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mardi 17 août 2021

Haïti : la pauvreté aggrave la catastrophe

 

Le pays le plus pauvre d’Amérique

Le séisme qui a touché Haïti a fait plusieurs milliers de victimes, dont au moins 1300 morts. Situé sur une ligne de failles, le pays présente un risque sismique élevé.

Malgré les alertes des scientifiques, 11 ans après le précédent séisme, rien n’a été fait et la plupart des habitations ne répondent à aucune norme antisismique.

Dans le pays de plus pauvre d’Amérique, le riche voisin américain et ses homologues européens se contentent de regarder la population subir la loi des gangs et les secousses mortelles.

mercredi 23 octobre 2019

Haïti : la colère persiste


La classe ouvrière, seule force capable d’offrir une perspective



Ce dimanche 20 octobre, comme à plusieurs reprises depuis plusieurs mois, les rues de Port-au-Prince, la capitale d’Haïti, ont à nouveau résonné des cris de colère d’une partie de la population réclamant la démission du président Jovenel Moïse. Au-delà de la corruption de l’équipe en place, c’est la pauvreté, la sous-alimentation, et le chaos permanent dans ce pays qui est à la racine de ce mouvement. Face aux démagogues de tous horizons que cette situation fait prospérer, la classe ouvrière est la seule force capable d’offrir une perspective à la société en la débarrassant des exploiteurs, de l’emprise des capitalistes et de toute la pourriture qui la gangrène.

lundi 14 octobre 2019

Haïti : colère contre le pouvoir. Une correspondance de La voix des travailleurs


Haïti : colère contre le pouvoir


Depuis plusieurs semaines, des manifestations populaires importantes réclament le départ du président d’Haïti, Jovenel Moïse. En particulier, vendredi 27 septembre, les Haïtiens étaient des milliers à protester dans les rues de la capitale Port-au-Prince pour exprimer une nouvelle fois leur colère. Nos camarades de l’Organisation des travailleurs révolutionnaires (OTR-UCI) décrivent les événements dans leur journal La Voix des travailleurs.
Ce sont les classes exploitées, comme les chauffeurs de taxi moto, les jeunes déshérités des quartiers pauvres, qui ont débuté cette colère le lundi 17 septembre, pour protester contre les manœuvres du gouvernement et des importateurs des produits pétroliers. Devant l’exaspération et l’aggravation des conditions de vie provoquée par cette rareté artificielle, le mouvement s’est étendu à plusieurs villes de province.
Quand, dans la foulée de cette fronde générale, l’opposition a appelé à manifester contre le gouvernement le vendredi 20 septembre, beaucoup parmi les masses exploitées n’ont pas boudé l’appel. Nombreux, ils sont descendus dans les rues pour crier leur colère contre ce régime corrompu dont ils demandent la démission.
Mais, dans les médias, ce ne sont pas les jeunes des bidonvilles qui, pris à partie par la police, sont montrés. Les revendications qu’on entend ne sont pas celles concernant les mauvaises conditions d’existence de la classe ouvrière et des masses exploitées, mais plutôt presque exclusivement celles des politiciens de l’opposition. Ces politiciens bourgeois opportunistes, tout en participant à ces luttes, veulent en prendre la direction pour arriver au pouvoir.
Les travailleurs et tous ceux qui se revendiquent de leur camp doivent savoir que ces politiciens sont là pour profiter de leurs combats pour prendre le pouvoir avant de retourner leurs fusils contre eux, une fois au timon des affaires.
Les luttes de la classe ouvrière et de la grande majorité des exploités leur serviront totalement le jour où elles se donneront les moyens de les penser, de les préparer, puis de les diriger avec l’aide de leur propre parti, le parti des travailleurs révolutionnaires.

                                                             La Voix des Travailleurs

vendredi 15 février 2019

Haïti : l’explosion sociale. Un article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière de cette semaine


Haïti : l’explosion sociale

Depuis le 7 février, des manifestations se succèdent en Haïti. Elles avaient commencé avec la journée de protestation organisée par l’opposition pour réclamer la démission du président, Jovenel Moïse, à l’occasion de ses deux ans au pouvoir.

Même si ceux qui sont à l’origine de la manifestation sont les interlocuteurs habituels du gouvernement, sénateurs ou anciens sénateurs, anciens ou futurs ministres, le mouvement de colère qui s’y est exprimé lui donne une tout autre ampleur. Les jours suivants, les manifestations se sont multipliées, touchant les villes principales, se transformant en véritables émeutes, avec des revendications sociales. Des barricades dans les rues, des blocages routiers paralysent le pays, une grande partie des écoles, des commerces et des administrations ont été fermés.

La police a tiré, tuant au moins six personnes. Des scènes de pillage se sont déroulées, car les manifestations sont aussi des émeutes de la faim. Un petit commerçant dont le stock de boissons a été pillé en témoignait au micro de RFI : « C’est pas leur faute, c’est parce qu’ils ont faim. Ce qu’ils ont pris, ils l’ont bu ou vont le vendre et avoir de quoi un peu soulager leur famille. Je n’ai rien contre eux, c’est parce qu’on n’a pas de bons dirigeants. Si tout le monde avait du travail, ça n’arriverait pas. C’est à cause de ce président de mascarade que toutes ces dérives se produisent en Haïti. »

La première revendication des classes pauvres en Haïti est de manger à sa faim. Parmi les 11 millions d’habitants, 59 % vivent sous le seuil de pauvreté, soit 2,41 dollars par jour. Plus de 2,5 millions, soit 24 % des Haïtiens, sont sous le seuil de l’extrême pauvreté fixé à 1,23 dollar par jour.

Les preuves de la corruption de ceux qui dirigent, ministres ou grands patrons, n’ont fait qu’ajouter à la colère. La Cour supérieure des comptes a rendu le 31 janvier son rapport sur la gestion du fonds Petrocaribe, créé avec les 3,8 milliards de dollars prêtés par le Venezuela en 2008 pour financer des projets sociaux. Le rapport est accablant : gestion incontrôlée et opaque, manquements en tout genre, soupçons de fraude, favoritisme, contrats sans aucun détail et sans échéancier. Des projets ont vu leurs budgets doublés ou triplés. Les justificatifs sont manquants, et les violations des lois sur la passation des marchés publics quasi systématiques.

Une quinzaine d’anciens ministres, de tous les gouvernements de cette période, sont épinglés. De nombreux grands patrons le sont également, en particulier l’actuel président Jovenel Moïse, qui dirigeait à l’époque la société Agritans. Cette compagnie bananière avait été chargée de… construire une route. La Cour des comptes pointe l’absence de contrat signé et parle, sans doute ironiquement, de « confusion » de devises entre les gourdes haïtiennes et les dollars américains.

Pour les classes riches d’Haïti, ce vol organisé à grande échelle, sur le dos de l’immense majorité de la population, est depuis longtemps une manière de vivre, de très bien vivre.

Les institutions internationales se contentent de jouer les bons offices. Les Nations unies, l’Union européenne et les ambassades occidentales appellent au dialogue et à « prendre des mesures pour améliorer les conditions de vie de la population ».

Comme d’habitude, les incendiaires occidentaux se permettent de donner des bons conseils, tout en laissant se perpétuer le pillage en règle d’Haïti.

                                         Bertrand GORDES (Lutte ouvrière n°2637)

samedi 21 juillet 2018

Haïti : le Premier ministre démissionné par la rue


Haïti : le Premier ministre démissionné par la rue

Après quatre jours d’émeutes le Premier ministre haïtien, Jack Guy Lafontant, a annoncé sa démission samedi 14 juillet.
À l’annonce des hausses qu’il voulait imposer, la population des quartiers populaires avait envahi les rues des principales villes. Elle refusait de voir augmenter de 30 % le prix de l’essence, de 47 % celui du diesel et même de 51 % celui du pétrole lampant, utilisé pour les lampes avec lesquelles les familles pauvres sont contraintes de s’éclairer, faute d’électricité. La force du mouvement était telle que le gouvernement avait jugé préférable de reculer et d’annoncer la suspension de ces mesures jusqu’à nouvel ordre. Mais cela n’avait pas suffi à calmer la colère des manifestants, et le blocage de la capitale Port-au-Prince continuait, ainsi que la présence des barricades.
Face à une situation qui risquait de s’aggraver encore, le Premier ministre a donc fini par accepter de jouer le rôle de fusible. Sous la pression de plus en plus insistante des députés, qui l’avaient convoqué et le menaçaient d’un vote sanction, il a annoncé qu’il quittait le pouvoir.
À Haïti, l’un des pays les plus pauvres du monde, le seul moyen pour la population d’éviter d’être étranglée par les possédants et les politiciens à leur service est de riposter violemment dans la rue à leurs attaques.
Le prochain gouvernement, ou le suivant, savent qu’en remettant de telles augmentations sur le tapis ils s’exposeraient à de violentes réactions. Alors, il leur faut chercher à tergiverser, à donner le change. Mais, sur le fond, il s’agira toujours de ponctionner la population pauvre. C’est ce que demandent les industriels, le FMI et les États-Unis, auxquels tous les dirigeants haïtiens, à commencer par l’actuel président Jovenel Moïse, n’ont rien à refuser.
Les travailleurs, les pauvres d’Haïti viennent cependant de prouver qu’ils sont capables de les faire reculer, jusqu’à imposer le départ d’un Premier ministre. Ils ont les ressources nécessaires pour défendre leurs intérêts, à condition de ne pas se laisser abuser par les manœuvres des gouvernants et de ceux qui cherchent à utiliser les mouvements populaires pour faire avancer leur propre carrière.

                               Daniel MESCLA (Lutte ouvrière n°2607)
 
                                                                                        
                                                                                        Photo Newsfeedcom

 

jeudi 12 juillet 2018

Haïti : émeutes de la faim. Un article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière à paraître


Haïti : émeutes de la faim

Vendredi 6 juillet après-midi, suite à la décision du gouvernement d’augmenter les prix des produits pétroliers, les habitants des quartiers ont envahi les rues de Port-au-Prince et de certaines villes de province.
Le gouvernement de Jovenel Moïse préparait cette augmentation des prix du carburant depuis plusieurs mois et avait déjà avancé ses raisons : une prétendue lutte contre la contrebande d’essence avec Saint-Domingue du fait d’un prix plus bas en Haïti et la baisse des subventions sur le prix du carburant que le FMI accorde au gouvernement haïtien. De toute façon, l’Association des industriels haïtiens (ADIH) avait déjà accordé son soutien et pressait le gouvernement de mettre en application ces augmentations.
En les annonçant au moment du match Brésil contre Belgique, Jovenel Moïse pensait noyer ces augmentations dans l’euphorie du football. La tactique n’a pas marché et la colère de la population a explosé ce vendredi 6 juillet. Cette augmentation des prix pour une population qui crie famine était celle de trop.
Ce fut une explosion, d’autant que les gérants de stations-service de la capitale ont cessé toute livraison de produits pétroliers, en attendant, disaient-ils, le recalibrage des machines, mais en réalité pour pouvoir vendre sur la base des nouveaux prix. Les manifestants en colère ont saccagé ces stations.
Des groupes venus des quartiers populaires ont bloqué les rues avec des pneus enflammés et tout objet pouvant servir à faire des barricades, la ville de Port-au-Prince a été bloquée. Partie de la capitale, cette explosion a embrasé les villes de province : dans le nord au Cap, dans le plateau central à Hinche ou dans le sud aux Cayes.
Les syndicats des chauffeurs de transport en commun avaient annoncé un mouvement pour s’opposer à l’augmentation des prix, mais ils ont été soutenus, dépassés par les jeunes des quartiers soutenus par la population en colère.
En effet le gouvernement a augmenté de 30 % l’essence, de 47 % le diesel et de plus de 51 % le prix du pétrole lampant. Appelé « gaz blanc », c’est lui qui est utilisé pour les lampes à pétrole. Il n’y a pas d’électricité et, si les riches peuvent se payer des génératrices, dans les quartiers pauvres il n’y a que ces lampes. Avec cette augmentation, le prix d’un gallon (4,5 litres) de pétrole est équivalent à celui d’une journée de travail dans une entreprise du textile.
Avec l’augmentation des prix des denrées de première nécessité, la population pauvre, les travailleurs sont pris à la gorge et même ceux qui ont un travail ne peuvent joindre les deux bouts. Parmi les slogans des manifestants il y avait : « Jovenel augmente l’essence et pas nos salaires ! », « À bas la bourgeoisie ! »
D’ailleurs, à Port-au-Prince les manifestants ont pris d’abord pour cibles des sites représentant les nantis : des banques, des hôtels de prestige ont été attaqués. Les véhicules ont été incendiés dans les parkings. Les supermarchés ont été pris d’assaut et dévalisés pour récupérer les denrées nécessaires.
La police a peu réagi, faute de moyens, ont dit certains chefs. Mais d’autres policiers de base ont été des soutiens passifs par leur absence de réaction. L’augmentation du coût de la vie touche aussi leur famille.
Alors que le ministre de l’Industrie avait annoncé la hausse des prix le vendredi, devant l’ampleur de la réaction de la population pauvre, le Premier ministre a été contraint d’annoncer samedi matin que la mesure d’augmentation des tarifs était suspendue jusqu’à nouvel ordre. Cela n’a pas arrêté la colère des habitants mobilisés, qui ont continué à ériger des barricades et à maintenir le blocage de la capitale et des communes environnantes comme Pétionville. Les slogans ont appelé à la démission de Jovenel Moïse et à l’augmentation du salaire minimum journalier.
Dimanche matin, Jovenel Moïse est venu pleurnicher sur les ondes, s’étonnant que la population ne veuille plus de lui malgré tout ce qu’il a fait pour elle. Mais les pauvres, les travailleurs, les marchandes de rue ne sont pas dupes : Jovenel Moïse a beaucoup donné aux riches, aux banquiers, aux patrons du tourisme, aux grands propriétaires terriens, aux patrons d’entreprises et aux grandes familles bourgeoises qui dirigent le pays. Rien n’a été donné aux pauvres ou aux travailleurs.
Les partis politiques opposés à Jovenel courent après le mouvement, proposant des réunions, des mots d’ordre. Ils cherchent à reprendre en main le mouvement pour l’utiliser dans leurs intérêts de politiciens. Pour le moment les émeutiers s’en passent ; espérons qu’ils trouveront les ressources pour garder le contrôle de leur mouvement, pour défendre leurs propres intérêts, celui de la population pauvre et des travailleurs.

                                                           Julio Cenillier (Lutte ouvrière n°2606)

                                                                                             Photo 98.5 Fm