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dimanche 7 octobre 2018

Argenteuil : Gérard NOIRIEL, « Une histoire populaire de la France », à la librairie Le Presse-papier, mardi soir 9 octobre, à 18 heures 30


Ce n’est pas en tant que militant de Lutte ouvrière que je m’entretiendrai avec Gérard Noiriel, mais comme membre de l’association « Sous les couvertures ». Mais c’est bien la moindre des choses que je prévienne les lecteurs du présent blog


Sous les couvertures

Gérard Noiriel à la librairie du Presse-Papier à Argenteuil dans le cadre des activités de l’association Sous les couvertures. A partir de 18 heures 30 mardi 9 octobre 2018. Entretien et dédicace pour son livre :

« Une histoire populaire de la France », de Gérard NOIRIEL





Gérard Noiriel est un des très grands historiens d’aujourd’hui. Il est aussi un militant de l’éducation populaire.     
         Pour résumer, le livre s’interroge sur le rapport entre les dominants et les dominés du début du XVème siècle à aujourd’hui. Alors que s’achève la Guerre de Cent ans, l’Etat royal a développé son système de perception des impôts dans tout le royaume de France. De cette façon, il invente le « peuple ».
         Cette Histoire s’achève à l’époque des « années Macron ». Dans un entretien avec Médiapart, Gérard Noiriel  souligne que « Emmanuel Macron se sert beaucoup de l’histoire comme support idéologique… Mais c’est une conception de l’Histoire qui vise à légitimer complètement le libéralisme et dont le peuple est absent… ». Pour lui, il s’agit donc de rétablir l’existence active du peuple et de ses différentes fractions dont les combats ont fait la société française telle qu’elle est aujourd’hui.
         Tout son livre est l’occasion d’une réflexion très actuelle sur les différentes identités qui l’imprègnent, l’identité nationale, sociale, de classe, de genre, d’origine. Car il s’agit d’aider à y voir clair, alors que le nationalisme a le vent en poupe dans le jeu politique, les médias, et l’idéologie dominante.  
         Toutes ces questions sont abordées dans une histoire de France de plus de six siècles (d’où les 750 pages de l’ouvrage), dans un livre passionnant de réflexions et d’interrogations. Totalement convaincantes ou pas, ces dernières permettent en tout cas, certes à contre-courant, de s’interroger sur les discours dominants et plus qu’inquiétants d’aujourd’hui.
         Le mardi 9 octobre, à 18 heures 30, Gérard Noiriel sera au Presse-papier, 28 avenue Gabriel Périe, dans le centre d’Argenteuil, à 200 mètres de la mairie. C’est un des membres de « Sous les couvertures » Dominique Mariette qui s’entretiendra avec lui lors de cette soirée dédicace.  Amis du livre, de la culture, et de l’éducation populaire, nous vous y attendons.

« Une histoire populaire de la France », de Gérard NOIRIEL, éditions Agone, 750 pages, 28 euros

jeudi 4 octobre 2018

Grand patronat et Macron : seules les luttes peuvent faire qu'ils paient


Travailler à renforcer la lutte de notre classe

 
La seule voie

Samedi dernier, alors que nous menions nos propres activités dans le centre commercial de la cité Joliot-Curie, non loin de nous, les militants du mouvement des « Insoumis » de Jean-Luc Mélenchon distribuaient un petit tract mais très révélateur de ce qui distingue les militants « Lutte de classe » et les militants électoralistes. Au verso, une dénonciation des mauvais coups opérés par Macron et son gouvernement depuis l’été 2017. Rien à dire. Mais au recto, ou inversement, une incitation à s’inscrire sur les listes électorales avec le texte suivant : « En 2018, je m’inscris. En 2019, je vote pour le faire payer ! Le 26 mai, on votera pour les élections européennes. Macron méprise le peuple, mais le peuple peut lui faire payer sa politique. Votons pour le faire payer ! Votons pour la France insoumise ! »
         Nous verrons en temps utile quel résultat Macron obtiendra lors des élections européennes. Qu’il y obtienne une cuisante défaite ne sera certes que ce qu’il aura mérité. Mais ce n’est certainement pas un résultat électoral qui fera que le monde du travail soit en mesure de le faire payer, c’est-à-dire que le grand patronat dont il n’est que le serviteur zélé accepte de le faire. Et ce n’est pas les futurs états d’âme de Macron et de son camp qui nous intéressent aujourd’hui, mais la remontée du moral et de la combativité du monde du travail.   
         En tout cas, notre rôle est d’indiquer à notre classe, et cela à tout moment et dans toutes les circonstances, que c’est seulement l’amélioration de ses positions dans le rapport de force avec la bourgeoisie qui peut lui permettre non seulement d’imposer les revendications de l’heure mais de donner une issue à la crise de la société.

jeudi 5 juillet 2018

Black blocs et manifestation : une belle initiative de cheminots le 28 juin. Extrait de notre hebdomadaire à paraître


Paris : c’est notre manif ! 

À Paris, le 28 juin, un cortège dynamique de 600 cheminots de différents secteurs a pris la tête de la manifestation interprofessionnelle regroupant plusieurs milliers de personnes, scandant slogans et chansons de leur grève, derrière les banderoles de leurs ateliers et gares.
Mais à quelques centaines de mètres de la Place de la Bastille, quelques dizaines de manifestants « black blocs » ont, suivant leur mode opératoire, pénétré ce cortège. Une fois masqués et sans se soucier de l’opinion des manifestants, ils se sont placés en tête et ont cherché l’affrontement avec les CRS. Ceux-ci, sautant sur l’occasion, ont tenté de couper le cortège cheminot du restant du défilé, avec le risque de créer une nasse et de casser la manifestation.
Des cheminots ont alors déployé sur la largeur une banderole et demandé fermement aux manifestants cagoulés d’ôter leur masque et d’intégrer le cortège, ou bien de le quitter. Plusieurs ont choisi de retirer leur cagoule affirmant « être du côté des cheminots ». Cela a mis fin à l’incident et les grévistes ont pu se réapproprier leur manifestation et faire entendre jusqu’au bout leur colère et leur rejet des plans gouvernementaux.


Par ailleurs dans notre revue Lutte de classe de juillet-août 2018, un article revient sur la nature de ce mouvement « black blocs » : « Autonomes et black blocs : une fausse radicalité et une impasse »

mardi 5 juillet 2016

Rocard : un serviteur de la bourgeoisie



Lui était engagé totalement pour sa classe, la bourgeoisie

« Engagés pour Argenteuil » est un site sérieux de militants d’Argenteuil, mais avec lesquels nous avons des divergences politiques fondamentales. Ses rédacteurs ne sont ni communistes ni révolutionnaires. Et l’enthousiasme qu’ils expriment à l’égard de feu Rocard ne nous surprend pas, à l’égard d’un grand serviteur « moderne » du « sénile » et « vieux » capitalisme. Mais les positions et les engagements des uns et des autres ne nous empêchent pas de discuter.
         Ce qui nous a donné envie d’écrire ce commentaire c’est la photo qui illustre l’article que ce site consacre au décès de Rocard et qui date de 1973.

« Face à la justice de classe solidarité populaire »




         C’est vrai nous étions encore bien près de Mai 68 et le Parti Socialiste Unifié que dirigeait Rocard en 1973 continuait à cette date à en porter la trace.
         Ce parti avait recruté de nombreux jeunes opposés à la guerre d’Algérie après sa fondation en 1960. Mais il regroupait un certain nombre d’anciens SFIO et fut rejoint l’année suivante par l’ex-chef de gouvernement de 1954, Mendès-France. Ces dernières se retrouvèrent au PSU sur la base du refus de l’engagement du Parti socialiste de l’époque à maintenir l’Algérie française.
         Pour ma part, c’est en juin 1967 que j’eu ma première activité politique sous la forme de ma première réunion, avec des militants du… PSU, à Argenteuil.
         Sur la localité, le PSU était animé par des militants catholiques de « gauche » qui avaient bien des qualités mais qui n’étaient ni communistes ni révolutionnaires eux aussi. D’ailleurs, nous nous fâchâmes, alors que j’avais rejoint Lutte ouvrière après 68 au moment du Programme commun et de l’ascension de leur nouveau « Camarade », Mitterrand, qu’ils avaient rejoint en 1973. Mais c’est eux qui m’avaient entraîné et introduit…
         Mai 68 passa effectivement par là. La direction du PSU se gauchisa, parallèlement à celle de la CFDT d’alors. Elle et Rocard se firent les chantre sdu socialisme, de l’autogestion, se référant à « l’exemple yougoslave ».
         Ainsi ce gauchissement, le terme de « classe » n’était pour eux alors ni un archaïsme ni un gros mot. Sans que cela ne corresponde à une conviction profonde, celle de s’opposer à la bourgeoisie, en posant la question du renversement de la société, de la prise du pouvoir, et en visant à « éduquer » le monde du travail à la conscience du rôle qu’il a à jouer.
         Mai 68 s’éloignant, les discours et les engagements politiques se droitisèrent, leur géométrie variable étant là la marque de fabrique de tous les politiciens. Rocard, bien sûr, n’y échappa pas, en confirmant ce qu’il avait toujours fondamentalement été, lui qui devint le premier ministre de Mitterrand. D. Mariette

dimanche 12 juin 2016

Juin 1936 : la grève générale


Il y a 80 ans

Juin 1936 : la grève générale !

 

On parle le plus souvent de 1936 comme de l’année des conquêtes du Front populaire. Mais, si des droits furent conquis cette année-là par les travailleurs, c’est dû d’abord et avant tout à la formidable vague de grèves de mai-juin 1936. La France fut en effet paralysée par une grève générale comme elle n’en avait encore jamais connu, qui entraîna la quasi-totalité de la classe ouvrière.

Cette mobilisation plongeait ses racines dans la situation de crise que connaissaient le pays et plus largement l’ensemble du monde capitaliste, dans les années 1930. En 1934, sur douze millions de salariés, plus d’un million étaient au chômage total ou partiel. Mais la première réaction des travailleurs dans cette période se produisit sur un terrain politique. Le 6 février 1934, les milices d’extrême droite, les Croix de feu et l’Action française, marchèrent sur l’Assemblée nationale, provoquant la chute du gouvernement après une nuit d’affrontements avec la police. Un an après l’arrivée au pouvoir d’Hitler en Allemagne, ce fut la crainte d’une nouvelle victoire du fascisme qui amena les travailleurs à se mobiliser et à participer massivement à la journée de grève et de manifestation du 12 février 1934, à l’appel des organisations ouvrières.

Exploitant cette volonté de lutte et l’aspiration à l’unité parmi les travailleurs, les dirigeants socialistes et communistes constituèrent en juillet 1935 la coalition de Front populaire, auquel participait aussi le Parti radical, constitué de vieux routiers politiques de la IIIème République. Cette alliance prétendait lutter pour « la défense des libertés démocratiques, du pain des travailleurs et la paix » mais son programme se limitait à ce que pouvait accepter le Parti radical et ne comprenait aucune mesure en faveur des travailleurs.

Au terme d’une campagne ponctuée de grandes manifestations, comme celle du 16 février 1936 qui rassembla plus d’un demi-million de personnes à Paris, le Front populaire remporta les élections législatives du 26 avril et du 3 mai 1936, marquées par une poussée à gauche. Le PC doubla son nombre de voix, avec 1,5 million d’électeurs. La combativité croissante des travailleurs se manifesta aussi par une participation plus importante aux grèves et aux manifestations du 1er mai.

L’éclatement des premières grèves

Le 11 mai 1936, les travailleurs des usines Bréguet au Havre et Latécoère à Toulouse se mirent en grève, pour exiger la réintégration de travailleurs licenciés pour avoir participé au 1er mai, qui alors n’était pas un jour chômé. Dans les deux cas, les travailleurs occupèrent l’entreprise, obtenant rapidement satisfaction.

Le 24 mai, la manifestation traditionnelle au Mur des fédérés, à la mémoire des communards, rassembla 600 000 personnes. Le militant anarcho-syndicaliste Monatte écrivit : « Une manifestation de l’ampleur de celle du Mur ne pouvait pas ne pas avoir un écho le lendemain dans les usines. Quand on se sent fort dans la rue, on ne peut pas continuer à se sentir esclave à l’usine. »

Le 26 mai, dans les entreprises Nieuport à Issy-les-Moulineaux, Lavalette à Saint-Ouen, Hotchkiss à Levallois, la grève avec occupation démarrait. Le 28 au matin, les 35 000 ouvriers de Renault Billancourt cessaient à leur tour le travail, donnant le signal de la grève à d’autres grosses entreprises comme Fiat, Chausson, Gnome et Rhône, Talbot. Au total, 100 000 travailleurs de la métallurgie étaient dès lors en grève.

Cependant, les dirigeants de la CGT et ceux du PC ne souhaitaient pas que se développe un mouvement de grande ampleur, forcément plus difficile à contrôler. Le 29, dès la conclusion d’un accord local, la CGT appela à la reprise chez Renault.

La grève devient générale

Mais le mouvement était lancé et les grèves continuèrent à s’étendre. Les travailleurs de Renault, après avoir repris le 2 juin, cessèrent à nouveau le travail deux jours plus tard. Les grèves s’étendaient dans tout le pays, touchant tous les secteurs d’activité, de l’industrie aux grands magasins parisiens. Pendant presque tout le mois de juin, jour après jour, de nouvelles catégories se mirent en grève à leur tour, même les moins habituées à revendiquer, comme celle des salariés des cafés, hôtels et restaurants, celle des femmes de ménage ou des concierges.

Analysant la situation dans un article intitulé « La révolution française a commencé », Trotsky écrivait le 9 juin : « Le mouvement prend le caractère d’une épidémie. La contagion s’étend d’usine en usine, de corporation en corporation, de quartier en quartier. (…) Ce qui s’est passé, ce ne sont pas des grèves corporatives, ce ne sont même pas des grèves. C’est la grève. C’est le rassemblement au grand jour des opprimés contre les oppresseurs, c’est le début classique de la révolution. (…) Toute la classe est entrée en mouvement. Il est impossible d’arrêter par des paroles cette masse gigantesque. »

Le patronat, comprenant parfaitement ce qui était en jeu, accepta de faire d’importantes concessions, l’essentiel étant pour lui de mettre fin au mouvement afin de se retrouver à nouveau en position de force. Le Premier ministre socialiste Léon Blum raconta plus tard comment fut organisée à Matignon une réunion avec les représentants du patronat et des syndicats : « L’initiative première est venue du grand patronat », dit-il, et il lui fut demandé « de provoquer au plus vite le contact sur la base du relèvement général des salaires, avec l’évacuation des usines en contrepartie… Voilà d’où est venu l’accord Matignon. »

Ces accords, prévoyant la reconnaissance du droit syndical, l’institution de délégués ouvriers élus, le principe des conventions collectives et une importante augmentation des salaires, furent suivis du vote à l’Assemblée des lois portant la semaine de travail à 40 heures et instaurant des congés payés. Mais, au lendemain de la signature de ces accords, les grèves se poursuivirent et le nombre de grévistes continua même d’augmenter. Instinctivement, les travailleurs sentaient qu’ils pouvaient obtenir beaucoup plus et un changement bien plus profond.

La trahison du Front populaire

Les dirigeants de la CGT et du PC durent mettre tout leur poids pour faire reprendre le travail. « Il faut savoir terminer une grève dès que satisfaction a été obtenue », déclara le dirigeant communiste Thorez devant les membres de son parti réunis le 11 juin. « Tout n’est pas possible maintenant », répétaient tous les dirigeants du PC, pour amener leurs militants à conclure dans les entreprises des accords mettant fin à la grève. Si le mouvement commença à refluer à partir de la mi-juin, de nombreuses entreprises étaient encore occupées au mois de juillet.

Les congés payés et les 40 heures allaient rester dans l’histoire comme les « conquêtes » du Front populaire. Mais aucune de ces mesures ne figurait à son programme. Blum et son gouvernement ne les firent adopter que dans l’objectif d’obtenir la fin des grèves. Dans les mois qui suivirent, Blum multiplia au contraire les concessions au patronat, l’aidant à regagner ce qu’il avait été contraint de lâcher, à rétablir son autorité et un rapport de force en sa faveur dans les entreprises.

Deux ans après juin 1936, des décrets autorisèrent les dérogations aux 40 heures au nom de la Défense nationale. En 1939, pour la deuxième fois dans le siècle, le système capitaliste en crise plongea le monde dans la barbarie de la guerre mondiale. Celle-ci marquait le fait que la poussée ouvrière de 1936, tout comme celle qui s’était produite au même moment en Espagne, n’avait pas réussi à ouvrir une autre voie, la voie révolutionnaire qui seule aurait pu mettre à bas un système capitaliste fauteur de misère et de guerre.

Dans une telle période, contrairement à la politique qu’imposèrent les dirigeants du Front populaire, et en particulier du Parti communiste stalinien, la classe ouvrière ne pouvait mettre fin au chômage et à la misère et arrêter la marche à la guerre sans se donner les moyens de renverser la bourgeoisie, en alliance avec les travailleurs d’Espagne et des autres pays européens.

Les grèves de mai-juin 36 restent comme une formidable démonstration de force des travailleurs, démontrant leur capacité à s’organiser, à paralyser l’économie et à faire pression sur les classes dirigeantes. Mais c’est aussi l’exemple d’une trahison des aspirations de la classe ouvrière par ses organisations traditionnelles, et d’une occasion manquée de changer le cours de l’histoire.

                                    Marc RÉMY (Lutte ouvrière n°2497)
 

Quand tout devient possible
                                                                                      
 
 

vendredi 27 mai 2016

Mai-Juin 1936 : quand la grève générale pouvait arrêter la marche vers l'abîme. Une réunion-débat de Lutte ouvrière à Argenteuil


Ce soir Groupe d'Etude Ouvrière à Argenteuil

                                                                                                

La connaissance, la culture et le débat sont indispensables à la conscience du monde du travail. C’est pourquoi depuis des années, le groupe Lutte ouvrière de la localité organise régulièrement des réunions d’étude sur des thèmes qui intéressent le mouvement ouvrier et son avenir. Le thème débattu ce soir concerne certes le passé à travers une grande expérience,  celle de la grève générale de mai-juin 1936 dont on célèbre le 80ème anniversaire. Mais celui-ci arrive à un moment où les mêmes questions d’autrefois se posent dans l’actualité immédiate, autour du combat contre la loi Travail et l’arrêt de l’offensive du Capital. Bref, ce soir il s’agira de débattre de la lutte de classe que le monde du travail doit mener.

 

 « Juin 1936, le grand sursaut du monde du travail »

 

En octobre 1929, la crise économique qui commença aux Etats-Unis engageait le monde sur la voie d’une seconde guerre impérialiste mondiale. Seule une mobilisation des travailleurs pouvait opposer à cette voie sanglante l’alternative de la révolution socialiste, seule issue au capitalisme en crise.

         Alors que le nazisme s’installait en Allemagne, on assista à partir de 1934 à une montée de la combativité ouvrière. Elle allait conduire à partir de l’été 1936 en Espagne aux évènements de la Révolution espagnole. En France, elle se traduisit par la victoire électorale du Front populaire, au programme bien limité, une alliance du PS réformiste, du PCF stalinien, avec un parti bourgeois, le parti Radical.

         Mais la grève générale de mai-juin 1936 allait bouleverser la donne. La grève générale imposa la satisfaction d’un certain nombre de revendications. Thorez, le dirigeant du PCF déclara alors qu’ « il fallait savoir terminer une grève lorsque satisfaction était donnée aux revendications ». Mais la question de l’heure allait alors bien au-delà de cette satisfaction. La force du mouvement aurait permis d’aller beaucoup plus loin, en direction de cette prise du pouvoir par les travailleurs, seule capable, en France comme en Espagne, d’empêcher cette guerre qui venait.

         L’exposé portera sur cette Grève générale, sur les possibilités qu’elle recelait, et comment ces espoirs furent brisés.

 

 

Groupe d’Etude Ouvrière
 
Organisé  à Argenteuil par Lutte ouvrière
 
VENDREDI 27 MAI
 
A 20 Heures 15
 
Espace Nelson MANDELA
82 bd du Gl Leclerc
 
« Juin 1936, le grand sursaut du monde du travail »
 
Un exposé suivi d’un temps de libre débat

samedi 21 mai 2016

« L’Impérialisme, stade suprême du capitalisme » de Lenine. Un siècle après sa rédaction, un ouvrage toujours d’une actualité brûlante.



 Printemps 1916 : dans L’Impérialisme, Lénine dénonçait le capitalisme fauteur de guerre

Il y a cent ans, au printemps 1916, Lénine rédigeait sa brochure L’Impérialisme, stade suprême du capitalisme. Un siècle après, cet ouvrage reste d’une actualité brûlante.
         En pleine guerre mondiale, alors que des armées de millions d’hommes s’affrontaient dans des carnages sans nom, alors que l’économie des pays les plus développés s’était transformée en une vaste production d’engins de mort, que toute la planète était mise à contribution pour la guerre, Lénine voulait répondre à la question : « Comment en est-on arrivé là ? » À cette époque comme aujourd’hui, les explications et les justifications de la catastrophe ne manquaient pas. Les nationalistes accusaient le camp d’en face, d’autres jetaient la faute sur la nature humaine ou sur celle d’un terroriste illuminé en particulier, les plus raisonnables parlaient de folie politique et du regrettable entêtement des gouvernements. Lénine, lui, allait au fond des choses, en expliquant que le développement même du capitalisme avait exacerbé la concurrence entre les différentes puissances et engendré la guerre pour le repartage du monde.

Le capitalisme des monopoles

         Un siècle de développement du capitalisme avait conduit au partage du monde entre quelques grands pays et quelques puissants groupes industriels et financiers, les monopoles. Ce nouveau stade de développement, mettant fin au capitalisme de libre concurrence et inaugurant la prédominance du capital financier, Lénine l’appelait l’impérialisme, reprenant un mot qui évoquait la puissance des empires du passé et leurs méthodes de domination. Cette nouvelle époque constituait pour lui le stade suprême du capitalisme, car il montrait la nécessité de le dépasser pour arriver à une forme de société supérieure, le socialisme.
         Lénine décrivait la mise en coupe réglée de la planète entière par une poignée de détenteurs de capitaux des pays les plus riches et ajoutait que, sur la base de cette économie, les guerres entre les puissances impérialistes concurrentes étaient inévitables. La guerre était le moyen ultime d’ouvrir des marchés aux marchandises et aux capitaux en quête de profits ; puisque le marché n’est pas infini, il fallait, pour le développer, conquérir celui des autres capitalistes. La guerre de 1914-1918 était ainsi l’expression de la nécessité, pour le jeune impérialisme allemand, de se faire une place aux dépens des vieilles puissances coloniales, la France et la Grande Bretagne. L’Allemagne défendait son droit à avoir des esclaves coloniaux, la France et la Grande Bretagne leur droit à conserver les leurs.
         Pour Lénine, il était donc vain de prétendre lutter contre la guerre au nom de seules considérations morales, sans lutter contre le capitalisme et pour la révolution sociale. Non seulement il fallait refuser toute union sacrée au nom de la défense nationale, mais les révolutionnaires devaient travailler à « transformer la guerre impérialiste en guerre civile », autre façon de dire, comme l’avait fait le révolutionnaire allemand Karl Liebknecht : « L’ennemi principal est dans notre pays. » Cela séparait Lénine et les bolcheviks des pacifistes, des réformistes qui croyaient ou faisaient mine de croire possible le retour à l’époque d’avant 1914. De même que Marx avait démontré que le capitalisme ne pouvait pas revenir en arrière, à l’époque de l’artisanat et de la petite propriété, Lénine démontrait que l’impérialisme ne pouvait revenir en arrière, au capitalisme de libre concurrence, mais que de la guerre devait sortir la révolution.
         La concentration toujours plus poussée des entreprises capitalistes, la centralisation toujours plus grande des États impérialistes, caractéristiques du début du 20e siècle, n’étaient pas seulement sources de guerres et d’oppression. Elles montraient aussi que l’économie tendait à se socialiser à l’échelle du globe et que le carcan de la propriété privée devenait obsolète. Le maintenir coûte que coûte ne pouvait que conduire à la catastrophe. Toute l’évolution du capitalisme montrait la nécessité de l’expropriation des expropriateurs, une tâche que seule la classe ouvrière pouvait accomplir.

Un livre très actuel

         Le livre de Lénine marquait un grand pas dans la compréhension des événements de son époque et des moyens d’en sortir. De fait, en 1917, la guerre allait déboucher sur la Révolution russe et celle-ci conduire à la fondation de l’Internationale communiste, le parti mondial de la révolution contre le système capitaliste. Mais cette brochure, écrite il y a un siècle, décrit aussi le monde d’aujourd’hui d’une façon plus parlante que nombre d’articles contemporains et, surtout, avec une claire perspective révolutionnaire. « La construction des chemins de fer semble être une entreprise simple, naturelle, démocratique, culturelle, civilisatrice (…). En réalité les liens capitalistes ont fait de cette construction un instrument d’oppression pour un milliard d’hommes, c’est-à-dire pour plus de la moitié de la population du globe dans les pays dépendants et pour les esclaves salariés du capital dans les pays “civilisés” », écrivait Lénine. Il suffit d’ajouter le pétrole au chemin de fer et de multiplier par cinq le nombre des esclaves, pour décrire la planète de 2016.
         Lénine appelle à la révolution non seulement les ouvriers des pays capitalistes développés mais les opprimés du monde entier, les centaines de millions de prolétaires et paysans pauvres que l’impérialisme tient sous le joug dans ses colonies, semi-colonies et pays dominés. Cette affirmation du caractère mondial de la révolution prolétarienne se retrouva quelques années plus tard dans la politique de l’État ouvrier issu de la Révolution russe et dans celle de l’Internationale communiste à ses débuts. L’intégration sans cesse plus poussée du marché mondial, le développement de la classe ouvrière dans de nouveaux pays, les guerres permanentes de l’impérialisme pour maintenir son ordre de Kaboul à Bagdad, confirment aujourd’hui ce qu’écrivait Lénine.
         Les descriptions d’une bourgeoisie de plus en plus parasitaire, vivant de la tonte des coupons de Bourse à l’ombre d’un État à son service, caractérisent toujours les financiers contemporains. L’exploitation éhontée des petits pays par les grands dénoncée en 1916, correspond toujours à la politique des pays ex-colonisateurs ou même aux rapports entre membres de l’Union européenne et à la politique extérieure des États-Unis. Lénine montrait le parasitisme de la classe dominante bloquant le progrès, développant le militarisme, l’expansionnisme, la réaction, et ce qu’il appelait la putréfaction de la société, illustrée par le carnage commencé en 1914. Il démontrait l’enchaînement de tous ces faits sociaux, la logique du développement du capital, de la guerre et de la lutte de classe, et décelait dans ce monde en crise l’approche de la révolution sociale.
         Malgré le temps écoulé, malgré les transformations du capitalisme et les cataclysmes dont a été rempli ce siècle, L’Impérialisme reste d’une brûlante actualité. À un mineur sud-africain, à un ouvrier chinois, à un lycéen marocain ou à un chômeur de Roubaix, ce livre dit encore aujourd’hui : « Voilà ce qu’est ce monde et ce qu’il faut faire pour le transformer. »

                                      Paul GALOIS (Lutte ouvrière n°2494)



Groupe d’Etude Ouvrière

Organisé  à Argenteuil par Lutte ouvrière

VENDREDI 27 MAI

A 20 Heures 15

Espace Nelson MANDELA
82 bd du Gl Leclerc

« Juin 1936, le grand sursaut du monde du travail »

Un exposé suivi d’un temps de libre débat