Catastrophe
de Gênes : la logique du profit à l'œuvre
Photo de Salvatore1991
L’effondrement d’un pont à Gênes,
en Italie, a tué des dizaines de personnes et a privé de leur logement les
centaines de riverains qui ont dû être évacués du jour au lendemain. Et
pourtant, cette catastrophe avait été plus qu’annoncée. Plusieurs rapports
avaient fait état de la fragilité de ce pont, l’un d’entre eux avait même
évoqué la nécessité de le remplacer complètement. Mais la société privée
exploitante de l’autoroute passant sur ce pont et qui, à ce titre, avait la
charge de son entretien, avait d’autres priorités.
Privatisée il y a vingt ans, elle
est contrôlée par un groupe financier appartenant à la famille Benetton qui a
consacré ces dernières années des centaines de millions d’euros au rachat de
sociétés autoroutières dans toute l’Europe et dans le monde, d’aéroports comme
celui de Nice… Pour les dirigeants de cette multinationale, assurer la sécurité
des millions de personnes empruntant quotidiennement le pont de Gênes était
moins important que de garantir à une poignée actionnaires les profits qu’ils
attendaient !
De leur côté, les pouvoirs
publics n’ont rien fait pour obliger cette société privée à faire face à ses
obligations. Pire, depuis des années, tous les gouvernements italiens n’ont
cessé eux-mêmes de réduire les budgets consacrés à l’entretien des routes et
des ponts du pays.
La catastrophe survenue à Gênes
illustre à quelles conséquences dramatiques conduit le parasitisme des groupes
capitalistes. L’État réduit la part du budget consacré à ce qui est utile à la
population, des services publics aux infrastructures, pour consacrer l’argent
public à payer des intérêts faramineux à la finance. Loin d’être spécifique à
l’Italie, cette situation est la même dans tous les pays les plus développés,
en Europe comme aux Etats-Unis.
Ici même, en France, d’après un rapport
rendu public le mois dernier, un tiers des 12 000 ponts du réseau géré par
l’État nécessite des réparations et plus de 800 d’entre eux sont menacés à
terme d’effondrement. Comme en Italie, après avoir financé la construction des
autoroutes, l’État les a privatisées pour le plus grand profit de groupes comme
Vinci ou Bouygues qui peuvent se contenter d’empocher des péages en continuelle
augmentation.
Au-delà des routes, ce sont
l’ensemble des services publics, qui, en France comme dans tous les autres pays
riches, ont subi le même sort. L’État a diminué ses dépenses dans la santé,
l’éducation, les transports ou le logement, privatisé les activités les plus
rentables. Il permet aux requins de la finance de prélever, par le biais de
l’endettement, une part de plus en plus importante des financements qui
devraient être consacrés à soigner ou à loger des gens.
Si, aujourd’hui, des patients
doivent attendre sur des brancards dans les couloirs des Urgences faute de
lits, si, dans les hôpitaux et les écoles, on manque de personnel, de locaux et
de matériel, si des millions de personnes ne peuvent se loger correctement,
c’est la conséquence de cette politique menée par tous les gouvernements, hier
avec Sarkozy et Hollande, aujourd’hui avec Macron, pour satisfaire les
exigences de profit de la bourgeoisie.
L’économie est dominée par une
minorité de capitalistes préoccupés exclusivement d’augmenter leurs gains le
plus rapidement possible, et, avec la crise de leur système, cela se fait en
spéculant sur les actions, les monnaies ou le blé, à coups de rachats
d’entreprises suivis le plus souvent par des licenciements et toujours par
l’aggravation de l’exploitation. Cela permet à une minorité de riches
privilégiés, les Benetton en Italie, les Arnault, Mulliez ou Bouygues en
France, de prospérer comme jamais, mais leur enrichissement se fait aux dépens
de toute la société.
Le capitalisme en crise engendre
un chaos de plus en plus destructeur : explosion du chômage et de la pauvreté,
délabrement des services publics rongés par la logique du profit individuel ;
dans bien des pays pauvres, au sous-développement s’ajoutent les ravages des
guerres alimentées par la concurrence que se mènent les groupes industriels et
financiers.
Un autre avenir est possible. À
la condition que les millions de femmes et d’hommes qui constituent la classe
des travailleurs se donnent les moyens par leurs luttes et leur organisation de
renverser la domination des capitalistes afin de pouvoir mettre l’économie au
service de l’intérêt général. Il en va de l’avenir des travailleurs et de
l’ensemble de la société.