Grand Paris Express : conditions de travail dangereuses
10 Août 2022
Un accident grave s’est encore produit début août sur un des chantiers du Grand Paris Express, à Champs-sur-Marne, où un ouvrier a fait une chute de cinq mètres après avoir glissé sur un escalier.
Depuis 2020, il y a eu dix-huit accidents graves, dont deux mortels, mettant en cause la sécurité et les conditions de travail.
Le Grand Paris Express est un projet gigantesque de création et d’extension du réseau de métro sur la grande couronne. Il prévoit la création de quatre nouvelles lignes et l’extension de deux autres, 200 kilomètres de voies supplémentaires et 60 nouvelles gares. Évidemment, beaucoup d’entreprises se sont précipitées sur ce marché estimé à 40 milliards d’euros, depuis les plus grandes telles Vinci, Eiffage, Bouygues, Campenon-Bernard, etc., jusqu’à des sous-traitants en cascade. Les 170 chantiers en cours emploient 6 700 travailleurs.
Le quotidien d’information écologiste Reporterre, qui a mené en juillet une enquête sur ces chantiers, dénonce tous les manquements à la sécurité et les conditions de travail des ouvriers, dont beaucoup, comme partout dans le secteur du bâtiment, sont d’autant plus surexploités qu’ils sont sans papiers.
Les chantiers sont les lieux de travail les plus accidentogènes, et ceux du Grand Paris Express n’échappent pas à la règle, au contraire. La multiplication des entreprises, des ouvriers qui se succèdent sur un même travail sans qu’il y ait eu la moindre communication, amplifient les dangers. On pousse les ouvriers à descendre dans les puits alors que leur badge de localisation ne fonctionne pas, ce qui fait qu’en cas d’accident, les pompiers seraient incapables de savoir qui est en bas ; les détecteurs de gaz qui sonnent de façon intempestive amènent tout le monde à les ignorer. Les chefs poussent les travailleurs à accélérer pour finir dans les temps, ce qui augmente leur prime, y compris lorsqu’ils portent de lourdes charges sur un sol glissant. Les dépassements d’horaires sont fréquents, faisant parfois faire aux travailleurs deux journées en une, sans que les salaires suivent bien évidemment, puisque c’est illégal ; quand ils sont fournis, les habits, casques ou chaussures de protection peuvent être inadaptés ou trop bon marché pour être efficaces, etc.
La Société du Grand Paris a mis en avant la Charte de sécurité dans laquelle elle se vante d’aller « au-delà des obligations légales » . C’est facile sur le papier, mais dans la réalité, les morts et les mutilés des chantiers sont là pour rappeler qu’encaisser des millions est la priorité des requins du bâtiment.
Marianne LAMIRAL (Lutte ouvrière n°2818)
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