Aérogare de Roissy : le règne de la précarité
Roissy est le plus grand aéroport du pays avec des avions
qui s'envolent vers des destinations de rêve... et un personnel qui galère.
Quelques exemples.
Le voyageur qui arrive avec sa mère âgée est accueilli par
des employés qui proposent de la véhiculer en chaise roulante : Passerelle (une
filiale d'Air France) et Samsic (PHMR) assurent ce service. Très bien. Ce qui
l'est moins, c'est qu'une partie du personnel est intérimaire, convoqué du jour
au lendemain, vivant dans la hantise de rater le coup de fil du soir qui
procure le travail du lendemain.
Dans les halls, du personnel de nettoyage s'active. Il
dépend de sociétés comme ONET. Du personnel précaire, lui aussi. Lorsque le
Hall B du terminal 2 a fermé pour travaux début avril, bien des contrats n'ont
pas été renouvelés. Pourtant, des toilettes ou des halls à nettoyer, ce n'est
pas ce qui manque dans les aérogares !
Aéroport de Paris (ADP) a développé des magasins qui lui
rapportent beaucoup. Du personnel souvent précaire, là encore. Avec la
fermeture du 2B, des employés des boutiques Relay ont eux aussi perdu leur
emploi. Des kiosques Relay, on en voit pourtant partout en France, mais leur
patron étant un gérant « indépendant » n'ayant que deux magasins, il disait ne
pas pouvoir les reprendre.
Roissy c'est aussi le règne du temps partiel imposé. Le
groupe 3S (une société de services) impose des contrats de 90 heures par mois.
Dans les entreprises de sûreté, ICTS offre des contrats de 86 ou 120 heures par
mois, la Brinks, 28 heures la semaine, etc. Mais comment vivre avec moitié ou
deux tiers d'une paye quand on a déjà du mal avec une paye entière ? Et de plus
en plus, les patrons introduisent dans les plannings des coupures non payées
d'une, deux ou trois heures. Ils voudraient ne faire travailler les salariés
que le temps du vol : Sodaic ou Securifort les emploient 4 ou 5 heures, pour
une présence de 9 à 10 heures sur l'aéroport.
Même en CDI, les emplois sont précaires. Aéropass (qui fait
partie du groupe Transdev) veut supprimer 49 emplois parmi les chauffeurs des
cars qui amènent les passagers aux avions. Dès qu'Air France a annoncé son plan
d'économies, aussitôt Transdev l'a répercuté et annoncé des suppressions
d'emplois.
Roissy... les avions décollent, les profits aussi, les
conditions de travail et de paye font du rase-mottes.