Au cœur de l’été, il n’est pas
une semaine sans que le gouvernement n’annonce de mauvais coups contre les
classes populaires.
Dernier en date : la réduction de
l’APL et des autres aides au logement. On nous présente comme mineure une
baisse de 5 euros par mois – quelle arrogance ! Ces aides permettent souvent
aux plus modestes, aux étudiants des classes populaires par exemple, de se
loger. Et, c’est à eux que s’en prend le gouvernement, alors que le nombre
d’expulsions locatives bat des records ! Et cela va s’aggraver car il envisage
à l’automne une « remise à plat » des aides au logement, c’est-à-dire une
baisse massive.
On a beaucoup commenté ces
derniers jours le psychodrame autour de la démission du chef d’état-major des
armées. En réalité, le budget de la défense va augmenter, comme l’a rappelé
Macron. En revanche, le gouvernement va réduire des budgets dont ceux de
l’égalité hommes-femmes, de l’aide au développement, ou encore de
l’enseignement supérieur. Pourtant, alors que des dizaines de milliers de
bacheliers ne trouvent pas de place à l’université, la solution envisagée, c’est
de mettre en place une sélection, à la manière des universités américaines.
L’argument de l’équilibre
budgétaire est mensonger. La semaine dernière, le gouvernement a discrètement
annoncé la suppression de la taxe sur les dividendes versés aux actionnaires,
un impôt qui rapporte 2 milliards par an, soit cinq fois le gain permis par le
coup de rabot sur les aides au logement ! Et il prépare une réforme qui va
réduire à peu de chose l’impôt sur la fortune et priver l’État de 3 ou 4
milliards. En même temps, la CSG augmentera de 1,7 point et les retraités en
paieront le prix fort. En réalité, il ne s’agit pas d’équilibrer le budget,
mais de faire payer aux classes populaires les cadeaux fiscaux faits aux
riches.
Autre coup bas de l’été : la
réforme du compte pénibilité, qui devait permettre aux salariés concernés de
partir un peu plus tôt à la retraite. Le patronat ne voulait pas accorder la
moindre concession aux salariés portant des charges lourdes, exposés à des
vibrations ou encore à des risques chimiques. Le gouvernement a obtempéré.
Et puis, le Parlement continue
d’examiner la réforme du Code du travail. Sans qu’on sache le détail des
futures ordonnances, il est clair qu’elles seront dictées par le Medef.
Ainsi, alors que jusqu’à présent
les accords d’entreprise ne pouvaient être moins favorables aux salariés que
les accords de branche, ce sera l’inverse : le patronat pourra fixer les
règles.
La réforme vise aussi à faciliter
l’usage des contrats de chantier ou de mission à la place des CDI, autrement
dit à généraliser la précarité. Elle facilitera les règles des licenciements et
pourrait permettre au patronat de modifier sans obstacle les contrats de
travail pour augmenter les horaires ou réduire les salaires.
Et quand les salariés seront
licenciés, les recours devant les prud’hommes seront plus difficiles. Les
capitalistes veulent réduire les indemnités accordées. Pour eux, elles sont
toujours excessives, comme le montre le cas de cette ancienne forge des Ardennes,
dont les ex-salariés viennent d’être condamnés à rembourser la moitié de leurs
indemnités neuf ans après leur licenciement.
Autrement dit, la réforme vise à
ramener le droit du travail un siècle en arrière.
Il ne faut pas l’accepter. Les
dirigeants de la CFDT et de FO, toute honte bue, font l’éloge de cette réforme.
Ceux de la CGT se prêtent aussi au jeu de dupes qu’est la négociation, mais au
moins ils appellent à se mobiliser mardi 12 septembre contre cette future
régression sociale.
Il faut saisir cette occasion
pour montrer notre refus. Une seule journée ne pourra bien sûr suffire à faire
reculer le gouvernement. Mais elle peut permettre d’amorcer une riposte.
De toute façon, le seul langage
que comprend le gouvernement, c’est le rapport de force. Macron n’est pas le
premier à se prendre pour Jupiter et à jouer au chef de guerre. Et face à la
colère du monde du travail, face à des grèves et des manifestations de masse,
il serait tout aussi impuissant que Villepin, qui dut retirer le CPE en 2006, ou
que Juppé qui dut remballer sa réforme des retraites en 1995.
Le gouvernement utilise l’été
pour multiplier les coups bas contre les travailleurs. Eh bien, nous devons en
profiter pour prendre des forces en vue de la rentrée !