Contre le
plan de General Electric, contre le chômage, il faut interdire les
licenciements !
Samedi dernier, 8 000 personnes
sont descendues dans les rues de Belfort contre les 1 000 suppressions d’emploi
prévues à General Electric (GE). Ceux qui se battent pour sauver leur emploi en
ont entraîné des milliers d’autres qui savent qu’ils sont tout autant
concernés. « Eux, nous, c’est le même combat », disait une ouvrière
d’une entreprise sous-traitante.
Les gilets jaunes se sont mobilisés,
ainsi que des artisans qui avaient une banderole « artisans en
colère ». Des magasins avaient baissé le rideau en signe de solidarité.
Comme a dit un boucher-charcutier installé à Belfort depuis 20 ans,
« l’impact sera énorme sur les commerçants ».
C’était une manifestation
ouvrière massive, comme il y en a eu dans de nombreuses villes du pays à chaque
fois qu’une grosse usine a fermé ses portes, menaçant de ruiner toute une
région. À chaque fois, les ouvriers ont entraîné dans leur combat le reste de
la population.
GE est un des plus grands groupes
industriels de la planète dont les bénéfices pour les seuls trois premiers mois
de l’année atteignent 954 millions de dollars. Maintenir 1 000 emplois ne
représenterait qu’une goutte d’eau pour une telle multinationale. Mais la vie
de travailleurs et l’avenir d’une région n’entrent pas en ligne de compte.
C’est la dictature du grand capital qui s’impose. Et l’État ne s’y oppose pas,
il l’accompagne.
En 2015, au moment du rachat d’un
des sites d’Alstom de Belfort par GE, le groupe s’était engagé à créer 1 000
emplois sur quatre ans. Il n’en a créé aucun et a juste payé une amende de 50
millions d’euros. Le gouvernement n’a rien fait pour l’obliger à tenir sa
promesse. Aujourd’hui, devant l’émotion et la mobilisation, Macron et ses
ministres ont fait mine de se préoccuper du sort des travailleurs. Mais c’est
pour mieux les lanterner et les attaquer.
Au moment où les plans de
licenciements s’accumulent, comme celui de GE ou encore celui des magasins New
Look qui vient d’être annoncé et va mettre 400 personnes à la porte, le
gouvernement s’en prend aux chômeurs. Il réduit le droit aux indemnités de
chômage en imposant d’avoir travaillé 6 mois sur 24 au lieu de 4 sur 28 pour y
avoir accès. Et il diminue leur montant par une nouvelle méthode de calcul.
Les millions de travailleurs qui
alternent les contrats de quelques semaines ou de quelques jours et les
périodes de chômage sont les premiers visés. Mais c’est en réalité une attaque
contre tous les travailleurs. Le message au monde du travail est clair :
vous devrez encore plus accepter n’importe quel travail, à n’importe quelle
condition et à n’importe quel salaire !
Lutter contre le chômage, ce
serait d’abord s’opposer aux licencieurs et interdire les licenciements. Ce
serait créer des emplois dans les services publics, par exemple dans les
services d’urgence des hôpitaux où les aides-soignants et les infirmiers qui
sont en grève depuis des mois réclament 10 000 embauches. Mais pour cela, il
faudrait s’opposer aux intérêts du grand patronat et prendre sur ses profits.
L’an dernier, les 40 plus grosses
entreprises françaises cotées en bourse ont distribué 51 milliards d’euros de
dividendes à leurs actionnaires, un record historique. Avec cette somme, 1,5
million d’emplois payés 1800 euros net pourraient être créés, cotisations
sociales acquittées.
Le grand patronat et le
gouvernement sont des alliés qui mènent ensemble une véritable guerre de classe
contre les travailleurs. Elle est implacable parce que la crise économique
s’aggrave et les rivalités commerciales s’exacerbent. Alors, les capitalistes,
pour accroître leurs marges, s’en prennent aux travailleurs. Pendant ce temps,
le gouvernement les ligote et leur assène ses propres coups. D’un côté, la
grande bourgeoisie s’enrichit comme jamais, de l’autre, la condition ouvrière
recule et la société pourrit sur pied.
Les travailleurs peuvent remettre
en cause le pouvoir du grand patronat car, dans les entreprises, c’est leur
travail qui est à l’origine de tous les profits et de tout le capital.
Comme le montre la manifestation
de Belfort, ils peuvent entraîner le reste de la société dans leur combat. Pour
cela, il faut qu’ils osent parler de leur propre voix et mettre en avant leurs
propres revendications de classe, à commencer par celle d’un emploi et d’un
salaire digne pour tous, sans se laisser arrêter par ceux qui disent que ce
n’est pas réaliste. C’est aux travailleurs de dire et d’imposer ce qui est
nécessaire.