Aéroport de Roissy : contre la précarité et les bas salaires, une journée qui en appelle d'autres
Mardi 28 mai, les travailleurs de Roissy, appelés par la CGT à
une journée de grève et de manifestation, se sont retrouvés à plusieurs
centaines à manifester malgré la pluie.
Des salariés d'Air France mais surtout des autres entreprises étaient
présents : Transdev piste, en butte à un plan de 49 suppressions
d'emplois, Passerelle, qui sort d'une grève victorieuse, des
bagagistes, des agents de sûreté et aussi des personnels des douanes.
Les slogans dénonçaient la précarité, les bas salaires, les temps
partiels avec un refrain s'adressant aux patrons, « les
salauds ». Ils n'épargnaient pas le gouvernement : « Y'en a ras le bol
de ce gouvernement qui prône l'austérité, qui impose la loi Diart. »
Cette loi Diart, qui date de la droite et sur laquelle le
gouvernement socialiste n'est pas revenu, a renforcé les pressions
antigrève : les syndicats doivent déposer un préavis cinq jours à
l'avance et les salariés du transport aérien doivent se déclarer
grévistes 48 heures à l'avance. Les patrons ont alors toute latitude
pour faire pression sur les agents et les remplacer par des
non-grévistes, même d'un bout à l'autre du pays. C'est ce qu'ils ont
fait lors de la grève de décembre 2011. Et il y a un mois, des agents de
Roissy ont été envoyés à Marseille aux frais du patron, payés trois
fois leur salaire, pour casser une grève chez ICTS.
L'appel concernait toute la zone de Roissy-aéroport qui regroupe plus
de 90 000 salariés, dont plus de la moitié sont émiettés en des
dizaines d'entreprises sous-traitantes (750 en tout !), parfois
petites, mais souvent reliées à de grands groupes par l'intermédiaire de
filiales, et de filiales de filiales.
Cette division permet tous les abus : chez Samsic, (assistance aux
passagers à mobilité réduite, plus le ménage, les bagages...), un
exemple entre cent, nombre de salariés sont convoqués au jour le
jour, ayant peur de rater le coup de fil du soir qui leur permettra de
travailler le lendemain. Mais même en CDI, les salariés sont précaires :
chaque entreprise est soumise à des appels d'offres tous
les trois ans. Quand l'entreprise perd le marché, même si les salariés
sont repris, les patrons en profitent pour supprimer les avantages
maison, bouleverser les plannings, baisser les salaires, etc.
Le travail intègre de plus en plus des coupures dans la journée : les
patrons voudraient faire travailler les salariés vol par vol, et y sont
arrivés dans certains cas.
Différentes organisations ont apporté leur soutien au mouvement. En
particulier notre camarade Nathalie Arthaud, pour Lutte Ouvrière, a
souligné que tout le personnel de la zone subit les mêmes
attaques et que cela nécessiterait la même riposte. Et en effet des
grèves ont éclaté çà et là, lors des négociations annuelles obligatoires
(NAO) ou à l'occasion des transferts. Même si les patrons
ont saucissonné les salariés en des centaines d'entreprises différentes,
leurs intérêts, leurs revendications sont les mêmes. Cette première
journée interprofessionnelle en appelle donc d'autres.
Correspondant LO