dimanche 16 juin 2019

Football féminin : sexisme pas mort. Un article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière de cette semaine


Football féminin : sexisme pas mort

La Coupe du monde féminine de football se déroule en France jusqu’au 7 juillet, mais les pratiques financières en vigueur et les commentaires en marge de la manifestation témoignent que les préjugés sexistes ne sont pas morts.
Alors que des sports comme le tennis ou le basket-ball se sont féminisés dans la première moitié du 20e siècle, le football a longtemps été en retard, et il le reste.
Des joueuses longtemps exclues

Aux débuts de ce sport, à la fin du 19e siècle, il est pratiqué par des femmes, qui constituent des clubs. En France, à la fin des années 1910, plusieurs équipes de femmes jouent au football. Mais à sa création, en 1919, la fédération française refuse formellement l’entrée des femmes.

En 1925, le patron de l’influent journal L’Auto (ancêtre de L’Équipe) s’indigne ainsi : « Que les jeunes filles fassent du sport entre elles, dans un terrain rigoureusement clos, inaccessible au public : oui, d’accord. Mais qu’elles se donnent en spectacle, à certains jours de fête, où sera convié le public, qu’elles osent même courir après un ballon dans une prairie qui n’est pas entourée de murs épais, voilà qui est intolérable ! » Le décès d’une joueuse pendant un match, en 1927, est exploité pour plaider l’interdiction. Dans les années 1930, le football féminin est toujours vivement critiqué. Enfin, le 27 mars 1941, le gouvernement de Vichy interdit aux femmes une liste de sports, dont le football. Il faut attendre les années 1970 pour voir le retour du football féminin et la création d’une équipe de France.

La fédération internationale, la Fifa, a fait preuve du même sexisme. Dans les années 1970, à une époque où plusieurs fédérations interdisent encore aux femmes de jouer, les premières coupes du monde féminines sont disputées en dehors d’elle. Alors que la Fifa organise une coupe du monde masculine depuis 1930, il faut attendre 1991 pour qu’elle organise l’équivalent pour les footballeuses.
Sexisme et gros sous

Aujourd’hui, la société a évolué, et les sponsors comme les médias voient dans le football féminin un potentiel commercial. Le sexisme prend des formes plus insidieuses que l’interdiction de pratiquer. Il s’observe par exemple dans les inégalités de traitement. Alors qu’un joueur de Ligue 1 gagne en moyenne 73 000 euros mensuels, le salaire moyen d’une footballeuse professionnelle en France est de 2 494 euros. En cas de victoire au Mondial, la Fédération française de football accordera à chaque joueuse 40 000 euros de prime alors qu’en 2018 les Bleus avaient touché chacun 400 000 euros. La différence entre les primes offertes aux équipes par la Fifa se creuse même. Dans plusieurs pays, des joueuses dénoncent ces inégalités, voire attaquent leur fédération pour discrimination, à l’instar des Américaines : elles ont été plusieurs fois championnes du monde et championnes olympiques, mais continuent de gagner moins que leurs homologues masculins, qui n’ont jamais dépassé un quart de finale.

Pour justifier ces différences choquantes, les instances sportives prétextent que le football féminin ne génère pas les mêmes recettes (droits télévisés, etc.), justifiant ainsi leur sexisme par celui de la société. Quand des différences de popularité existent, les autorités en sont les premières responsables : en interdisant longtemps le football féminin, elles l’ont empêché de se développer. Et, en réalité, elles sont en retard sur la société, souvent plus favorable à l’égalité des sexes que les autorités et les médias ne le sont. Chez les jeunes filles, la pratique du football et le nombre de licenciées progresse très rapidement. Le 7 juin, le match d’ouverture France-Corée du Sud a attiré 11 millions de téléspectateurs, un chiffre proche de celui d’un match masculin équivalent.

Les commentateurs sportifs n’osent plus critiquer ouvertement le foot féminin, comme un Thierry Roland le faisait grossièrement. Il faut aller à l’Académie française pour trouver un Alain Finkielkraut expliquer qu’il n’aime pas le football féminin, en ajoutant : « Ce n’est pas comme ça que j’ai envie de voir des femmes. » Qu’il garde donc ses envies pour lui !

                                         Michel BONDELET (Lutte ouvrière n°2654)

Argenteuil marchés forains. L'impression d'être racketté


Eaupacité




Au terme des cinq années de la concession actuelle de l’ensemble des six marchés forains de la Ville, celle-ci doit prochainement être renouvelée. Quel sera le délégataire choisi ? A quelques jours de la décision, le mystère est encore bien gardé
         En tout cas, le concessionnaire actuel a largement mécontenté les commerçants.
         Ainsi, en plus du droit de place, 5 euros sont facturés par journée de marché et par commerçant, en guise de paiement de l’eau. Derrière cette formule, il y a peut-être l’ensemble des fluides (c’est-à-dire essentiellement l’électricité), mais c’est totalement extravagant. Pour un marché tel que le marché Héloïse qui peut regrouper jusqu’à 400 étals, cela fait un gain supplémentaire de 2000 euros par journée. Alors qu’à part l’eau de pluie, l’essentiel des commerçants n’en connaissent guère l’utilisation.
         Il paraît que même le maire d’Argenteuil reconnaît que ce n’est pas normal. Mais rien n’y fait. Les prélèvements continuent.
         Un marché vraiment pas bon marché, voilà ce que vivent et paient les commerçants.




Demain sur le blog :

-le succès du pique-nique du Comité Jean Vilar…

-le complexe Jean Vilar et la saison 2019-2020…

-on construit une école, mais Ambroise Thomas ne désemplit pas…

samedi 15 juin 2019

Gouvernement Philippe : Acte I ou Acte II : le grand capital reste aux commandes


La potion de l'acte II sera aussi amère que celle de l'acte I



Le Premier ministre Édouard Philippe, au lendemain des élections européennes où le parti présidentiel a siphonné les voix de la droite, a présenté ce que les médias présentent comme l'acte II de l'ère Macron dans un discours - un de plus ! - devant l'Assemblée nationale.
La potion de l'acte II sera aussi amère que celle de l'acte I. Attaques contre les chômeurs, remise en cause de l'âge de départ en retraite, voilà le programme. Grossier clin d'œil à Le Pen, Philippe a annoncé une énième loi de sécurité intérieure assaisonnée d'un engagement à réviser les frontières de Schengen et promet un débat annuel sur l'immigration. Quant aux promesses d'augmenter le nombre de places en crèche ou la garantie de la scolarisation dès 3 ans, si elles sont mises en œuvre, elles ne suffiront ni à améliorer autant que nécessaire la situation ni à faire passer la pilule.
Pendant qu'Edouard Philippe fait du théâtre à l'Assemblée nationale, dans les coulisses, c'est la grande bourgeoisie qui tire les ficelles.

Salaires trop bas : l'aveu de hauts-fonctionnaires


Avec des salaires bas, effectivement, ça coince



Selon la Commission des comptes, le déficit de la Sécurité Sociale se creuserait à nouveau. La principale raison, selon cette commission, est "une croissance de la masse salariale nettement inférieure à la prévision initiale du gouvernement". Comme le budget de la Sécu repose de plus en plus sur les salariés, tandis que les patrons profitent de multiples exonérations de cotisations sociales, ça coince.
Les hauts-fonctionnaires, fidèles serviteurs des intérêts de la grande bourgeoisie, reconnaissent ainsi que les salaires sont insuffisants. Alors pour les salaires comme pour la Sécurité Sociale, aux capitalistes de payer !

Migrants : quand des migrants expulsés risquent directement la mort…


Et il ose se présenter comme progressiste face à Le Pen ?



Le 6 juin, la préfecture des Pyrénées-Orientales a renvoyé vers l'Érythrée une exilée arrêtée dans un bus à la frontière espagnole. C'est la première fois que les autorités françaises expulsent vers ce pays, l'une des pires dictatures sur le continent africain.
Enfermée dans un centre de rétention, la demande d'asile de la jeune Érythréenne a été repoussée par l'Office de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra). Un recours devant la Cour nationale du droit d'asile a été déposée. Mais depuis la loi asile-immigration de Macron, cette procédure ne suspend plus l'arrêté d'expulsion.
Macron ose se présenter en progressiste face à Marine Le Pen, mais il a renforcé l'arsenal législatif utilisé contre les migrants en facilitant les procédures expéditives qui s'apparentent en fait à des condamnations à mort.

Mort au travail, sans-papiers ou avec, les mêmes morts du capital


Des papiers pour tous !

 
                                                               Photo Le Parisien

Nous rapportions dimanche dernier comment deux travailleurs sont morts à Épinay-sur-Seine, suite à la chute de la nacelle sur laquelle ils travaillaient en hauteur. Les deux victimes étaient sans papiers, l'un d'origine marocaine, l'autre d'origine algérienne.
         Cela nous rappelle la mort à l’automne 2013 de ce travailleur également sans papiers tombé du toit de l’immeuble en rénovation, rue Yves Farge, dans la cité Joliot-Curie. Il avait fallu que cela soit nous qui organisions une collecte, et qui écrivions à Valls, à l’époque ministre de l’intérieur, pour qu’au moins, sa famille soit régularisée. Une plaque du souvenir devait être érigée près du lieu de la chute. Elle ne l’a jamais été.
         Nombre de travailleurs, en particulier dans le bâtiment, de notre camp des travailleurs d’ici, sont en situation « irrégulière », irrégulière au regard de lois maudites. Ils sont exploités au final souvent par de grands groupes, en l’occurrence, qui ne sont pas très regardants sur les pratiques de sous-traitants profitant de la situation de ces travailleurs.
         En tout cas, il n’y a qu’une revendication pour ces derniers : des papiers pour tous ! Le complément de la revendication du droit de circulation et d’installation pour tous !