque fois la nécessité que tout le monde sache nager. La semaine passée, nous écrivions sur les plans d’eau, leurs problèmes, et sur la situation particulière du « lac des ciments » à Beaumont-sur-Oise où, depuis, une nouvelle noyade vient d’avoir lieu. Il est bon de revenir sur le sujet de la natation comme le fait l’article ci-dessous de notre hebdomadaire Lutte ouvrière de cette semaine. Une question qui intéresse tout particulièrement Argenteuil avec ses installations aquatiques sous-dimensionnées. DM 

Natation : enseignement négligé

12 Août 2020

Durant les mois de juin et juillet, on a compté 197 décès par noyade. C’est environ cinquante de moins que pour la même période de 2019 sans doute en partie en raison du confinement, mais en augmentation en juillet. Rien que dans les eaux d’Île-de-France, quinze personnes ont trouvé la mort.
La base de loisirs, le plan d’eau ou la rivière, qu’on soit aux abords d’une grande ville ou en campagne, représentent souvent la sortie détente pour beaucoup de familles et de jeunes au budget trop serré pour s’offrir des vacances. Or ces espaces de loisir ne sont pas, ou pas suffisamment, équipés et surveillés.
Construire une piscine, aménager un site pour la baignade, cela coûte cher, trop cher pour certaines municipalités. De même disposer de maîtres-nageurs en nombre suffisant nécessite un budget pour leur formation et leur embauche. En 2019, il en manquait 5 000, selon la Fédération des maîtres-nageurs.
Enfin, trop d’enfants n’ont pas vraiment appris à nager, alors que le risque de noyade concerne en particulier les enfants et les jeunes de moins de 25 ans. En avril 2019, Roxana Maracineanu, la ministre des Sports, déplorait qu’un élève sur deux ne sache pas nager à la fin de l’école primaire. Mais, même en fin de sixième, tous n’en sont pas capables, alors que cela fait partie du programme officiel. Les séances obligatoires se heurtent souvent au casse-tête des emplois du temps : comment partager entre les établissements scolaires les créneaux horaires des piscines trop peu nombreuses, en particulier dans les banlieues défavorisées ? Comment faire quand on habite une petite ville sans équipement ?
Quant au projet de donner aux enfants, dès quatre ans, une aisance aquatique, comme le souhaitait la ministre des Sports, il ne risque pas de voir le jour, vu les suppressions de postes dans l’Éducation nationale. Pourtant, savoir nager est indispensable et même vital, et les organismes d’éducation devraient avoir les moyens d’assurer cette formation, gratuitement, dès le plus jeune âge.

                                         Sylvie MARÉCHAL (Lutte ouvrière n°2715)

Biélorussie : un pouvoir de plus en plus contesté


Biélorussie : un pouvoir de plus en plus contesté

12 Août 2020

Comme les précédentes farces pseudo-démocratiques organisées dans ce pays, l’élection présidentielle du dimanche 9 août, en Biélorussie, a abouti à la victoire officielle de Loukachenko, dictateur en place depuis 26 ans, avec 80,08 % des suffrages. Mais la mascarade ne passe plus et a suscité une vague d’indignation.
Face à Loukachenko, la candidate Svetlana Tikhanovskaïa avait remplacé au pied levé son mari, un blogueur en vue critiquant le régime, empêché de se présenter et emprisonné. Elle a cristallisé sur son nom en quelques semaines le rejet du pouvoir, qui constituait le thème unique de sa campagne. Elle a eu un écho non seulement dans les milieux de la petite bourgeoisie aux aspirations libérales et pro-occidentales auxquels elle appartient, ainsi que d’autres candidates qui l’encadraient, épouses d’un banquier et d’un diplomate, mais semble-t-il aussi dans les classes populaires.
Dès l’annonce des résultats officiels, des rassemblements ont eu lieu, tandis que des sondages de sortie des urnes lui donnaient la victoire avec 72 % des voix. L’intervention brutale des forces de l’ordre a déclenché la colère. Jour et nuit, des manifestations se sont multipliées dans plus de trente villes. Des cortèges de voitures ont bloqué les rues et les carrefours. Des affrontements ont eu lieu avec la police, faisant des blessés de part et d’autre. L’Internet biélorusse a été coupé, mais sur les réseaux sociaux, par le biais d’autres fournisseurs d’accès, des appels à se regrouper ont continué à circuler.
Loukachenko a affiché sa fermeté, accusant « l’étranger » d’avoir organisé les manifestations. Plus de 3 000 personnes ont été arrêtées dès le premier soir. Le 11 août au matin, on apprenait que Tikhanovskaïa se trouvait en Lituanie, pays voisin membre de l’Union européenne, sans qu’on sache si elle s’y était rendue de son plein gré ou avait été expulsée.
Il faut souligner l’hypocrisie des protestations des dirigeants occidentaux, notamment français, contre la falsification des élections. Les pays impérialistes s’accommodent de bien d’autres dictatures, y compris en Europe, et en réalité ils ont su tirer avantage de celle de Loukachenko aussi. La Biélorussie, zone tampon entre l’Union européenne et la Russie, leur permet notamment de contourner leurs propres sanctions contre Moscou pour continuer à y faire leurs affaires.
Depuis son accession au pouvoir en 1994, Loukachenko, représentant de la bureaucratie biélorusse, n’a cessé de louvoyer entre les pays occidentaux et la Russie pour tenter de s’assurer une marge de manœuvre. Le pays reste dépendant de la Russie, notamment pour la fourniture et l’exploitation des matières premières, son économie s’étant construite en lien avec l’URSS, sa population parlant russe et étant liée à la population russe. D’autre part, la Biélorussie est restée un pays relativement industrialisé et Loukachenko a cherché à attirer technologies et capitaux occidentaux. Il a favorisé des privatisations dans divers secteurs. Mais sa boussole, en tout état de cause, est toujours restée l’enrichissement de la bureaucratie biélorusse et des milieux d’affaires qui lui sont liés.
À la veille des élections, Loukachenko se présentait encore comme garant de l’indépendance par rapport à Moscou, cherchant par la même occasion à regagner les voix d’une partie des libéraux. Mais, à présent, sa situation rappelle celle de Ia­nou­ko­vitch, le président ukrainien renversé en 2014 par le mouvement du Maïdan. L’avenir dira si sa situation est aussi fragile. Poutine, en tout cas, craignant une déstabilisation qui risquerait de faire contagion et d’éloigner un État supplémentaire de la sphère d’influence russe, s’est empressé de saluer sa victoire électorale.
Mardi 11 août, plusieurs usines se mettaient en grève, tandis que des syndicats liés à l’opposition, ou en train de la rejoindre, appelaient à la grève générale. Pour les dirigeants de l’opposition, la classe ouvrière n’est appelée à descendre dans la rue que comme masse de manœuvre pour faire pression sur le régime. Il serait de son intérêt de manifester en son nom propre, de s’organiser dans les usines et les villes, pour défendre ses propres objectifs, face à ceux de la bureaucratie au pouvoir, mais aussi face à ceux de la bourgeoisie libérale qui aspire seulement à accéder au pouvoir politique.

                                                 Pierre MERLET (Lutte ouvrière n°2715)

Argenteuil – futur proche : préoccupations et préoccupations


S’intéresser aux questions essentielles qui concernent la vie de tous

 


Sur Facebook, j’ai croisé des échanges qui portaient sur les… prochaines élections régionales qui auront lieu en 2021, et qui verraient le rapprochement entre les Verts et les partisans d’Hamon, lesquels Verts sont apparemment courtisés également par le PS.
         Bien sûr, nous n’avons rien à dire sur ce genre d’évènement qui n’en sont pas mais qui agitent apparemment déjà le microcosme des partisans locaux de ces partis. En revanche, ils sont à des années-lumière des problèmes de l’heure, et des préoccupations actuelles de très nombreux habitants.
         Quelle va être la situation économique et sociale dès les premières semaines de septembre ? Quel va être l’état d’esprit du monde du travail face aux coups déjà annoncés et ceux qu’on lui prépare ? Quel programme de défense va-t-il falloir avancer pour regrouper la force collective du monde du travail ?
         Voilà les seules vraies questions à se poser et qui nous intéressent à l’heure actuelle. Et nous ne devons pas être les seuls à partager cet état-d’esprit. DM

jeudi 13 août 2020

Port du masques : obligatoire ?… alors gratuits ! Un article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière à paraître


Masques : obligatoires… alors gratuits !

12 Août 2020

Depuis le 10 août, le port du masque est devenu obligatoire dans de nombreuses zones urbaines. Mais l’achat de masques représente un coût non négligeable pour les familles populaires. Ainsi, une famille de quatre personnes devra débourser en moyenne 228 euros par mois, en comptant deux masques à usage unique par jour pour chacun.
Les prix du masque n’échappent pas à l’absurdité des lois du marché capitaliste. Avant la crise sanitaire, un masque jetable valait aux alentours de 5 centimes d’euros. Il vaut aujourd’hui au minimum dix fois plus. Un trader spécialiste des achats à l’Asie expliquait à la presse qu’au plus fort de l’épidémie le marché du masque était un véritable far-west où chaque jour surgissaient de nouveaux intermédiaires et autres fonds spéculatifs, précisant : « Plus de huit intermédiaires prélevaient leur marge au passage, 80 % du prix du masque servant à rémunérer grossistes et importateurs. »
Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée chargée de l’Industrie, justifie l’impuissance volontaire du gouvernement face à la flambée des prix en expliquant doctement : « Pharmacies et grande distribution ont constitué des stocks lorsque les prix étaient au plus haut et il faut maintenant écouler la marchandise même si les prix ont depuis baissé sur le marché mondial. » Et d’énoncer comme une loi de la nature le fait qu’« il est interdit de vendre à perte ». Elle prétend également qu’il n’y a pas de « marge indue faite sur la production de masques », se disant fière « d’aider les producteurs français à les écouler ». Et, pour faire baisser les prix, elle propose aux consommateurs de privilégier les masques lavables, et surtout d’acheter français.
Plutôt que de subventionner ainsi le patronat, l’État devrait se charger de la production massive de masques de qualité, et en organiser la distribution gratuite. Mais, pour que l’État soit mis au service des intérêts de la population, il faudra que les travailleurs le prennent en main.

Christian CHAVAUX (Lutte ouvrière n°2715)

Aides aux entreprises : remettez-nous ça, patronne !

Puisqu’il y a de l’argent à prendre, pourquoi se gêner…

La ministre déléguée à l'Industrie prévoit une enveloppe de cent millions d'euros d'aide à l'investissement, dans des secteurs qu'elle juge déficitaires en équipements. Et de citer... l'industrie pharmaceutique, dont on a du mal à imaginer les difficultés financières. D'autant que la crise du coronavirus lui a été copieusement profitable.

     Les entreprises concernées ont déjà constitué leur dossier, avec l'assurance d'être satisfaites. Cela fait partie des cent milliards que l'État verse aux capitalistes à fonds perdus, ça manquera, comme le reste, aux services vitaux pour la population, notamment aux services de la santé publique.

 

Crise 2020 : défense des profits d’un côté, inquiétude qui monte de l’autre. Un exemple parmi d’autres…

                                 Le rachat de Photonis inquiète les travailleurs

Quand les pertes d’emplois touchent une région

En Corrèze, après l’annonce pour 2022 de la fermeture de l’usine Borgwarner à Eyrein près de Tulle, c’est Deshors Moulage, sur la zone de Brive-Laroche, qui vient d’être mise en liquidation judiciaire.

370 travailleurs de Borgwarner et 47 de Deshors Moulage vont se retrouver sans travail et sans salaire. Toujours à Brive, la récente annonce du rachat par le groupe américain Teledyne de l’usine Photonis, leader mondial de la vision nocturne, plonge les 500 travailleurs dans l’inquiétude.

À chaque fois, les travailleurs sont confrontés à la rapacité des capitalistes : Borgwarner est une grande entreprise qui emploie 29 000 salariés dans le monde et travaille avec les grands groupes de l’automobile aux USA et en Europe. En dépit d’une prétendue baisse de commandes des boîtes de vitesses fabriquées à Tulle pour Volkswagen, les affaires sont plutôt florissantes : en janvier 2020, Borgwarner s’est par exemple payé l’entreprise Delphi Technologies pour 3,3 milliards de dollars !

Deshors Moulage dépend du groupe Deshors ADI et fabrique des moules pour pneumatiques pour des groupes comme Continental. Ouverte à l’automne 2016 avec 68 salariés, l’entreprise a bénéficié de 400 millions d’aides des collectivités locales pour s’installer peu après dans 4000 m2 de locaux neufs. La directrice de l’usine et le maire de Brive promettaient un développement de l’entreprise et de la création d’emplois à gogo... Le maire de Brive annonçait « un avenir radieux ». Depuis, 15 emplois ont disparu et aujourd’hui les 47 travailleurs restants voient leur avenir à Pôle emploi !

Alors, lorsque aujour­d’hui le maire de Brive, Frédéric Soulier, explique à propos du rachat de Photonis que le site de Brive « serait la pierre angulaire d’un grand plan industriel », il y a en effet de quoi s’inquiéter !

Pas un travailleur – que ce soit à Borgwarner, à Deshors, à Photonis ou ailleurs – ne peut accorder le moindre crédit au baratin de ces politiciens ! L’unique préoccupation des capitalistes dans le contexte de la crise mondiale, c’est de sauver leurs profits en faisant payer les travailleurs : c’est leur lutte collective qui pourra imposer de travailler moins pour que tout le monde ait un travail sans perte de salaire.

 

Lourdes : une apparition de… ministres suffit, et l’aide arrive

Les aides sont dans la grotte… de nos impôts

Trois ministres se sont rendus à Lourdes pour déplorer le manque de pèlerins cette année. Bruno Le Maire a annoncé des aides pour les boutiques vendant des souvenirs religieux et des objets de piété.

Saint-Bruno bien plus efficace que Bernadette Soubirous.