La leçon d’Espagne
Le gouvernement Zapatero en Espagne est le troisième gouvernement à être balayé en l’espace d’un mois en Europe.
Zapatero se disait socialiste et passait même pour un modèle parmi les dirigeants des différents partis socialistes d’Europe. Il vient de subir un désaveu électoral cinglant de la part de l’électorat populaire durement frappé par la crise et écœuré par la politique du gouvernement.
Dans ce pays qu’on célébrait il y a quelques années pour sa réussite économique, le chômage frappe aujourd’hui une personne sur quatre, un jeune sur deux ; des entreprises ferment, les chantiers du bâtiment qui fleurissaient partout sont arrêtés, trois cent mille familles ont été expulsées de leur logement ces trois dernières années et un million et demi sont dans la crainte de l’être.
Les mesures d’austérité du gouvernement s’ajoutent aux conséquences directes de la crise : gel des retraites, baisse des salaires des fonctionnaires, démolition des budgets sociaux.
Le « socialiste » Zapatero comme le « socialiste » Papandréou ont obéi aux injonctions des « marchés financiers », c’est-à-dire aux banquiers et au grand patronat, pour mener la même politique que les hommes de droite Berlusconi et Sarkozy. Une politique qui consiste à vider toujours plus les poches des classes populaires pour garantir au capital financier que ses prêts usuraires aux États seront remboursés, intérêts élevés compris, quoi que cela puisse coûter à la population.
Le constat que la gauche gouvernementale n’est pas meilleure que la droite et que l’alternance est un leurre, a poussé un grand nombre de jeunes en Espagne vers le mouvement dit « les indignés ». Indignés, ils ont toutes les raisons de l’être mais, face au capital financier et à la dictature de la classe capitaliste, il ne suffit pas d’être indigné.
Hier, gouvernement et médias nous répétaient que la crise en Europe, c’est la faute aux Grecs qui ne payaient pas leurs impôts et qui vivaient au-dessus de leurs moyens !
Aujourd’hui, on répète la même antienne pour l’Espagne. Demain, on nous la serinera à nous ici, en France, pour justifier les mesures d’austérité déjà prises et surtout celles, plus nombreuses, qui sont encore à venir.
Alors, il faut que ce qui arrive à nos frères les travailleurs espagnols nous serve de leçon. Ils payent cher le constat que le changement de majorité parlementaire ne protège en rien le monde du travail.
Mais il y a une autre conclusion à tirer de la leçon d’Espagne. Il ne suffit pas de rejeter les deux camps de politiciens, tous les deux obéissants serviteurs des intérêts de la grande bourgeoisie et des banquiers. À l’indignation doit succéder la lutte consciente de la classe ouvrière pour défendre ses conditions d’existence, ses emplois, ses salaires, ses seuls biens, sans se laisser détourner par de fallacieux espoirs de changement.
En Espagne comme ici, en France, seules sont admises pour gouverner des équipes politiques qui représentent les intérêts de la classe bourgeoise. Toutes prétendent qu’il est impératif de rembourser les dettes qui ont été faites pour venir au secours du grand patronat et des banquiers. C’est un mensonge grossier destiné à justifier les prélèvements croissants du capital financier sur les classes populaires.
Dans un passé lointain, lorsque le Parti socialiste était encore socialiste et, un peu plus tard, le Parti communiste encore communiste, ces partis exprimaient les intérêts des travailleurs face à la bourgeoisie. Ces deux partis sont rentrés dans le rang depuis bien longtemps. Le Parti socialiste, flanqué ou pas du Parti communiste, est devenu un des partis menant au gouvernement le plus servilement la politique dictée par les capitalistes.
Si les travailleurs ne veulent pas en rester à la simple indignation, oh combien justifiée mais stérile, il leur faudra se donner un parti qui représente leurs intérêts, un parti des exploités, un parti qui oppose aux options politiques de la bourgeoisie une politique pour les classes exploitées, un parti qui n’abandonne pas le camp des travailleurs pour des strapontins ministériels.
En cette période où la faillite du système capitaliste apparaît aussi clairement que l’irresponsabilité de ceux qui le dirigent, la renaissance d’un parti ouvrier qui a pour objectif ultime l’expropriation de la bourgeoisie, la disparition du profit privé et de l’exploitation, un parti communiste révolutionnaire, est une nécessité vitale.