Comme
vous le savez, nous n’avons pas pu tenir le Cercle Léon Trotsky qui devait
aborder le 150ème anniversaire de la Commune de Paris. Le texte de
cet exposé intitulé « 150 ans
après, l’actualité de la Commune de Paris de 1871 »
est néanmoins disponible sur notre site lutte-ouvrière.org. Nous vous le
proposerons jour après jour en « feuilleton » le présent blog
« lo argenteuil »
Aux origines de la Commune
Le prolétariat se développe et s’organise
À Paris, de larges couches de la petite bourgeoisie étaient en voie de prolétarisation, en particulier les artisans et boutiquiers menacés par les progrès de l’industrie. Beaucoup dépendaient de plus gros patrons qu’eux et beaucoup employaient un ou quelques ouvriers seulement, dont ils étaient plus proches que de la bourgeoisie aisée. Le prolétariat se développait. Les ouvriers et employés travaillaient pour la plupart dans de petits ateliers. Même le travail à domicile était encore fréquent. Avec les progrès du machinisme, femmes et enfants étaient exploités aussi par les capitalistes : en 1868, près de 100 000 enfants âgés de 5 à 12 ans travaillaient dans les fabriques parisiennes.
400 000 travailleurs, des paysans venus des campagnes, furent embauchés à l’occasion des travaux gigantesques du préfet Haussmann dans les années 1860. Il transforma la capitale et, parlant à Napoléon III de « défendre Paris contre l’invasion des ouvriers de la province », chassa par la même occasion les travailleurs des quartiers riches.
Parmi les prolétaires, il fallait aussi compter les concierges et le personnel des maisons bourgeoises, les bonnes, les nourrices. Le prolétariat et la petite bourgeoisie partageaient donc la même vie dans les quartiers populaires : Montmartre, Belleville, Charonne, la Bastille, la Villette et d’autres.
Dans des villes ouvrières plus petites, le prolétariat représentait parfois une fraction plus importante de la population. Le Creusot, fief de Schneider, avec 23 000 habitants en 1866, en est le parfait exemple : ses mines et ses usines comptaient près de 10 000 ouvriers et mineurs, travaillant douze heures par jour, dont l’espérance de vie ne dépassait pas 24 ans.
Le second Empire encadra fermement les travailleurs. En 1854 fut institué un livret de travail, sur lequel étaient inscrits les emplois occupés et qui renseignait les patrons et la police sur chaque ouvrier. Les associations et les grèves étaient interdites. Pendant une dizaine d’années, le mouvement ouvrier se développa par le biais de sociétés clandestines et de journaux circulant sous le manteau. Les militants étaient recherchés par la police, souvent arrêtés, condamnés et emprisonnés.
Puis le pouvoir, cherchant à accroître sa popularité, finit par assouplir les règles de façon paternaliste, maniant alternativement la carotte et le bâton. En 1862, les sociétés de secours mutuel furent autorisées. La même année, l’empereur permit à une délégation d’ouvriers de se rendre à l’exposition universelle de Londres. Ils y rencontrèrent des militants du mouvement syndical et socialiste anglais et rentrèrent avec un programme revendicatif : ils réclamaient entre autres une meilleure représentation des ouvriers aux élections et le droit de coalition. En 1864, ce dernier fut accordé, la grève devenait possible, à condition que les ouvriers ne portent pas atteinte à la déjà sacro-sainte « liberté du travail ». Les coopératives puis les chambres syndicales furent autorisées en 1866 et 1868, mais pas les syndicats au sein des entreprises. En 1868, on assouplit aussi le régime de la presse et des réunions, mais les journaux restaient soumis à la censure et leurs rédacteurs fréquemment poursuivis.
Cependant, les dernières années de l’Empire virent un progrès rapide de la combativité et de l’organisation ouvrières. Les grèves des ouvriers bronziers, des fondeurs de fer, des teinturiers, des relieurs et d’autres faisaient du bruit. Il y eut même des heurts sanglants avec les forces de l’ordre : treize morts à La Ricamarie en juin 1869 ; quatorze à Aubin en octobre de la même année. En avril 1870, la grève éclata au Creusot. Les ouvriers revendiquaient la gestion de leur caisse de secours, tenue par le patron. Schneider débarqua de Paris avec 3 000 soldats pour faire reprendre le travail ; les tribunaux prononcèrent des peines de prison, une centaine d’ouvriers furent licenciés.
Le Creusot, le fief industriel de Schneider
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(Demain, Aux origines de la Commune, Socialistes, blanquistes, proudhoniens)
Le texte de cet exposé du Cercle Léon Trotsky « 150 ans après, l’actualité de la Commune de Paris de 1871 » vient de paraître en brochure. 2 euros. Nous pouvons vous la transmettre. DM
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