Comme vous le savez, nous n’avons pas pu tenir le Cercle Léon Trotsky qui devait aborder le 150ème anniversaire de la Commune de Paris. Le texte de cet exposé intitulé « 150 ans après, l’actualité de la Commune de Paris de 1871 » est néanmoins disponible sur notre site lutte-ouvrière.org. Nous vous le proposerons jour après jour en « feuilleton » le présent blog « lo argenteuil »
La Commune : première ébauche d’un État ouvrier
Les répercussions de la Commune en province
À l’annonce des événements parisiens, de nombreuses villes, Limoges, Vierzon, Nevers, Saint-Étienne, Narbonne, Aix, Toulouse, Bordeaux, connaissent à leur tour une agitation. Par endroits, des minorités tentent de passer à l’action en proclamant leurs propres Communes, éphémères faute de bénéficier d’un soutien populaire suffisamment large et, surtout, faute de temps, car elles sont réprimées aussitôt. À Lyon, en mars et en avril, deux tentatives ont lieu. À Marseille, des insurgés prennent la préfecture pendant quelques jours : un corps d’armée encercle la ville, la bombarde et y pénètre enfin. Après huit heures de combats acharnés, les troupes du gouvernement conduisent 500 prisonniers au château d’If. Quelques semaines plus tard, les dirigeants marseillais seront condamnés à mort par des conseils de guerre et exécutés.
Au Creusot, après la proclamation de la République, un ouvrier mécanicien, Dumay, avait été nommé maire et, aux élections de février à l’Assemblée nationale, sa liste avait obtenu 77 % des voix. À la nouvelle du 18 mars, une foule nombreuse se réunit et clame dans l’enthousiasme qu’elle veut suivre Paris. La Garde nationale défile en ville, des fraternisations ont lieu avec les soldats et, le 26 mars, Dumay proclame la Commune du Creusot. Mais dès le lendemain un millier de soldats envoyés en renfort désarment la Garde nationale. Schneider organise peu après de nouvelles élections municipales, en présence de l’armée, menaçante. Il soutient une liste que les contremaîtres montrent aux ouvriers en leur disant : « Voilà le pain ! », tandis qu’ils montrent celle des partisans de la Commune en leur disant : « Voilà la misère ! »
Pour le communard Benoît Malon : « Toutes ces tentatives échouèrent pour être restées indépendantes les unes des autres. » La Commune de Paris reste donc isolée.
Elle souffre aussi des mensonges répandus par les versaillais auprès des paysans ignorants et de la petite bourgeoisie provinciale. Courant avril, une femme qui anime un journal communard intitulé La Sociale, sous le pseudonyme d’André Léo, rédige pourtant une adresse aux paysans qui dit : « La terre au paysan, l’outil à l’ouvrier, le travail pour tous. […] On vous dit : les Parisiens, les socialistes sont des partageux. Eh ! Bonnes gens, ne voyez-vous pas qui vous dit cela ? Ne sont-ils pas des partageux ceux qui, ne faisant rien, vivent grassement du travail des autres ? » Avec un instinct juste, elle devine que le prolétariat peut entraîner la paysannerie avec lui. L’immense majorité des paysans sont opprimés par l’État bourgeois, qui prélève de lourds impôts et abandonne les petits propriétaires à leur misère. Si le prolétariat se montre déterminé à le briser et à le remplacer par un État au service des classes laborieuses, il peut entraîner avec lui les masses pauvres des campagnes. C’est ce que démontrera la révolution russe de 1917.
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Jean-Baptiste Dumay
(Demain, La Commune : première ébauche d’un État ouvrier, La première attaque des versaillais et le décret sur les otages)
Le texte de cet exposé du Cercle Léon Trotsky « 150 ans après, l’actualité de la Commune de Paris de 1871 » vient de paraître en brochure. 2 euros. Nous pouvons vous la transmettre. DM
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