Pour
imposer nos intérêts vitaux, il faudra affronter le grand patronat
05/07/2021
« Tous
les indicateurs sont au vert », « un rebond spectaculaire », « une croissance plus forte
que prévue » : l’optimisme est à son comble au gouvernement et
dans les reportages complaisants consacrés aux prévisions économiques ces jours
derniers. À en croire l’Insee, l’institut national de statistique, la
croissance est de retour, le pouvoir d’achat progressera de 2 % et plus de
300 000 emplois seront créés dans l’année. Ces chiffres ne rattrapent même
pas les destructions d’emplois entraînées par la crise sanitaire, ni le pouvoir
d’achat perdu. Mais ils suffisent à ceux qui les commentent pour reprendre le
refrain du retour au monde d’avant la crise sanitaire, en mieux.
À les entendre, l’avenir
s’annonce donc riant. Il faut vraiment être un laquais des possédants pour
disserter sur l’augmentation moyenne du pouvoir d’achat au moment où toutes les
factures s’envolent, du carburant au gaz en passant par les fruits de saison,
tandis que les salaires restent au sol !
Et, pendant que journalistes et
ministres se félicitent sur les plateaux télé, les annonces de plans de
licenciements et de fermetures d’entreprises continuent, touchant des dizaines
de milliers de familles. Le 1er juillet, près de mille
travailleurs de la chaîne de fournitures de bureaux Office DEPOT ont reçu leur
lettre de licenciement, après la mise en redressement judiciaire de
l’entreprise. Le prétexte, ce sont les pertes dues à la crise sanitaire. Mais
la mise à mort ne concerne que les travailleurs, car les actionnaires du fonds
d’investissement propriétaire ont encaissé de jolis bénéfices, les dividendes
de leurs actions ayant bondi de 85 %.
La situation d’Office DEPOT est
parlante : oui, l’avenir est rose pour les actionnaires, pour cette
poignée de parasites qui placent leur argent là où il peut rapporter vite et
gros, quitte à dépecer une entreprise après avoir tiré le maximum de profits de
ses travailleurs !
Alors, quand les représentants
des capitalistes parlent de reprise et de croissance, cela ne veut pas dire que
cela va aller mieux dans les quartiers populaires. Si croissance il y a, ce
sera toujours dans une économie globalement en crise, où les marchés sont
saturés et où les capitalistes, pour daigner investir, exigent que l’État mette
la main à la poche.
Le gouvernement s’y plie et vient
d’annoncer 7 milliards de crédits supplémentaires pour l’innovation dans le
secteur de la santé, comprenez les grands groupes pharmaceutiques. Oui, Macron
soutient les capitalistes, « quoi qu’il en coûte »… aux travailleurs
et aux classes populaires !
Même dans des entreprises où le
travail repart, le patronat entend imposer des reculs aux travailleurs. C’est
le cas pour les salariés des aéroports, dont ceux d’ADP où la direction veut
baisser les salaires. Du côté du gouvernement, après s’en être pris aux
chômeurs, c’est le tour des retraités. Si Macron n’a pas encore remis sur la
table son projet de retraite à points, il veut reculer l’âge de départ à 64
ans, alors que retrouver un boulot après 55 ans devient mission impossible.
Pour de nombreux travailleurs, cela signifiera la survie aux minimas sociaux en
attendant une pension de retraite tout aussi misérable, faute d’avoir le compte
de trimestres.
Ces attaques font pression sur
l’ensemble des travailleurs. Nous ne pourrons nous y opposer qu’en menant une
offensive d’ensemble, en organisant la lutte générale du monde du travail pour
ses objectifs vitaux, à commencer par un emploi, avec un salaire qui permette
de vivre.
L’argent est là, les grands
actionnaires ont accumulé des milliards et nous chantent même l’air de la
prospérité retrouvée. Eh bien, il faut que les travailleurs, qui font tourner
toute la société, imposent que l’argent accumulé par les capitalistes et les
ressources de l’État servent à maintenir tous les emplois et à créer tous ceux
qui manquent !
Ce n’est pas le travail qui
manque. Dans beaucoup d’entreprises, les cadences folles et les heures
supplémentaires usent la santé des travailleurs. Il faudrait aussi des
embauches pour multiplier les transports, les lits d’hôpitaux, le personnel
dans les Ehpad, dans les écoles et dans les mille et un secteurs indispensables
à la vie sociale.
Pour vivre dignement, il faut des
augmentations de salaire massives. Et pour que notre pouvoir d’achat ne
s’écroule pas quand les prix grimpent, il faut que les salaires suivent la
hausse des prix.
Ce n’est pas au programme de la
« reprise » du monde bourgeois et de ses serviteurs, mais c’est la
seule perspective d’avenir pour les travailleurs.
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