mardi 23 juillet 2019

Bonnes lectures (11) : Le syndrome d’Ulysse, de Santiago Gamboa, Point-roman Le Seuil


Truculent



Esteban est un immigré sud-américain. Paris est la capitale étoilée du monde. La réalité est plus sombre avec la pluie, le froid, la solitude, et les petits boulots difficiles, mais où l’on peut retrouver la fraternité des exilés.
         Un livre qui fait sourire, truculent, et parsemé de fantasmes et d’érotisme, avec les éternelles retrouvailles des autres immigrés qui donnent à chacun raison de vivre et d’espérer.
         Un livre d’un auteur d’origine colombienne, entre littérature et polar, mené tambour battant, et que nous avons beaucoup aimé !

lundi 22 juillet 2019

Parcoursup : encore des jeunes sur le carreau


Un système de tri

 

62 000 jeunes, dont 34 000 lycéens, n'ont à ce jour aucune proposition pour la poursuite de leurs études. Le ministère de l'Enseignement supérieur prétend que le système marche moins mal que l'année dernière, et qu'il resterait 92 000 places disponibles. Mais il s'agit en grande partie de formations très spécifiques ou qui ne correspondent pas aux souhaits des étudiants. On peut malheureusement parier que beaucoup de jeunes se retrouveront sur le carreau en septembre.
Le gouvernement organise la pénurie de places en refusant d'investir dans l'enseignement supérieur. Et quoi qu'en disent ses partisans, Parcoursup reste un système de tri, qui pénalise avant tout les jeunes des milieux populaires.

Assemblée nationale, commission d’enquête et de Rugy


Fines gueules avec nos sous



L'Assemblée Nationale dirigée par les amis de Macron vient de faire une enquête sur les dîners fastueux, avec homards et grands crus, organisés par de Rugy et sa femme aux frais de l'État lorsqu'il était président de l'Assemblée Nationale.
Et après un suspense insoutenable on apprend que... ouf, il n'y aurait rien à reprocher à de Rugy car il ne s'agissait que de dîners « professionnels ». Il ne faut donc plus dire qu'il invitait ses copains patrons, journalistes et lobbyistes, mais qu'il invitait ses « relations de travail ». On en est presque à le plaindre, lui qui, pour sa défense, expliquait qu'il n'aimait ni le homard, ni les huitres, et que le champagne lui donnait mal à la tête. Le pôvre. Président du parlement, à l'entendre, ce serait une véritable corvée.
Qu'on se rassure ! Ni le couple de Rugy, ni les honorables et complaisants membres de cette commission d'enquête parlementaire ne sont aujourd'hui réduit à l'eau et au pain sec.

Chine : une nouvelle explosion mortelle en Chine


Autorités chinoises et trusts occidentaux responsables


Explosion d'une usine Tianjiayi Chemical en mars 2019

Une usine de gazéification a explosé ce vendredi en Chine. Un bilan provisoire fait état de dix morts, 18 blessés et 5 disparus. Des fenêtres et des portes d'immeubles d'habitation ont été soufflées dans un rayon de trois kilomètres.
C'est le dernier accident d'une longue série. Le plus grave, en 2015 dans le nord du pays avait provoqué la mort de 165 personnes. Les autorités chinoises se sont engagées à déplacer 80 % des usines dangereuses d'ici 2020, mais jusqu'à présent, elles fermaient les yeux sur les risques encourus.
Les trusts occidentaux qui traitent sans vergogne avec ces entreprises chinoise, partagent le même mépris pour la vie de la population et des travailleurs , comme l'a illustré la catastrophe de l'usine AZF de Toulouse, dont le propriétaire, Total, a usé de toute son influence pour dégager sa responsabilité.

Val d’Oise, Magazine, un journal pour milieux bien ciblés


Journal du pays des bisounours et loin du populaire



Le dernier numéro du magazine du conseil départemental du Val d’Oise de juillet-août 2019, a de quoi irriter particulièrement. Non pas qu’il soit inintéressant en soi, non pas que la frontière de notre réflexion s’arrête à Argenteuil, mais tout de même ! Un magazine dont les rubriques s’adressent uniquement aux plus aisés des habitants du département, et qui exclut totalement une nouvelle fois les préoccupations des milieux populaires, et 10 % de la population du Val d’Oise en excluant de fait la ville-phare des Impressionnistes, et la 3ème d’Ile de France. Sur 52 pages, 0 occurrence !
         Ce journal qui parle patrimoine et musique classique et autres lieux privilégiés est certes à l’image des électeurs de la majorité départementale, mais les impôts qui permettent non seulement le fonctionnement de ce dernier mais du magazine lui-même sont ponctionnés dans toutes les couches sociales de la population, à ce que l’on sache !
         Ce qui est étonnant, même si ce numéro illustre d’une façon toute particulière notre propos, est que numéro après numéro le même… numéro soit joué et rejoué. Ce qui l’est également, c’est qu’il n’y ait nulle part au sein même de ce conseil de conseiller pour dénoncer une telle situation. En tout cas, si cela était fait, la moindre des choses serait de le faire savoir.
         Si le conseil départemental ignore à ce point une fraction notable des habitants du Val d’Oise, il peut encore faire mieux, en omettant tout simplement de distribuer sur Argenteuil un périodique qui ne les concerne strictement pas ! Il fera par la même occasion quelques économies et s’évitera dans le même temps de les narguer !

Bonnes lectures de l’été (9) : Françoise Frenkel, rien où poser sa tête, Folio


Quand on devient apatride et que l’on risque la mort



Par hasard, j’ai lu qu’un des plus grands sociologues du XXème siècle, Norbert Élias, après avoir fui le nazisme, avait été emprisonné en Angleterre à la déclaration de guerre en tant que citoyen allemand ! C’est ce qui arriva également en France à nombre de réfugiés.
         « Rien où poser sa tête » raconte le long parcours de celle qui tint la librairie française de Berlin jusqu’aux derniers jours avant l’entrée en guerre en septembre 1939.
         Commença alors pour elle, pour ses origines juives, une longue itinérance qui finira par lui faire rejoindre après bien des détours et des peurs, l’havre de la Suisse, ce qui allait lui permettre de survivre.
         Fugitive, traquée, elle dut franchir bien des obstacles où les autorités françaises eurent une large part, rencontrant alors des fonctionnaires zélés appliquant les « consignes » et les « ordres » à l’encontre de la population juive. Mais si elle put finalement les déjouer, c’est qu’elle rencontra aussi aide, soutien et protection, que ce soit du côté de ce coiffeur niçois et de sa famille, ou encore de ce soldat italien qui juste au moment où, pour la seconde fois, elle allait franchir la frontière n’appliqua pas les consignes.
         Un livre qui nous aide bien sûr à réfléchir sur le sort des migrants d’aujourd’hui.

dimanche 21 juillet 2019

Premiers pas sur la lune, 21 juillet 1969. Un article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière de cette semaine


Le premier pas sur la Lune d’une société qui piétine

 « Un petit pas pour l’homme, un grand pas pour l’humanité », cette phrase prononcée par Neil Armstrong, le premier à avoir posé le pied sur la Lune le 21 juillet 1969, exprimait le sentiment de tous ceux qui ont suivi en direct le premier alunissage. 50 ans plus tard, cet exploit reste un symbole. Il souligne les formidables capacités scientifiques et techniques auxquelles est parvenue l’humanité, en même temps que les tares, non résolues, de la société au sein de laquelle il a été réalisé.
Permettre à des hommes de parcourir les 380 000 kilomètres qui séparent la Terre de la Lune, de se poser en douceur sur ce satellite naturel dépourvu d’oxygène, puis d’en repartir pour rentrer sains et saufs sur Terre, est une prouesse. Pour envoyer quelques hommes sur la Lune, il a fallu la longue collaboration de quelque 400 000 personnes : des astronautes et des pilotes intrépides ; des ingénieurs et des scientifiques maîtrisant les lois de la physique et inventant de nouvelles techniques ; des milliers d’ouvriers et de techniciens mettant en œuvre des moyens de production complexes, fruits du développement industriel du monde entier. Pour propulser Armstrong, Aldrin et Collins vers la Lune, il a fallu bien d’autres « figures de l’ombre », comme ces femmes noires de l’Amérique ségrégationniste des années 1950 et 1960, calculatrices hors pair.
Lors d’un discours en 1961, Kennedy, alors président des États-Unis, avait fait de la Lune un objectif impératif « avant la fin de la décennie ». Il s’agissait de rattraper puis de battre l’Union soviétique qui avait plusieurs longueurs d’avance dans la conquête spatiale. En octobre 1957, la mise en orbite de Spoutnik, le tout premier satellite artificiel, avait permis à Khrouchtchev, le dirigeant de l’URSS d’alors, de clamer : « Les spoutniks prouvent que le socialisme a gagné la compétition entre les pays socialistes et capitalistes »… En avril 1961, avec la mise en orbite de Youri Gagarine, premier homme dans l’espace, les dirigeants soviétiques enfonçaient le clou. Quant à y voir une démonstration de la supériorité du socialisme, c’était oublier que pour réussir ses exploits spatiaux, l’Union soviétique, coupée de l’économie mondiale, devait y consacrer une part importante de ses ressources industrielles, au détriment d’autres secteurs vitaux pour la population, comme les biens de consommation ou l’agriculture.
Reste que ces victoires successives montraient les capacités d’une économie planifiée, sans concurrence entre entreprises mues par le profit. Le programme spatial américain se heurtait, justement, à la concurrence entre les grandes firmes du secteur aéronautique et entre les différentes branches de l’armée.

En juillet 1958, pour mettre un terme à cette rivalité désastreuse, le gouvernement américain créa de toute pièce la Nasa, une agence publique chargée de coordonner, avec des moyens considérables, le programme spatial américain. En dix ans, elle allait mobiliser les moyens, les compétences et les énergies nécessaires pour que les États-Unis rattrapent leur retard. En Amérique aussi, la planification l’emportait donc sur l’économie de marché ! Comme dans presque toute l’histoire du capitalisme, il fallait l’intervention de l’État pour réaliser des investissements majeurs. Les États-Unis n’ayant cependant rien de socialiste, la Nasa allait sous-traiter, sous sa tutelle, la production de tous les éléments du programme spatial. Les 25 milliards de dollars du programme Apollo (environ 150 milliards de dollars actuels) allaient faire le bonheur d’une myriade d’entreprises privées.
Comme tous les organismes publics dans tous les pays du monde, la Nasa allait ainsi servir de vache à lait aux capitalistes. Le dernier en date est Elon Musk, propriétaire de Space X, qui a obtenu en 2008 un contrat substantiel pour ravitailler la station spatiale internationale ISS. Profitant à fond de l’expérience accumulée de la Nasa, il s’apprête à transformer l’espace en Luna Park pour les riches privilégiés qui pourront payer leur ticket quelques dizaines de millions de dollars. Il peut ainsi dilapider de façon révoltante le travail collectif de l’humanité pour amuser quelques richards dans une société qui manque de médicaments ou de logements.
La Nasa est un organisme civil aux activités pacifiques qui ont, malgré tout, de multiples retombées positives sur la vie quotidienne, du GPS aux prévisions météo. Mais le programme spatial américain n’en a pas moins toujours été étroitement surveillé par les militaires. Si Kennedy voulait arriver sur la Lune avant l’Union soviétique, ce n’était pas seulement pour le prestige. Comme le déclarait un sénateur américain en 1957 : « Si vous êtes en mesure d’accomplir le lancement du Spoutnik, cela veut dire que vous pouvez lancer une bombe thermonucléaire très facilement. » L’enjeu des programmes spatiaux a toujours été celui du contrôle de l’espace par les grandes puissances. Depuis Kennedy, tous les présidents américains ont consacré des centaines de milliards de dollars à la « guerre des étoiles ». Trump a créé une force de l’espace, spécialisée dans l’utilisation de missiles pour la destruction des satellites russes ou chinois. Il se prépare à faire de l’espace un des champs de bataille des guerres à venir.
C’est une autre raison qui vient refroidir l’enthousiasme suscité par le premier pas de l’homme sur la Lune et les prouesses spatiales qui ont suivi. La compétence humaine et les moyens techniques accumulés sont gaspillés par une organisation sociale qui maintient la propriété privée des moyens de production, la concurrence et la guerre entre les firmes et les États qui défendent leurs intérêts. Renverser cet ordre social est le plus urgent des « grands pas pour l’humanité » qui restent à accomplir.

                                     Xavier LACHAU (Lutte ouvrière n°2659)



Castaner et les violences policières : couverts et décorés !


Promotion La Bavure



Castaner décore 9 000 policiers pour leur activité contre les gilets jaunes.
Parmi les décorés figurent ceux ayant blessé gravement une femme de 73 ans à Nice en la projetant à terre, ainsi qu'un responsable du tir de grenade ayant tué une personne qui regardait par la fenêtre de son appartement. D'autres encore ayant matraqué des personnes dans un Burger King, et un autre ayant donné l'ordre de gazer la foule lors de la fête de la musique à Nantes, entraînant la disparition d'un jeune dans la Loire...
Castaner veut donc honorer et légitimer les violences et les crimes policiers au défi de ceux qui contestent la politique d'un gouvernement dont il est un des fleurons et, au-delà, qui contestent cet ordre au service des riches. C'est logique, puisque ces exactions, c'est lui qui les a commandées. Logique, mais choquant.

Hier samedi à Beaumont-sur-Oise, manifestation pour la « justice et la vérité » sur la mort d’Adama Traoré il y a trois ans, mort alors qu’il était dans les mains de la gendarmerie…


                                                               Capt. écran RT France