La Commune, devenue symbole de la lutte des classes entre le prolétariat et la bourgeoisie
La haine de classe de la bourgeoisie
La Commune de Paris a réveillé la haine de classe de la bourgeoisie. Cette haine qui, en période de calme politique et social, se dissimule sous un vernis de culture, de droit, de morale philosophique et religieuse, de goût des arts et de mondanités, cette haine ressurgit dès que les exploités relèvent la tête.
Elle transparaît sous la plume des écrivains bourgeois les plus talentueux. Zola, le 27 mai, décrit sans fard les rues de la capitale : « Jamais je n’oublierai l’affreux serrement de cœur que j’ai éprouvé en face de cet amas de chair humaine sanglant, jeté au hasard sur le chemin de halage. Les têtes et les membres sont mêlés dans d’horribles dislocations. Du tas émergent des faces convulsées, absolument grotesques, ricanant par leur bouche noire et ouverte. Les pieds traînent, il y a des morts qui semblent coupés en deux, tandis que d’autres paraissent avoir quatre jambes et quatre bras. Oh ! Le lugubre charnier. » Mais cela ne l’empêche pas de conclure : « Et quelle leçon pour les peuples vantards et chercheurs de batailles ! » Car, pour Zola comme pour l’ensemble de la bourgeoisie, les communards méritent leur sort. Trois jours plus tôt, l’écrivain avait salué l’entrée des versaillais dans Paris par ces mots : « Que l’œuvre de purification s’accomplisse ! » Et, évoquant le risque de choléra à l’issue des combats, il écrit encore : « Jusque dans leur pourriture, ces misérables nous feront du mal. »
La haine de la bourgeoisie poursuivra les communards durant de longues années. Condamnés par les conseils de guerre, on leur refuse le statut de prisonniers politiques, on les traite comme des criminels de droit commun. On déverse sur la Commune des tombereaux de calomnies. C’est seulement en 1880 que la IIIe République se sent assez solide pour accorder une amnistie aux communards. Une amnistie, autrement dit le pardon des assassins à leurs victimes. Apprenant qu’il va être amnistié, Albert Goullé, journaliste au Cri du Peuple, écrit au ministère de la Justice : « Ne me reconnaissant point criminel, je tiens à ce que vous ne puissiez pas me supposer repentant et m’infliger la flétrissure de votre pardon. Entre Versailles et la Commune, ce n’est pas la Commune, mais Versailles qui a besoin qu’on lui pardonne. »
Jean-Baptiste Clément, rescapé des massacres, écrit un pamphlet en réponse à l’amnistie, La Revanche des Communeux, où il s’écrie : « L’oubli ne se décrète pas… Que les bourreaux le demandent, cela se comprend ; mais que les victimes l’accordent, ce serait une naïveté par trop évangélique. Le souvenir de pareilles hécatombes doit, au contraire, se transmettre de père en fils pour préparer la Revanche. »
La haine de la bourgeoisie était celle d’une classe qui, tout juste parvenue au sommet de la société, se sentait déjà menacée par le prolétariat issu du développement du mode de production capitaliste, et par sa fraction avancée, le mouvement socialiste. Marx avait déjà écrit que le capital était venu au monde « suant le sang et la boue par tous les pores ». Après les massacres de Juin 1848 à Paris, la répression de la Commune montrait une fois de plus, à l’état brut, le vrai visage du capitalisme.
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Jean Baptiste Clément
(Demain, La Commune : La Commune, devenue symbole de la lutte des classes entre le prolétariat et la bourgeoisie. Le drapeau rouge des travailleurs)
Le texte de cet exposé du Cercle Léon Trotsky « 150 ans après, l’actualité de la Commune de Paris de 1871 » vient de paraître en brochure. 2 euros. Nous pouvons vous la transmettre. DM
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