lundi 12 avril 2021

150 ans après, l’actualité de la Commune de Paris de 1871. Un exposé du Cercle Léon Trotsky (20). La Commune : première ébauche d’un État ouvrier, Démocratie prolétarienne contre démocratie bourgeoise

Comme vous le savez, nous n’avons pas pu tenir le Cercle Léon Trotsky qui devait aborder le 150ème anniversaire de la Commune de Paris. Le texte de cet exposé intitulé « 150 ans après, l’actualité de la Commune de Paris de 1871 » est néanmoins disponible sur notre site lutte-ouvrière.org. Nous vous le proposerons jour après jour en « feuilleton » le présent blog « lo argenteuil »

 

La Commune : première ébauche d’un État ouvrier

Démocratie prolétarienne contre démocratie bourgeoise

Si Marx salue la Commune comme «la forme enfin trouvée permettant de réaliser l’émancipation économique du travail», ce n’est pas seulement en raison de l’origine sociale de ses élus. N’étant pas liés à la grande bourgeoisie comme le sont les gouvernants et parlementaires de tous les régimes bourgeois, les communards mettent en place un État d’un type vraiment nouveau, dont l’efficacité est démontrée en quelques jours par la remise en route de la quasi-totalité des administrations sabotées par Thiers.

Pour commencer, la Commune décrète la séparation de l’Église et de l’État et supprime le budget des cultes, c’est-à-dire l’entretien des curés par l’État.

Elle instaure la responsabilité personnelle des élus et leur révocabilité à tout moment. Lorsqu’un élu de la Commune participe à l’élaboration d’un décret ou d’une loi, c’est à lui de s’assurer de son exécution et de ses résultats. Il doit trouver les ressources matérielles et humaines nécessaires à son application, et il ne peut les trouver qu’auprès du prolétariat. Celui-ci peut en retour contrôler ses élus et les remplacer sans attendre, s’ils ne se montrent pas à la hauteur de leurs responsabilités.

Ce fonctionnement est étendu à tous les corps de l’appareil d’État et à la plupart de ses représentants. L’armée permanente est supprimée et remplacée par le peuple en armes, qui s’incarne alors dans la Garde nationale. Les différents corps de police, qui avaient fini par être haïs de la population qu’ils persécutaient et que la République bourgeoise avait maintenus, sont dissous et leur autorité transférée aux maires d’arrondissement. On étend le principe électif aux magistrats, c’est-à-dire à la Justice.

La Commune met donc fin à la distinction, si chère à la démocratie bourgeoise, entre pouvoir exécutif et pouvoir législatif, car cette séparation n’a pas d’autre but que de tromper la population. Dans la république bourgeoise, l’exécutif exerce le véritable pouvoir, s’appuyant sur un appareil d’État dont la majorité est composée de hauts fonctionnaires et de magistrats non élus et liés à la grande bourgeoisie de mille façons. Pendant ce temps, les Parlements bourgeois pérorent, discutent sans fin, opposent différents partis qui se disputent des postes lucratifs et valident pour la forme les décisions prises par l’exécutif. Et les parlementaires se servent aussi, pour la plupart, de leur fonction comme tremplin pour faire carrière dans les banques et les entreprises capitalistes.

La Commune met fin à cette démocratie de façade et la remplace par un organisme agissant, doté d’une représentativité bien plus large et immédiate. Elle va même plus loin, en décrétant dès le 2 avril que «dans une République réellement démocratique, il ne peut y avoir ni sinécure ni exagération de traitement»: le maximum, pour tous les employés aux divers services publics, civils et militaires de la Commune, est fixé à 6000 francs par an et tout cumul de traitement est interdit. Auparavant, le directeur des chemins de fer par exemple touchait 100000 francs par an. Les élus eux-mêmes saccordent 5400 francs par an, alors que les ministres du gouvernement se faisaient donner 40000 francs. On est bien loin des revenus exorbitants que sattribuent sans le moindre scrupule les parlementaires et hauts fonctionnaires de l’État bourgeois.

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Le peuple en arme

 (Demain, La Commune : première ébauche d’un État ouvrier, Les répercussions de la Commune en province)

 

Le texte de cet exposé du Cercle Léon Trotsky « 150 ans après, l’actualité de la Commune de Paris de 1871 » vient de paraître en brochure. 2 euros. Nous pouvons vous la transmettre. DM

 

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