Le 5
décembre, se faire craindre du gouvernement, c'est possible !
Trois
semaines nous séparent de la journée de grève interprofessionnelle appelée par
la CGT, FO, Solidaires et la FSU sur la réforme des retraites. Ce sont trois
semaines qu’il faut mettre à profit pour préparer cette mobilisation.
Cette
journée permettra, bien sûr, de dire non à cette énième réforme qui fera encore
reculer l’âge de départ et diminuera les pensions. Le gouvernement parle des
régimes dits « spéciaux » pour tenter de diviser les travailleurs en
pointant ceux qui seraient « privilégiés ». Mais les vrais
privilégiés, les milliardaires amis de Macron, seront épargnés, quand sa réforme
frappera tous les salariés.
Avec
des pensions calculées, non plus à partir des 25 meilleures années, mais de
toute la carrière, tous les salariés seront perdants. Et il y a ce système de
points qui s’apparente à un chèque en blanc demandé par l’État. Le gouvernement
vient de prendre 3,5 milliards aux chômeurs, ou encore 1 milliard aux
bénéficiaires de l’APL, eh bien demain il pourra en faire autant sur le dos des
retraités !
Plus
largement, le 5 décembre peut être l’occasion d’exprimer toute la colère
accumulée par le monde du travail. Et, réussi, il peut être une première étape
pour se faire respecter de Macron et du grand patronat.
Depuis
la rentrée, de nombreuses professions ont exprimé leur malaise, les journées de
grèves se sont multipliées, à la SNCF, à la RATP, et dans la santé où les
hôpitaux fonctionneront au ralenti jeudi 14 novembre.
Cela
fait des semaines que le gouvernement tente d’éteindre le feu qui couve à
l’hôpital. Il multiplie les effets d’annonce mais sans répondre à
l’essentiel : le manque d’effectifs et de lits, les salaires trop bas, les
heures supplémentaires non payées, et des conditions de travail de plus en plus
folles. Le problème est tellement grave que les hôpitaux peinent à recruter et
à garder les médecins ou les infirmières ! Autant dire que la mobilisation
n’est pas près de s’arrêter.
Ce
ras-le-bol et le sentiment d’être méprisés ne sont pas réservés aux
travailleurs du public. Ils s’expriment dans les entreprises privées où les
travailleurs sont précarisés, traités comme des pions et soumis à la pression
permanente de devoir en faire toujours plus pour gagner moins. Un plan de
compétitivité n’est pas encore terminé qu’un autre est lancé, avec son cortège
de sacrifices : suppressions d’emplois, jours de repos rognés, obligations
de mobilité et de flexibilité. Tout ça, alors que les grands groupes sont
prospères, amassent les profits et distribuent des dividendes généreux, comme
chez Michelin, PSA ou dans les banques.
Le
gouvernement sait qu’il y a des limites à ce que les travailleurs accepteront.
Dans ce climat, il craint tout départ de feu qui pourrait se généraliser à
l’ensemble du monde du travail.
Il le
craint d’autant plus que certaines mobilisations, à l’instar des gilets jaunes,
sont venues de la base et peuvent échapper au contrôle des confédérations
syndicales. Alors, oui, plus on approche du 5 décembre, plus la fébrilité monte
côté gouvernement.
Sur les
retraites, Macron et Philippe multiplient les signaux pour désamorcer la
contestation. Ils ont d’abord repoussé la réforme au-delà des élections
municipales de mars 2020. Ils ont ensuite abandonné la notion d’âge pivot à 64
ans. Aujourd'hui, ils seraient prêts à dégainer la « clause du grand
père » consistant à n'appliquer la réforme qu’aux nouveaux entrants sur le
marché du travail.
C’est
cynique car si nous profitons aujourd'hui des avancées conquises dans les
luttes par nos parents et grands-parents, ce n’est pas pour condamner nos
enfants !
Mais
cela montre aussi que le gouvernement a plus d’un tour dans son sac pour
diviser, opposer les travailleurs et les syndicats les uns aux autres. Eh bien,
il ne faut pas tomber dans ce piège !
Certains
secteurs comme ceux de la RATP et de la SNCF se mettent en ordre de marche. À
la RATP, il s’agit de s’appuyer sur l’avantage pris avec la grève du 13
septembre et de continuer le combat. À la SNCF, les mobilisations autour du
droit de retrait et la multiplication des grèves locales sur la sécurité, les
effectifs, les conditions de travail et les salaires ont montré que la
contestation dépasse la question des retraites. Le 5 décembre permettra de
l’exprimer collectivement à une échelle bien plus grande.
Alors,
que l’on travaille dans le public ou dans le privé, il faut se saisir de cette
journée pour exprimer notre colère. Aujourd'hui, le camp gouvernemental est
inquiet d’un risque d’explosion sociale. Montrons-lui qu’il a raison de la
craindre et, ensemble, faisons-nous respecter !