Affichage des articles dont le libellé est Cercle léon Trotsky. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Cercle léon Trotsky. Afficher tous les articles

vendredi 16 avril 2021

150 ans après, l’actualité de la Commune de Paris de 1871. Un exposé du Cercle Léon Trotsky (24). L’œuvre de la Commune, Contre la misère : remise des échéances, le mont-de-piété, l’assistance publique

 Comme vous le savez, nous n’avons pas pu tenir le Cercle Léon Trotsky qui devait aborder le 150ème anniversaire de la Commune de Paris. Le texte de cet exposé intitulé « 150 ans après, l’actualité de la Commune de Paris de 1871 » est néanmoins disponible sur notre site lutte-ouvrière.org. Nous vous le proposerons jour après jour en « feuilleton » le présent blog « lo argenteuil »

 

L’œuvre de la Commune

Contre la misère : remise des échéances, le mont-de-piété, l’assistance publique

Contre la misère: remise des échéances, le mont-de-piété, l’assistance publique

Dès le 19 mars, le Comité central de la Garde nationale avait annoncé le prolongement du moratoire sur les loyers et les échéances commerciales que Thiers avait voulu supprimer. Cela voulait dire que les locataires d’une part, les petits artisans et boutiquiers de l’autre, pourraient étaler leurs dettes: la Commune prévoit un délai de trois ans pour les rembourser, sans intérêts. En outre, les locataires obtiennent le droit de résilier leurs baux quand ils veulent, c’est-à-dire de déménager sans devoir payer de frais à leur ancien logeur. Quant aux locataires congédiés par leur bailleur, eux, ils ont trois mois de plus pour se retourner. La Commune n’ignore pas la question des petits propriétaires, pour lesquels ce revenu immobilier est parfois indispensable, mais elle décide qu’elle devra être traitée à part et que les besoins de ceux qui n’ont rien doivent primer.

Début mai, la question des monts-de-piété soulève un débat. Cette institution accorde des prêts, généralement modestes, à des gens qui, en échange, déposent leurs objets personnels en gage. Lorsque le prêt n’est pas remboursé dans le temps imparti, le mont-de-piété se paye en revendant les objets gagés. Pendant le siège de Paris, la misère s’est tellement généralisée qu’on a suspendu la vente des objets gagés. La Commune prolonge d’emblée cette suspension et elle envisage de supprimer purement et simplement les monts-de-piété, qu’elle juge immoraux. Mais ce n’est pas si simple car, comme le souligne Frankel, «quand on aura dégagé les objets du mont-de-piété, au bout de quinze jours la misère sera toujours la même». Il faut d’abord, dit-il, trouver du travail aux ouvriers et aux artisans. En attendant, on adopte une mesure transitoire: tous les objets de petite valeur, jusqu’à 20 francs, seront restitués gratuitement à ceux qui le demandent.

La Commune entreprend la réorganisation des services hospitaliers. Elle envisage un système d’attribution d’aides en cas de chômage et de maladie. Elle prend aussi à sa charge les veuves et les enfants des gardes nationaux tués au combat et décide qu’elle élèvera les orphelins à ses frais. De manière générale, elle déclare que l’aide aux nécessiteux ne doit plus être «une aumône» mais «un devoir pour nous, mandataires du peuple, de soulager sa misère, de soutenir son courage, par nos efforts persévérants».

………………………………………………

 

 (Demain, La Commune : L’œuvre de la Commune, Égalité et éducation pour tous !)

Le texte de cet exposé du Cercle Léon Trotsky « 150 ans après, l’actualité de la Commune de Paris de 1871 » vient de paraître en brochure. 2 euros. Nous pouvons vous la transmettre. DM

jeudi 15 avril 2021

150 ans après, l’actualité de la Commune de Paris de 1871. Un exposé du Cercle Léon Trotsky (23). L’œuvre de la Commune, Des mesures pour les travailleurs et pour reprendre en main la production

Comme vous le savez, nous n’avons pas pu tenir le Cercle Léon Trotsky qui devait aborder le 150ème anniversaire de la Commune de Paris. Le texte de cet exposé intitulé « 150 ans après, l’actualité de la Commune de Paris de 1871 » est néanmoins disponible sur notre site lutte-ouvrière.org. Nous vous le proposerons jour après jour en « feuilleton » le présent blog « lo argenteuil »

L’œuvre de la Commune

La Commune a manqué de temps pour s’orienter et mettre en œuvre jusqu’au bout les transformations sociales qu’elle a entreprises. Des communards eux-mêmes ont en outre décrit un manque d’organisation, voire la «pagaille» qui régnait parfois. On est même allé jusqu’à un risque de scission et de démission dune partie des élus, au moment où la situation militaire devenait critique. Mais la lutte et la cause communes l’ont emporté sur les dissensions, la volonté d’agir a décuplé les énergies.

Ainsi, malgré les impératifs de la défense, malgré la brièveté de son existence, la Commune réussit à prendre quelques mesures qui au moins caractérisent véritablement sa nature et ses buts.

Des mesures pour les travailleurs et pour reprendre en main la production

Les principaux décrets en faveur des travailleurs sont élaborés par la commission du Travail et de l’Échange, dont les six membres, Frankel, Malon, Theisz, Chalain, Longuet et Seraillier, sont tous adhérents de l’AIT.

Le 16 avril, la commission prend d’emblée une mesure radicale, qui porte atteinte à la propriété privée. Beaucoup de patrons ayant fermé leurs ateliers, elle décide de réquisitionner ces ateliers abandonnés au profit des associations ouvrières, pour que celles-ci relancent la production et donnent du travail aux ouvriers. On envisage même la future réunion de ces associations dans une grande fédération ouvrière, une nouvelle organisation du travail et de la production qui, comme le souligne Marx, irait de fait dans le sens du communisme. Certains communards envisagent consciemment, comme l’écrira Frankel, «un passage progressif du mode de production capitaliste à un mode de production coopératif». Pourtant, si le Conseil de la Commune soutient cette mesure à l’unanimité, ce n’est pas par doctrine. Les conceptions socialistes les plus répandues, celles de Proudhon, n’allaient pas dans cette direction. Mais, parce qu’elle émane du prolétariat, qui a terriblement besoin de travailler, la Commune agit résolument et de manière pragmatique. Le décret est accueilli avec enthousiasme, on met un local à la disposition de la fédération des chambres syndicales à qui l’on a confié sa mise en œuvre. Faute de temps cependant, seul le recensement des ateliers abandonnés sera réalisé.

Frankel réclame aussi que la Commune achète les vêtements des gardes nationaux en priorité aux associations ouvrières, plutôt qu’aux entreprises privées qui, de surcroît, facturent plus cher.

Quelques jours plus tard, la Commune prend un arrêté interdisant le travail de nuit des boulangers. Les ouvriers de cette corporation réclament que le travail commence seulement à cinq heures du matin, et pas plus tôt. Ils veulent aussi qu’on supprime les placeurs, qui s’occupent pour les patrons boulangers de recruter les ouvriers ou de les écarter selon leur bon vouloir. Les patrons protestent, mais la Commune choisit son camp sans hésiter et c’est celui des ouvriers. Frankel déclare: «Je trouve que c’est le seul décret véritablement socialiste qui ait été rendu par la Commune; tous les autres décrets peuvent être plus complets que celui-là, mais aucun na aussi complètement le caractère social. Nous sommes ici non pas seulement pour défendre des questions de municipalité, mais pour faire des réformes sociales. Et pour faire ces réformes sociales, devons-nous d’abord consulter les patrons? Non.» C’est un décret emblématique pour tous les travailleurs.

La commission du Travail fait aussi interdire les amendes et retenues sur salaire, système qui permettait de taxer les salariés sous les prétextes les plus divers, absences, retards et autres, voire sous des prétextes inventés de toutes pièces. Un vol légalisé en somme, auquel il est mis fin. Dans le même ordre d’idées, la Commune envisage de supprimer le livret de travail individuel, mais n’aura pas le temps de le faire.

………………………………………………

 


 (Demain, La Commune : L’œuvre de la Commune, Contre la misère : remise des échéances, le mont-de-piété, l’assistance publique)

 

Le texte de cet exposé du Cercle Léon Trotsky « 150 ans après, l’actualité de la Commune de Paris de 1871 » vient de paraître en brochure. 2 euros. Nous pouvons vous la transmettre. DM

mercredi 14 avril 2021

150 ans après, l’actualité de la Commune de Paris de 1871. Un exposé du Cercle Léon Trotsky (22). La Commune : première ébauche d’un État ouvrier, La première attaque des versaillais et le décret sur les otages

Comme vous le savez, nous n’avons pas pu tenir le Cercle Léon Trotsky qui devait aborder le 150ème anniversaire de la Commune de Paris. Le texte de cet exposé intitulé « 150 ans après, l’actualité de la Commune de Paris de 1871 » est néanmoins disponible sur notre site lutte-ouvrière.org. Nous vous le proposerons jour après jour en « feuilleton » le présent blog « lo argenteuil »

 

La Commune : première ébauche d’un État ouvrier

La première attaque des versaillais et le décret sur les otages

Dès le 2 avril, Thiers lance une première offensive contre Paris, avec la complicité du chancelier Bismarck, qui fait libérer 60000 prisonniers pour quil puisse reconstituer une armée de plus de 100000 hommes. Les troupes prussiennes bloquent elles-mêmes tout le nord et l’est de la capitale. Ainsi, face aux insurgés parisiens, les classes dominantes des deux pays, la veille encore en guerre, s’entendent pour protéger leurs intérêts communs. Bismarck accepte aussi de reporter le premier paiement des réparations de guerre jusqu’à la chute de la Commune.

La capitale est alors entourée de remparts et ses accès protégés par des forts. L’attaque prend les Parisiens par surprise. Depuis l’armistice, dit Victorine Brocher, on n’avait plus entendu le son du canon et, depuis l’avènement de la Commune, on vivait «dans une atmosphère de confiance et d’espoir». Les communards repoussent les assaillants, mais les versaillais fusillent des prisonniers, dont deux des premiers élus de la Commune qu’elle avait nommés généraux, Duval et Flourens. Pendant des semaines, bombardements et attaques vont se succéder jusqu’à ce que les versaillais parviennent à pénétrer dans Paris. La guerre reprend donc, mais désormais c’est une guerre sociale.

Ramenée brutalement à la réalité, la Commune prend alors un décret selon lequel elle arrêtera et jugera toute personne soupçonnée de complicité avec Versailles, les coupables seront retenus en otages et toute exécution d’un prisonnier de guerre ou d’un partisan de la Commune sera suivie de l’exécution d’un nombre triple d’otages. Le jour même, on arrête des prêtres, dont Darboy, archevêque de Paris, et des gendarmes. Cependant, ce décret sur les otages ne sera jamais appliqué. Les premiers otages seront tués seulement fin mai, même pas sur ordre de la Commune, mais par des Parisiens rendus furieux par les massacres de la Semaine sanglante. Versailles s’aperçoit vite que peu d’otages sont retenus – il y en aura 74 en tout à la mi-mai – et que la Commune ne met pas ses menaces à exécution. Thiers semble de toute façon prêt à sacrifier cyniquement ces quelques otages pour mieux justifier la saignée qu’il prépare.

La Commune, elle, voulait dès le premier jour abolir la peine de mort. Le 6 avril encore, des communards brûlent symboliquement une guillotine place Voltaire.

La défense de Paris va solliciter toujours plus de forces et d’abnégation. Certains de ceux qui ont d’abord vu la Commune avec sympathie, dans la petite bourgeoisie parisienne, prendront peur et flancheront, mais le prolétariat, lui, combattra jusqu’au bout. Les bataillons de la Garde nationale sont volontaires. Les femmes organisent le ravitaillement, les ambulances et les secours aux blessés, quand elles ne participent pas elles-mêmes aux combats.

………………………………………………

 

Gustave Flourens

 (Demain, La Commune : L’œuvre de la Commune, Des mesures pour les travailleurs et pour reprendre en main la production)

 

Le texte de cet exposé du Cercle Léon Trotsky « 150 ans après, l’actualité de la Commune de Paris de 1871 » vient de paraître en brochure. 2 euros. Nous pouvons vous la transmettre. DM