Une grève
qui dure et qui représente tous les travailleurs
02 Mai 2018
Les cheminots sont bel et bien
installés dans la grève, chaque semaine qui passe le confirme. Les DII, ces
formulaires par lesquels ils se déclarent grévistes auprès de leur direction,
ont été à nouveau très nombreux pour les 3 et 4 mai, après une baisse lors des
deux jours de grève précédents, qui tombaient sur un week-end.
Le mouvement des cheminots marque
l’actualité, d’abord parce qu’il dure et se maintient, mais aussi parce que les
cheminots ont choisi de mettre en avant ce qui, dans les attaques du
gouvernement, concerne tous les travailleurs : la peur de perdre son emploi
lors du passage au privé de sa ligne ou de son atelier, le refus de la
précarité pour les jeunes embauchés qui n’auront plus le statut des cheminots,
et aussi les bas salaires, bloqués d’année en année, les conditions de travail
qui se dégradent et se dégraderont encore plus vite avec la privatisation et la
mise en concurrence.
Ces problèmes sont le quotidien
de tous les salariés, du public ou du privé, et c’est la raison pour laquelle
le mouvement des cheminots rencontre l’assentiment d’une grande majorité
d’entre eux. Cela, les grévistes le constatent dans leurs familles, auprès de
leurs amis, lors des diffusions de tracts aux usagers et des opérations péage
gratuit. Ils sont fiers de mettre Macron dans une position de plus en plus
inconfortable en tenant semaine après semaine.
Quand Macron a lancé le pacte
ferroviaire, il avait des objectifs qui lui étaient propres : faire la
démonstration que lui, contrairement à ses prédécesseurs, il était capable de
mettre au pas les cheminots. Il voulait montrer à la bourgeoisie qu’elle avait misé
sur le bon cheval lors de l’élection présidentielle.
Cela ne pouvait que convenir à la
bourgeoisie… à condition que ça fonctionne. Et ça n’a pas fonctionné comme
prévu. Le mouvement des cheminots a surpris Macron et la bourgeoisie, d’abord
par son caractère massif, ensuite par sa durée. Les capitalistes s’attendaient
à 15 jours de grève et s’étaient organisés en fonction de cela : en faisant du
surstockage, en prévoyant des transports supplémentaires par camion. Maintenant
que le mouvement dure depuis près d’un mois, et garde son caractère massif, ces
arrangements ont atteint leurs limites et les capitalistes de certains secteurs
commencent à s’impatienter.
Outre les patrons du tourisme et
de l’hôtellerie, les capitalistes de secteurs de l’agroalimentaire, du
bâtiment, se plaignent par médias interposés de ne pas pouvoir évacuer leurs
silos avant la prochaine récolte pour les uns, de ne pas pouvoir acheminer les
granulats nécessaires aux grands chantiers pour les autres.
Un sondage réalisé pour le
journal patronal La Tribune indique que, « dans les entreprises
comptant 10 salariés ou plus, 47 % connaissent une perturbation de leur
activité (dont 27 % beaucoup) ». Pour « sortir de la crise », 45 % des
patrons interrogés estiment que le gouvernement « doit négocier certains
points de la réforme ».
Ils écartent néanmoins de ces
points de négociation possible tout ce qui concerne le statut des cheminots, la
garantie de l’emploi, les conditions de travail et les salaires. Le mouvement
risque de durer encore… et, pourquoi pas, de voir d’autres travailleurs en
colère le rejoindre. C’est en tout cas ce qui serait nécessaire.
Valérie
FONTAINE (Lutte ouvrière n°2596)
Ce soir Vendredi
4 mai
à 19h00
Radio
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