Des valeurs aux antipodes de celles du mouvement ouvrier militant
En activité ou retraités, nous
sommes nombreux parmi les militants Lutte Ouvrière de la localité à militer à
la Cgt, dans les entreprises ou les unions locales. Nous nous y retrouvons à
combattre le patronat et ses serviteurs, fraternellement, aux côtés d’autres
militants, engagés dans d’autres organisations ouvrières ou sans engagement
politique.
Des
élections professionnelles viennent d’avoir lieu dans la fonction publique. Que
ce soit chez AB-Habitat ou à l’Agglomération d’Argenteuil-Bezons, malgré la
campagne actuelle contre la CGT, celle-ci y obtient de bons résultats. A la
mairie d’Argenteuil, n’en déplaise à la nouvelle municipalité, la CGT résiste
et demeure la première organisation syndicale. La branche-consommateur de la
CGT, la CGT-Indecosa vient même d’emporter un siège de représentant des locataires
lors des élections qui viennent d’avoir lieu chez le principal bailleur
d’Argenteuil-Bezons, AB-Habitat.
Cela
dit, les militants sont touchés au vif par ce qui se passe dans les sphères
dirigeantes de leur syndicat. C’est pourquoi nous reproduisons ci-dessous un
article de notre hebdomadaire lutte Ouvrière de cette semaine qui revient sur
la question.
Lepaon
et les travailleurs n'ont pas les mêmes valeurs
La commission exécutive de la CGT
s'est réunie mardi 9 décembre pour décider de la réponse à apporter à ce qui
est désormais appelé « l'affaire Lepaon ». Le trésorier de la CGT a
démissionné, mais l'avenir de Lepaon est toujours en suspens. Craignant
peut-être de déclencher une crise plus importante encore, la direction a
préféré mettre la poussière sous le tapis.
Lepaon
n'est pas encore rejeté par la direction de la CGT, mais il l'est des
syndiqués. Tout dans son attitude choque, de la part de quelqu'un qui prétend
représenter le monde ouvrier. Les travaux de son appartement pour 100 000
euros, ceux pour son bureau pour 62 000 euros et l'indemnité qu'il a perçue
lors de son départ de la CGT Basse-Normandie de 31 000 euros, tout cela
témoignait d'un goût des avantages qui n'a pas lieu d'être pour un dirigeant
syndical. Et cela, même si les largesses dont a profité Lepaon de la part de la
confédération CGT sont sans commune mesure avec celles que s'octroient le monde
politicien et la bourgeoisie elle-même. Elles montrent un comportement étranger
au mouvement ouvrier et qui doit être combattu.
Verser chaque
mois une cotisation syndicale est un sacrifice pour beaucoup de travailleurs.
Et entendre des responsables syndicaux expliquer que des travaux à hauteur de
62 000 euros, pour mettre au goût du jour leur bureau, n'ont rien d'aberrant,
montre le décalage qu'il y a entre ces bureaucrates et la vie des syndiqués.
L'affaire
Lepaon reflète les guerres intestines qui divisent la CGT, car ces révélations
ne sont pas tombées du ciel, elles ont été transmises sciemment à la presse par
certains responsables de la confédération. Pour les médias ou les responsables
politiques qui montent cette affaire en épingle, c'est une aubaine, l'occasion
rêvée pour mener campagne contre la CGT.
C'est une
campagne infâme. Tous ces gens-là, prompts à excuser tel ou tel politicien
escroc, tel ou tel affairiste, veulent, au travers de Lepaon, affaiblir la
principale organisation ouvrière du pays et salir ses militants. La CGT reste
le syndicat dans lequel on trouve les travailleurs et les militants les plus
combatifs. Alors que le patronat et le gouvernement veulent transformer les
syndicats en béni-oui-oui, nombre de ces militants CGT continuent dans les
entreprises à organiser la résistance et les réactions collectives.
Les
travailleurs du rang comme les syndiqués savent qu'il leur est indispensable de
s'organiser pour se défendre contre les attaques patronales. Ils ont bien des
reproches à faire à la direction de la CGT, et en premier lieu aujourd'hui sa
quasi-apathie, pour ne pas dire plus, face aux attaques du patronat et du gouvernement.
Mais ils savent faire la part des choses, entre les militants qui travaillent à
leurs côtés et les hautes sphères syndicales qui les représentent bien peu. Ils
savent que, dans les meilleurs combats qu'ils ont menés, les militants de base
ont d'abord compté sur leur détermination, leur conscience et leur
organisation, alors que ce n'est pas un Lepaon qui les a aidés en quoi que ce
soit. Alors demain ils continueront à lutter pour tout ce à quoi Lepaon tourne
le dos.
Lila
Vermer